Les rencontres du tableau principal ont débuté, ce lundi, au tournoi de tennis indoor de Lille. La Manufacture a décidé de suivre le duel entre Sascha Gueymard Wayemburg et Kyrian Jacquet, deux espoirs français de 19 et 21 ans. Retour sur un match dingue.
Un scénario incroyable. La détresse sur le visage de Sascha Gueymard Wayemburg d’un côté, le sourire de Kyrian Jacquet de l’autre. « C’est tellement de bonheur et de plaisir de s’en sortir et tellement de fierté de ne pas avoir lâché ». Le Lyonnais peut savourer la victoire est, pour lui, aujourd’hui. Mais elle a mis du temps à se dessiner. Il faut dire que les deux hommes se sont livrés à un bataille, corps et âme, tenant en haleine les spectateurs pendant deux heures dix. Deux heures dix de rebondissements, de fébrilité et de rebonds. Il fallait avoir les nerfs bien accrochés, être le plus patient, et le plus concentré pour l’emporter. L’aîné a su l’être et a construit son succès à l’expérience, étape par étape, sans jamais paniquer. Et, pourtant, il y avait de quoi.
“Je sais qu’au fond j’ai une chance”
A la fin du deuxième set, Sascha Gueymard Wayemburg mène 7-5, 6-5, 15-0 sur sa mise en jeu. Kyrian Jacquet est à trois points de l’élimination. Les deux hommes se ressemblent : jeune âge, tatouages, une année 2022 de galère derrière eux, un classement ATP entre le 400 et le 500ème rang, une invitation des organisateurs pour jouer le tournoi lillois… Oui, mais, jusqu’à présent, Sascha Gueymard Wayemburg domine les débats. Il dégage plus de puissance avec un service atteignant les 215km/h par moment et règne naturellement sur les échanges en fond de court. Solide à la volée, plus entreprenant grâce à la longueur qu’il trouve en revers, passant ses premières balles dans les moments clé : le jeune Aixois ne montre aucune faille.
Sascha Gueymard Wayemburg (avec la casquette blanche) a longtemps dominé à l’image de ce passing qui lui permet de mener 7-5, 3-2. Plus fébrile par la suite, il a fini par s’incliner.
Souvent dépassé, Kyrian Jacquet se contente de repousser les balles avec abnégation. « Je sais, qu’au fond, j’ai une chance parce qu’il sert très bien mais il peut stresser dans les moments importants comme tout le monde ». Et son heure arrive : 7-5, 6-5, 15-0. A partir de là, Kyrian Jacquet devient plus incisif et tient tête à son adversaire dans les joutes de fond de court. Sascha Gueymard Wayemburg réalise encore des coups gagnants. Mais il est davantage poussé à la faute. Kyrian Jacquet analyse ces instants où la rencontre a basculé :
« J’arrive à renverser parce que j’essaie de me relâcher un peu plus, je l’agresse un peu plus sur ses deuxièmes balles. Il s’est un peu tendu et il a fait plus de fautes donc j’ai profité de ça et dans le tie break j’ai vraiment pu jouer comme je voulais. ».
Il débreake ainsi, au meilleur des moments, pour arracher le jeu décisif qu’il s’adjuge haut la main (7-1).
Un combat intense jusqu’au bout
« Ensuite, j’ai joué avec plus de relâchement dans le 3e set et je le breake presque d’entrée. ». A 5-7, 7-6, 3-1, tout le monde pense maintenant que Kyrian Jacquet se dirige vers une fin de match tranquille.
Que nenni ! Sascha Gueymard Wayemburg n’a pas rendu les armes et donne tout. Il parvient même à réaliser un jeu blanc sur le service de Jacquet pour recoller à 4-4 dans la troisième manche. Mais c’est mentalement que le gamin perd la partie et il commet deux doubles fautes le jeu suivant, concédant sa mise en jeu. Kyrian Jacquet peut alors servir pour le gain du matchet, malgré deux nouvelles balles de débreak en faveur de son adversaire, il parvient enfin à conclure. « Content, stressé, je ne réalise pas trop : je m’en sors bien » confie-t-il, aux anges.
Le soulagement après une période de doutes et de blessures
Si la victoire le transporte de joie, Kyrian Jacquet n’oublie pas les difficultés de ces derniers mois. Il ne veut pas se mettre de pression pour son aventure lilloise qui débute depuis peu.
« J’essaie de ne pas me mettre d’objectif de résultat ou quoi que ce soit. J’ai eu une année très compliquée fin 2021 et toute l’année 2022 où j’ai pris très peu de plaisir sur le court. Là, l’objectif, c’est d’en prendre un maximum, de kiffer ce que je fais. Je n’étais pas dans une bonne dynamique, je n’étais pas heureux sur le court ».
Après une fracture de fatigue au tibia qui l’a éloigné des terrains pendant trois mois et demi, Kyrian Jacquet prend tout le positif qu’il reste pour tirer de cette victoire : « Je me remets doucement donc ça fait du bien de gagner des matchs comme ça, au mental, de se battre jusqu’au bout ».
Il aspire seulement à reprendre le fil de sa carrière, étape par étape, sans s’affoler, comme on construirait une victoire au premier tour du Play In Challenger.
Mathis Hardouin