Nous sommes allés à la rencontre de la liste syndicat, pour connaître ses positions en vue des prochaines élections au CA pour un rôle de représentant, que SUD considère comme n’ayant que trop peu de pouvoir CA. Si la liste appelle à voter en sa faveur pour pouvoir représenter les étudiants au CA, c’est surtout la capacité de pouvoir peser dans les différentes commissions, où les étudiants seraient d’avantage représentés, que les candidats mettent en avant.
En quelques mots, présentez-nous la liste SUD Solidaires étudiant.e.s.
La liste SUD solidaires n’est pas juste une liste pour le CA, mais surtout un syndicat pour défendre les droits des étudiant.e.s. C’est une liste paritaire qui place le renouvellement au cœur de son projet, puisque les candidat.e.s n’ont jamais été élu.e.s. Nous essayons également de permettre la représentation la plus large possible, c’est pourquoi nous essayons de proposer des candidat.e.s de toutes promotions et de toutes filières.
Qu’est ce qui vous démarque des autres listes et qu’est ce que vous avez qu’elles n’ont pas ?
Nous sommes une liste politisée, c’est-à-dire que nous affichons clairement notre ligne politique mais nous ne sommes liés à aucun parti politique. Nous nous distinguons également par le fait que nous sommes un syndicat, présent à Sciences Po Lille depuis 7 ans. Nous avons donc pu développer un certain « professionnalisme », en appris à connaitre les rouages de décisions au sein de l’établissement. Enfin nous rejetons la vision corporatiste qui consiste à défendre l’image de l’école. A l’inverse, nous nous voulons plus ouverts. Aux autres étudiants, des différentes universités notamment.
Diriez-vous que les conditions d’études des étudiants à Sciences Po Lille est si mauvaise que cela, et si oui faut-il opérer des changements profonds ?
Certes au premier abord la condition des études à Sciences Po Lille paraît plutôt bonne, avec les nouveaux locaux notamment. Pourtant nous voyons beaucoup de petites choses qui ne vont pas et en tant que syndicat nous souhaitons également changer la condition des étudiants de manière peut-être plus radicale. Ainsi la condition des étudiants à Lille nous semble, par exemple, sur certains points plus mauvaises que ceux d’autres IEP. Les frais de scolarité sont, par exemple, deux fois supérieurs par rapport à d’autres IEP, comme celui de Rennes. Les étudiants peuvent également se sentir piégés puisqu’il n’existe pas d’équivalences universitaires, il est donc très difficile de quitter le cursus de Sciences Po en cours de route.
Quelles seront vos armes pour convaincre les membres du conseil d’administration lorsqu’une décision qui ne fait pas l’unanimité devra-t-être prise ?
Bien-sûr, nous privilégions toujours la négociation dans un premier temps. Cependant, l’expérience nous montre qu’il est souvent plus utile d’utiliser le rapport de force, puisque à Sciences Po les décisions sont surtout prises de manière arbitraires. Nous assumons ainsi l’opposition, lorsque nous ne sommes pas d’accord, et nous savons communiquer avec l’administration en « allant toquer aux portes ». Cette volonté se caractérise aussi par le fait de ne pas hésiter à « ouvrir sa gueule », en votant « contre » lors des CA ou en bloquant même les assemblées lorsque nous estimons que nous ne sommes pas écoutés, comme ce fût, par exemple, le cas lorsque nos demandes concernant la suspension de Gerald Darmanin du CA, n’ont même pas été prises en compte. De plus, en tant que syndicat, nous avons noué des liens avec environs 15 professeurs syndiqués, avec qui nous pouvons adopter des stratégies communes pour peser plus lourd lors des prises de décisions.
L’appartenance politique doit-elle jouer un rôle dans la représentation des étudiants ?
Nous pensons que chaque décision, qu’elle puisse paraître insignifiante ou non, est motivée par une ligne politique. C’est pourquoi, nous prenons le parti d’afficher clairement cette ligne politique que nous défendons. Par exemple, nous sommes opposés à la nouvelle cafétéria installée cette année car nous pensons, que dans une optique plus large d’opposition au néo-libéralisme, la privatisation d’un tel service est néfaste notamment en provoquant une concurrence avec les étudiants qui souhaitent organiser des ventes de nourriture. Ainsi, nous affichons clairement les motivations de nos positions alors que d’autres listes taisent les motivations politiques qui provoquent leurs décisions alors que ces motivations existent bien réellement. De plus nous pensons que notre revendication politique renforce la ferveur de nos élus pour défendre de manière plus incisive les étudiants au CA.
Estimez-vous que les étudiants de Sciences Po Lille se sentent suffisamment concernés par ce qu’il se passe dans leur école et ce qui est dit au conseil d’administration ?
Cela dépend des cas. Ce que nous observons, c’est que ceux qui rencontrent des problèmes sont les plus mobilisés, à l’exception de ceux qui rencontrent des difficultés psychologiques, qui au contraire ont plutôt tendance à ne pas les exprimer. De plus, au fil de la scolarité, les étudiants rencontrant de plus en plus de situations problématiques, notamment avec l’administration, se sentent de plus plus concernés. Cependant, si on observe un taux de participation faible, ce n’est pas forcément le signe d’un désintérêt des étudiants mais aussi et surtout d’un signe de dysfonctionnement dans la structure de représentation qui ne donne que peu de pouvoirs aux élus.
Que diriez-vous aux derniers indécis pour les convaincre de voter pour votre liste ?
Même si nous avons une ligne politique, nous souhaitons représenter tous les étudiants. Par exemple, certains macronistes ont voté SUD, parce qu’ils estimaient que nous étions efficaces. Nous proposons ainsi un « cahier de revendications » et non un programme car nous voulons être clair et dire que nous n’avons pas, au sein du CA, le pouvoir suffisant pour présenter des projets aussi précis. Nous mettons ainsi en place des mandats impératifs pour nos représentants. C’est-à-dire que nous décidons ensemble des propositions que nous allons émettre au CA lors de réunion ouvertes à tous. Le représentant est alors vraiment représentatif dans la mesure où il s’engage à porter la proposition adoptée collectivement plutôt que de voter selon son propre avis.
Propos recueillis par Alban Leduc