Nous terminons notre immersion dans le festival international Series Mania avec la projection de Twin. Une série norvégienne engagée dans la compétition officielle qui nous a été présentée en exclusivité mondiale pour l’occasion.
Série en course dans le cadre de la compétition officielle oblige, la projection de ce jeudi 28 mars 19h30 se fait en présence du jury du festival présidé par Marti Noxon et de l’équipe de la série. A l’issue du visionnage des deux premiers épisodes, le public est invité à un temps d’échange avec l’équipe. Étaient ainsi présent.e.s Kristoffer Metcalfe (créateur, scénariste, réalisateur), Erika Calmeyer (réalisatrice), Kristoffer Hivju (acteur principal), Rebekka Nystabakk (actrice principale), Sigurd Mikal Karoliussen (producteur), Magnus Flato (chef opérateur).
Une intrigue sur fond de drame familial dans un cadre exceptionnel
Outre l’occasion de découvrir un échantillon de la production télévisuelle norvégienne, peutmédiatisée en France, Twin est l’occasion de céder à une histoire rythmée sur fond de drame familial.
Le festival présente ainsi la série : « Erik et Adam sont jumeaux. D’apparence identique, leur personnalité est pourtant aux antipodes l’une de l’autre. Erik est un surfeur fauché, croulant sous les dettes et fuyant ses propres responsabilités. Adam, lui, est marié et père de deux enfants, il gère un établissement hôtelier prospère dans la région des fjords. Bien que cela fasse quinze ans que les deux frères s’évitent, quand Erik se présente au dépourvu au domicile d’Adam, tout est en place pour qu’un drame éclate. »
Cette rencontre entraînera la mort d’Adam. L’intrigue se concentre alors rapidement sur l’enjeu que représente pour les protagonistes de cacher cette mort, et notamment sur le remplacement d’Adam par son frère Erik.
Pour les spectateur.rice.s français.e.s que nous sommes, cette série est une occasion rêvée de profiter de la beauté des paysages sauvages de la région de Tromsø au nord de la Norvège, de ses fjords et de la force des éléments qui s’y déchaînent. C’est une région qui a aussi posée quelques petites contraintes au réalisateurs, notamment du fait de l’absence de nuits noires en été. Mais surtout, insistent-ils, l’une de leur principale difficulté était de ne pas trop mettre en avant le paysage, de crainte qu’il ne vole la vedette au jeu des acteurs.
Une série qui peine à trouver son rythme, au risque de lasser
Derrière une volonté affichée d’imprimer un rythme soutenu à la série, de ne jamais laisser de temps mort ni de répit au/à la spectateur.rice, plusieurs faiblesses peuvent rendre difficile l’immersion dans l’univers proposé par Kristoffer Metcalfe et Erika Calmeyer, et ce sur deux points.
Tout d’abord l’intrigue en elle-même peine à trouver sa place et à totalement captiver en ce qu’elle apparaît relativement évidente dès le début de la série. Les réalisateur.rice.s ont beau chercher à construire une véritable atmosphère de thriller, les deux premiers épisodes ne laissent de place au suspens qu’à la marge : l’intrigue principale centrée sur la substituabilité de deux jumeaux est perceptible d’entrée et apparaît comme un traitement un peu simple de la jumélité des personnages.
Peut-être cette difficulté est-elle liée à l’historique du projet en lui-même, né il y a dix ans d’un échange entre Kristoffer Meltcafe et Kristoffer Hivju et un temps « pensé comme un western nordique », avec une volonté de jouer entre différents genres ce qui implique le risque d’en faire trop, pour reprendre leur explication à l’issue de la projection. Les acteurs insistent à ce moment sur le potentiel plus important des épisodes suivant, notamment concernant la relation entre Erik et les enfants d’Adam.
Un cadrage parfois désagréable
Il est également à regretter les hésitations de cadrage entre ces deux premiers épisodes. La série peine à trouver une identité sur ce plan, une stabilité, au propre comme au figuré. Ainsi le premier épisode livre un rendu visuel plus brouillon que le second, avec notamment une sur-utilisation de la caméra à l’épaule qui génère un mouvement intempestif de l’image. Cette technique entre même en concurrence avec l’intrigue de ce premier épisode sur le plan de la captation de l’attention du spectateur, lequel doit fournir plus d’effort pour percevoir correctement les scènes et ne peut se plonger pleinement dans le scénario, sans parler de la fatigue visuelle qui en résulte après dix minutes d’affilée de ce type de plans.
Fort heureusement il est mis fin à cet abus dès le second épisode, laissant place à des plans en travelling, beaucoup plus propres et confortables pour le spectateur. Questionnés sur cette particularité du premier épisode, les réalisateurs expliquent que « l’objectif était de coller au mieux aux personnages dans un moment de déstabilisation, de plonger le spectateur dans ce que vivent les personnages ». Et d’affirmer que, oui, « c’était une volonté artistique ».
Choix qui reste selon moi douteux.
Il est donc à espérer que les épisodes suivants -que je vous invite tout de même à visionner- permettront l’expression d’une intrigue et plus largement d’une identité plus captivante et immersive pour le spectateur.
Louis-Henri Weingarten