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Dialogue de Trianon : nouvel élan des relations franco-russes

 

Le mois de novembre 2018 s’est retrouvé particulièrement riche en échanges entre la France et la Russie : à commencer par le Forum de Paris sur la Paix, passant par la rencontre entre les deux ministres des affaires étrangères et allant jusqu’à la réunion des alumni à l’occasion du 25-ème anniversaire du programme de double diplôme entre PSIA Sciences Po et le MGIMO (l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou), écoles qui forment les diplomates en France et en Russie. Tous ces événements ont eu lieu dans le cadre du Dialogue de Trianon, qui a pour vocation de donner une nouvelle dimension citoyenne, voire humaine, aux relations franco-russes. Quel avenir pour cette plate-forme inédite, et sera-t-elle capable d’amener le dialogue franco-russe à un autre niveau ?

 

Le Dialogue de Trianon : fruit de la rencontre de Versailles

Récemment élu, le président de la République Emmanuel Macron a accueilli à Versailles le 29 mai 2017 son homologue russe Vladimir Poutine. Lors de cette rencontre, ils ont évoqué, entre autres, la possibilité de lancer un dialogue pour « permettre à notre jeunesse, nos acteurs économiques, culturels, nos penseurs, de dialoguer, de se rapprocher et de surmonter les éventuelles incompréhensions »[1]. L’initiative du président  Macron est immédiatement appuyée par le coté russe. Ainsi, l’ancien village de Trianon situé près de Versailles a donné le nom au dialogue et à l’accord signé par la suite.

Le Dialogue ne doit pas remplacer d’autres échanges entre les deux pays mais compléter les liens franco-russes existants. Afin d’éviter une structure trop lourde et hiérarchisée, le seul mécanisme définissant la ligne générale du travail reste le Conseil de Coordination. Co-présidé par Anatoly Torkounov, académicien et recteur du MGIMO, et Pierre Morel, ancien ambassadeur de France en Russie entre 1992 et 1996, le Conseil comprend 16 personnes éminentes pour chacun des deux pays telles que : Patrick Pouyanné, PDG de Total, Thomas Gomart, directeur de l’IFRI, ou Marie-Pierre Rey, professeure d’histoire à la Sorbonne, coté français ; Vladimir Potanine, PDG de « Nornickel » (le premier producteur mondial de nickel et de palladium et le principal producteur d’or de la Russie), Boris Titov, co-fondateur et président de SVL Group, commissaire présidentiel à la protection des droits des entrepreneurs, le président du conseil des fondateurs de l’association d’entrepreneurs Delovaya Rossiya ou Dmitriy Korobkov, business angel, fondateur et président PDG de groupe de communication ADV (partenaire stratégique du groupe Havas en Russie), coté russe.

La plate-forme numérique du Dialogue de Trianon abrite le contenu audiovisuel, des forums, l’information et les nouvelles concernant les relations bilatérales. Cet outil permet aux participants d’échanger en live et de discuter des projets communs. Le Dialogue est développé via l’organisation de plusieurs événements de différents niveaux comme le forum économique de Saint-Pétersbourg ou les expositions culturelles et les rencontres moins officielles. Le Forum de Paris sur la Paix, la rencontre ministérielle et la réunion des anciens de Sciences Po et du MGIMO ont dressé le bilan des avancements de cette année.

[1] Discours d’Emmanuel Macron

 

Les alumni franco-russes : point de rapprochement

Le Dialogue de Trianon représente une série de rencontres, forums et conférences qui concernent les relations franco-russes, mais pas uniquement dans le sens politique : il s’agit du partage d’expériences et des échanges dans plusieurs domaines. Lors du Forum de Paris sur la Paix les 11-13 novembre, la conférence «Restaurer la confiance diplomatique, un rôle pour la société civile» a eu lieu en partenariat avec le Dialogue de Trianon. Ensuite, le 27 novembre, Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a reçu son homologue russe Sergueï Lavrov à Versailles, aussi dans le cadre du dialogue de Trianon. Finalement, la réunion des anciens de Sciences Po et du MGIMO, initialement conçu pour les alumni du double diplôme entre les deux écoles, a réuni également les anciens du double diplôme MGIMO-HEC et MGIMO-ICN Business School de Nancy, tout comme de nombreux étudiants qui ont participé aux échanges universitaires avec les IEP de Lille et de Strasbourg et d’autres grandes écoles et universités françaises.

La réunion des alumni a été inaugurée le 28 novembre à l’Assemblée Nationale par Sylvie Bermann, ambassadeur de France en Russie, Caroline Janvier, députée et présidente du groupe d’amitié France-Russie de l’Assemblée Nationale, Alexey Meshkov, ambassadeur de Russie en France, Pascal Perrineau, président de Sciences Po Alumni, et les deux co-présidents du Dialogue de Trianon Anatoly Torkounov et Pierre Morel. La conférence portait sur deux sujets : le premier consacré à l’économie et l’innovation et le deuxième à l’intégration des religions. À l’issue de la conférence, les experts se sont mis d‘accord que le partage d’expérience des deux pays sur les sujets comme le business ou l’intégration, la Russie et la France étant toutes les deux les pays multiculturels, donnerait un grand potentiel aux échanges franco-russes. Jean-Pierre Chevènement, représentant spécial de la France pour la Russie, a aussi évoqué des points qui sont en commun pour les deux pays et qui pourraient contribuer à leur rapprochement. La réunion a duré toute la journée et s’est terminée dans les locaux de Sciences Po Paris 27 rue Saint-Guillaume par la conférence sur la reconnaissance de l’autre en politique extérieure et intérieure.

L’idée de développer les doubles diplômes entre les établissements russes et français, tout comme les échanges scientifiques, culturels et artistiques devrait surement favoriser le climat, plus amical parmi les personnes ayant suivi des cursus dans les deux pays. La diplomatie moderne est beaucoup plus complexe et ne peut pas être réduite uniquement à la table des négociations : une approche multifaçette est nécessaire. L’éducation reste un des moyens les plus efficaces de prévenir les conflits, dépasser les divergences et d’assurer une meilleur compréhension de la position d’autres acteurs. Dans un monde multipolaire et dans le contexte de mondialisation, le dialogue entre les pays et les nations est crucial.

Yaroslava Mikhaylova, 5A CPC