Le cinquième rapport publié par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), met en exergue des chiffres et des faits à tomber par terre. Ce qui abasourdit le plus, c’est l’échéance : des dates comme 2050 ou 2100 sont utilisées de manière récurrente pour alerter les gens. Nous en arrivons à un point où il n’est même plus question de développement durable, pour les générations qui suivront la nôtre : Non, il est maintenant question de notre propre survie.
Par “notre survie”, j’entends bien celle des hommes tout comme celle des bêtes, petites et grandes, avec qui nous partageons la planète. Les calottes glaciaires reculent un peu plus chaque jour, à un rythme qui ne présage rien de bon pour la fin du siècle. Les ours polaires sont contraints de vivre sur des blocs de glace de quelques mètres carré à peine, et finissent par se laisser mourir de faim car ils n’ont pas d’autres choix. Les océans s’acidifient, ce qui cause la mort de nombreuses espèces vivant sous l’eau. Ces événements ont un impact malheureusement trop fort sur la chaîne alimentaire, qui est ébranlée de manière irréversible. Les animaux qui se nourrissaient des poissons, morts à cause des océans acides, se retrouvent contraints de subsister en se nourrissant d’une autre manière et ils vont alors s’attaquer à d’autres espèces, causant un capharnaüm indescriptible dans la nature. Certaines espèces comme les méduses se retrouvent repoussées vers les côtes, là où elles ne devraient normalement pas se trouver. Elles se font donc chasser et tuer. De plus, le niveau des mers a augmenté de 20 centimètres en un siècle et il risque d’augmenter d’un mètre encore si nous ne faisons rien d’ici 2100.
Des conséquences de plus en plus néfastes pour les hommes
Le GIEC [NDLR : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat] prévoit une augmentation de la température allant jusqu’à deux degrés en 2075. Cela pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la biosphère : d’ici 20 ans, à cause de cette augmentation constante et exponentielle de la température, nous risquons d’être exposés à de nombreuses vagues de chaleur insoutenables car beaucoup trop extrêmes pour notre résistance corporelle. Si les prévisions se réalisent, c’est près de 25% de la population mondiale qui court le risque d’être touchée par des vagues de chaleur mortelles. Cette situation engendrera également encore plus d’inégalités : les pays les plus développés pourront créer des infrastructures pour se protéger, avoir accès à l’eau courante et de quoi se nourrir. Tandis que les régions les plus pauvres risquent de survivre très difficilement, au prix d’efforts et de souffrances sans précédent. Malheureusement, le GIEC campe sur ses positions en ce qui concerne le point suivant : même si chaque État respecte ses engagements envers Mère Nature, l’atmosphère va se réchauffer de trois degrés d’ici la fin du siècle.
Tout cela a beau sonner comme une sentence irrévocable, mais était-ce vraiment une surprise ? Répondez à cette question dans votre tête : en voyant que le GIEC avait publié son dernier rapport, vous êtes-vous dit “celui-ci va forcément être bon” ? Si tout le monde donne l’impression de tomber des nues en prenant connaissance des faits exposés dans le rapport du GIEC, personne n’est réellement surpris. En son for intérieur, chacun sait très bien que la planète va mal. Il avait déjà été mis en évidence que les hommes étaient au cœur du réchauffement climatique, qu’ils étaient impliqués au moins à 50% dans l’augmentation des températures. Ce ne sont pas les ragondins ou les tamarins qui vont braconner, déforester, rouler en Porsche à double pot d’échappement, surexploiter les ressources fossiles ou gaspiller l’eau. L’activité humaine est au cœur du problème et les hommes ne s’en rendent pas compte ou, s’ils s’en rendent compte, ils persistent dans cette sombre décadence qui risque d’avoir des conséquences bien plus graves que ce qu’ils peuvent s’imaginer. Ce cinquième rapport du GIEC n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe, comme indiqué, il s’agit du cinquième rapport, et c’est important à noter. Les quatre rapports qui ont précédé celui-ci ne faisaient que le prédire. C’est pour cette simple et bonne raison que les chercheurs, scientifiques et autres analystes membres du GIEC, n’étaient pas surpris par les prédictions qui, en fait, n’étaient que des confirmations de constats bien antérieurs. On observe une augmentation de la température et de la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère depuis les années 1960 : ce n’est donc pas un réel choc que d’apprendre que la température augmente encore aujourd’hui… Certaines variations orbitales de la Terre peuvent également permettre d’expliquer ces augmentations de température et cette densification des gaz à effet de serre dans l’atmosphère; c’est un phénomène biologique naturel et la température ainsi que la concentration de CO2 dans l’air ont toujours été des variables évoluant en dents de scie. Si la planète est donc en danger ce qui n’est pas une nouveauté, d’après les spécialistes, ce qui est nouveau, en revanche, c’est la place qu’elle commence lentement à prendre au cœur du paysage politique.
L’environnement au sein des débats politiques
L’environnement devient une vraie question politique (notamment depuis que Donald Trump a pris la décision de quitter les accords de Paris). Les chefs d’État peuvent, dès à présent, s’occuper des problèmes environnementaux pour agir et prendre des initiatives, faire des lois. Nous vivons tous sur la planète Terre et sa santé est l’affaire de tous : nous n’avons pas de prétexte pour ne pas tenter de faire quelque chose. La question environnementale est le seul problème par rapport auquel nous, citoyens, pouvons être autant voire plus forts que les politiques. C’est notre véhémence, notre cohésion, nos agissements citoyens qui feront changer les choses. Tout le monde, à son échelle, peut agir, sans exception. Nous utilisons pratiquement tous des ordinateurs et utilisons Google, ce géant si rapide et pratique lors des réflexions un peu trop tardives sur des exposés de science politique. Utilisons Écosia à la place ! Ce moteur de recherche permet, toutes les 45 recherches effectuées, de planter un arbre et ainsi de remettre en cause la déforestation. Prenons les transports en commun ou le vélo. Le temps, malheureusement encore trop chaud pour un mois d’octobre, a un avantage qui n’est pas des moindres : on peut enfourcher son vélo sans problème, sans même craindre d’avoir le bout des doigts gelés. Réduisons notre empreinte écologique en utilisant moins la voiture, qui ne fait que contribuer à la densification des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et qui catalyse alors le réchauffement climatique. Favorisons les bouteilles réutilisables aux gobelets en plastique, les pailles en métal aux pailles plastifiées qui finiront par être jetées le plus souvent dans la mer et par se retrouver dans la narine d’un bébé tortue, l’empêchant de respirer, pour finalement être mangé par un poisson qui, in fine, se retrouvera dans notre assiette. Attendons la prochaine poubelle au lieu de jeter un emballage par terre, quitte à courir 200m de plus. Ça nous fera les quadriceps. Prenons des douches au lieu de bains. Faisons le tri sélectif. Brossons-nous les dents avec des brosses en bambou réutilisables et ne laissons pas couler l’eau pendant nos gargarismes. Préférons le covoiturage. Mangeons des fruits de saison ou issus de circuits courts via des AMAP par exemple. Ne chassons pas, ne pêchons pas. La planète n’est pas immortelle et les humains non plus. Ne soyons pas passifs devant cette lente agonie que nous avons largement les moyens de guérir, si nous agissons efficacement et rapidement. Ne perdurons pas dans cette oisiveté, feignant de ne rien voir à ce qu’il se passe autour de nous. Croyons en l’avenir, croyons en nous et en la planète.
Mona Sabot