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Xavier Dolan à Lille – Matthias et Maxime, poésie du changement

C’est une journée habituelle qui aspire à sortir de l’ordinaire. Quittant les couloirs assoupis de l’IEP, l’esprit se met à rêvasser d’une expérience muette, la confession d’un artiste. Contemplation partagée, quel plaisir de vivre le cinéma ensemble ! Xavier Dolan était à Lille…

Ce lundi 7 octobre 2019, Xavier Dolan était l’invité exceptionnel des salles obscures de l’UGC lillois afin de présenter son dernier long métrage intitulé Matthias et Maxime. Cette avant-première a marqué le début du périple français pour notre cinéaste québécois.

Complicité impressionniste

L’invitation nostalgique à laquelle nous sommes conviés est un instant d’égarement, digne des soirées qui rythme nos euphories. Les relations humaines que nous scrutons d’un œil optimiste sont dépeintes avec une sincérité déroutante.

Toutes les nuances du tableau humain fusent pendant ce voyage. Bien-sûr, c’est tout d’abord un ode à l’amitié passionnelle. Ce fondement s’attarde sur l’ambiguïté entre amitié et amour. Il est vrai que l’on peut se perdre dans ce dédale où règne le refoulement, la clef réside dans notre lutte contre ces vieux démons qui nous constituent. Nous redécouvrons l’errance familiale entre Xavier Dolan et son actrice fétiche Anne Dorval. Comme si la rupture infernale entre l’inconnu à venir et le lourd passé ne pouvait être soigné que par la plongée dans l’amour fondamental, celui qui a brodé nos premiers moments.

Le spectateur se confronte à une dualité capricieuse, impossible à résoudre. Nos réponses sont noyées avant même d’effleurer l’esprit de nos protagonistes. L’ange bienveillant que nous espérons être est relégué aux profondeurs d’un fauteuil trop ample. Notre muette solitude voudrait déchirer la toile pour crier notre vérité. L’ambiance des soirées euphoriques auxquelles Dolan nous a habitué est un vacarme qui empêche toute délivrance. Les notes couvrent la voix, converser n’est alors possible que par le langage du cœur.

Vagabondage sentimental

L’alchimie entre Xavier Dolan (Maxime) et Gabriel D’Almeida Freitas nous plonge dans nos souvenirs intimes. Ceux d’un être cher qui se serait évadé de notre vie, se métamorphosant jour après jour en papillon insaisissable. D’une beauté foudroyante, l’être aimé nous émerveille mais sa lueur s’effondre dans le monde à l’envers, notre palais mémoriel. Alors on refuse, d’accepter cet au-revoir.

L’euphorie que nous convoquons pour fuir la monotonie ne doit être refusée. Le personnage croît se délivrer mais il ne fait que s’enchaîner aux réalités inutiles, à un système froid qui ignore son dessein. Chaque action insensée est une perte du soi par le déni d’autrui. Le jeu est alors de se reconquérir soi-même.

Voilà donc la pensée de Dolan au travers de son œuvre ! Transpercer le confort du spectateur pour enflammer son aventure sensuelle du vivre.

Tâchons de terminer sur un avis personnel de Xavier Dolan à propos de son film, comme s’il n’était qu’un idylle du « changement perpétuel ».

                                                                                                                                                                                                                            Alexandre Ledoyen