Le 4 avril dernier, le centriste et europhile Keir Starmer a été élu haut la main à la tête du Parti travailliste britannique, avec 56,2 % des voix, succédant ainsi au très à gauche Jeremy Corbyn. Mais qui est cet ancien avocat, partisan de l’aile modérée du Labour depuis 2016, et aujourd’hui leader du parti travailliste ?
Une carrière d’abord juridique
Si Starmer a aujourd’hui jeté l’encre dans la politique britannique, cela n’a pas toujours été le cas. Le leader du Labour a en effet entamé sa carrière en tant que juriste. Diplômé de Leeds et d’Oxford en 1986, Keir Starmer est d’abord avocat spécialisé dans les droits de l’Homme. Il est découvert par le grand public en 1997 à travers l’affaire McLibel, quand sa défense de deux militants écologistes anglais permet leur victoire face à McDonald’s.
En 2002, il est anobli sous le titre de Sir et devient Conseiller de la reine. Il rejoint ensuite le parquet et devient un procureur, jusqu’à être nommé au prestigieux poste de directeur du Crown Prosecution Service (c’est-à-dire chargé des poursuites judiciaires au nom de la Couronne) en 2008.
Des débuts en politique avec le Labour
Keir Starmer fait son entré en politique en 2015, en tant que député à la Chambre des communes (pour la circonscription de Holborn and St Pancras). En 2016, il est nommé secrétaire d’Etat chargé du Brexit au sein du cabinet du Labour, par Jeremy Corbyn, alors chef du Parti travailliste.
Pendant plus de 3 ans, Keir Starmer est donc en charge du dossier du Brexit pour le Labour, et a été l’un des plus féroces adversaires du Parti conservateur lors des débats à Westminster. C’est aussi lui qui a fait pression pour que le Parti travailliste réclame (en vain) l’organisation d’un second référendum sur la sortie de l’UE.
Un leader centriste et europhile
A travers son rôle au sein du Labour de 2016 à 1019, Starmer avait poussé le parti à infléchir sa position en faveur d’une ligne plus européiste. Le Brexit étant désormais acté, le nouvel homme fort du Labour veut maintenant militer pour un accord commercial rapproché avec l’UE et le maintien de protections sociales, économiques et environnementales, selon la BBC.
De plus, Keir Starmer représente incontestablement un recentrage pour les travaillistes, après plusieurs années dominées par le très à gauche Jeremy Corbyn. Cependant, il est soucieux de ne pas passer pour un partisan de Tony Blair : il a par exemple maintenu son soutien au projet de renationalisation du chemin de fer, de l’eau et des compagnies d’énergie, initié par Corbyn.
Son premier défi : réunifier le parti travailliste
La tâche de Starmer est de taille : perçu comme habile mais peu charismatique par ses soutiens, Keir Starmer s’est engagé à remettre sur pied le parti. Il veut le conduire à nouveau au pouvoir après la défaite de Corbyn face à Johnson en 2019 : depuis, les travaillistes ont perdu 60 sièges, et se retrouvent avec leur plus petit nombre de députés à la Chambre des communes depuis 1935. “Je comprends l’ampleur de la tâche”, a assuré Starmer. “Notre mission est de rétablir la confiance dans notre parti”. Le nouveau leader a aussi promis de dépasser les nombreuses divisions et l’antisémitisme qui rongent le parti, que Corbyn n’a pas su effacer.
Mais la pandémie du coronavirus, qui profite à la popularité du gouvernement, représente un défi bien plus important pour le Labour. Comme tous les chefs de partis de l’opposition, Keir Starmer a été convié par Boris Johnson à participer la semaine prochaine à un briefing sur l’épidémie du coronavirus. Starmer s’est engagé à collaborer “de manière constructive” avec l’exécutif “dans l’intérêt national”, tout en ajoutant qu’il ne manquerait pas de pointer les faiblesses de l’exécutif le cas échéant.
Enora Paniez