En décembre 2017 Donald Trump retirait les États-Unis du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, dit Pacte de Marrakech, organisé sous l’égide des Nations Unies. Le Président motivait sa décision par sa volonté de défendre la souveraineté de l’Etat. La rhétorique nationaliste s’est ensuite enflammée. Certains représentants, souvent orientés à l’extrême droite, se sont empressés de dénoncer l’implicite menace quant au contrôle des frontières contenue dans le Pacte. Sous leur pression, une quinzaine de pays, la plupart d’Europe de l’Est, a refusé de le signer.
Par définition, le pacte est juridiquement non contraignant. Il est pour certains de l’ordre du « symbolique », un « guide de bonne conduite » en matière d’immigration et de respect des droits de l’homme. Il contient 23 objectifs à la clef, sans aucun résultat concret ou chiffré. Sa visée est large : mettre en œuvre une coopération intergouvernementale afin de mieux gérer les flux migratoires.
On observe donc un paradoxe : le Pacte est à la fois fui comme une menace, et jugé de faible portée par ceux y adhérant et désirant une véritable résolution de la crise migratoire. On a donc aujourd’hui du mal à appréhender la portée du Pacte de Marrakech, et dans le cas présent, ses effets futurs en France.
D’où l’intérêt d’interroger la position des différents groupes parlementaires de l’Arène. La question qui leur a été posé était la suivante :
Pensez-vous que les décisions prises lors du Pacte de Marrakech auront de réelles conséquences ?
Julien Martel, pour le Front Internationaliste Républicain et Ecologiste
« Le Pacte Mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, dit le Pacte de Marrakech vise à améliorer la coopération internationale en matière de migrations. Ses impacts possibles sont nombreux, tant par la lutte contre les facteurs de départs, en aidant les populations touchées par les changements climatiques présent ou futur. Il offre une sécurité pour les migrant.e.s en offrant des voies légales de migrations et ainsi éviter la mise en dangers de d’être humain. Dans la continuité de grands textes de l’ONU, il rappelle que les migrant.e.s jouissent des mêmes droits fondamentaux et doivent être appliqué et défendu.
Pourtant le Pacte est une timide première réponse à une crise non pas que migratoire, mais humanitaire que connaît une Europe divisée sur la question migratoire et de ses valeurs. Et le pays des droits de l’Homme ne fait pas exception, il fait même mauvaise figure en la question. Car ce texte n’étant pas contraignant si un État pourtant signataire décide de faire l’inverse, rien ne peut l’en empêcher. Ce texte risque alors d’être mis de côté par pur intérêt électoral, souvent sur fond de polémiques et d’intox provenant de la « fachosphère ».
En brandissant de nombreuses contrevérités ainsi que des abus de langage comme l’eurodéputé de Debout la France, Bernard Monot qui réagit en parlant « d’invasion », de « colonisation », de « remplacement », mais d’autres figures de la droite en manipulant aussi bien l’hyperbole que les enfants pour s’impressionner les uns- les autres, parlent de « millions » de migrant.e.s qui arriveront dû à ce texte. Ils éclipsent totalement le but de ce texte, effacent la réalité des migrations, provoquent la peur par et la haine en accusant les migrant.e.s de tous les maux, et ne retienne qu’une image biaisé de l’immigration. C’est oublié que depuis 2014, 17000 personnes ont disparu en méditerrané selon l’Organisation Internationale pour les migrations, ce sont des quand insalubre comme le fut «GrandeSynthe». En bafouant de l’article 1er de la déclaration universelle des droits de l’Homme : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
Hugo Talon de LREM
Le pacte de Marrakech permet de renforcer la coopération internationale pour une migration plus sûre, plus sereine. Il est d’abord un pacte non contraignant, puisque les pays signataires ne sont pas contraints juridiquement dans leur action et ne peuvent êtes sanctionnés en cas de non-respect des principes et objectifs fixés. Les pays sont donc souverains et décident qui entre sur leur territoire ou non, dans le cadre d’une coopération accrue et du respect des droits humains des migrants. En aucun cas ce pacte ne favorise la venue de migrants supplémentaires, il permet seulement de mieux contrôler les migrations en agissant ensemble. La seule façon efficace de maîtriser les flux migratoires est de travailler ensemble, pays d’origine, de transit, de destination ; dans le respect du droit international et la protection de ceux qui bénéficient du droit d’asile. Est-ce donc un pacte de soumission ? Non. La France est-elle vendue à l’ONU ? Non. Au contraire, le pacte rappelle au sein de son préambule « le droit souverain des Etats de définir leur politique migratoire nationale et leur droit de gérer les migrations relevant de leur compétence dans le respect du droit international ». De facto, les 23 propositions énoncées dans ce pacte permettent de faciliter la gestion des mouvements de population, de sauver des vies en mer, de renforcer la lutte contre les migrations irrégulières et le trafic d’êtres humains. Il est de ce fait nécessaire de démanteler les réseaux de passeurs, pour annihiler le trafic de migrants qui a rapporté pas moins de 6 milliards d’euros en 2016. Enfin, ne sombrons pas dans les fake news, il y a beaucoup de contre-vérités diffusées par les partis nationalistes et populistes. Même si le monde se déchire sur le sujet, notamment à cause du refus de Donald Trump de le signer, le texte ne pose aucun problème et s’applique sans remettre en cause la souveraineté des pays signataires. Les migrations sont aussi sources de prospérité, d’innovation et d’enrichissement culturel ; une meilleure gouvernance est donc nécessaire à l’heure de la mondialisation. Il ne s’agit pas d’accueillir moins ou plus, mais il s’agit de mieux accueillir. C’est en faisant de la pédagogie, que la vérité du contenu de ce pacte peut éclater au grand jour, pas en tombant dans la légèreté nationaliste de l’ignorance et du mépris pour les migrants.
Grégory C. du FTG
« Le Front de la Tradition et de la Gloire considère le pacte de Marrakech comme l’incarnation d’une politique d’immigration française qui n’a pas lieu d’être. L’immigration vers notre pays n’est ni une chance ni une menace : elle relève seulement d’un espoir placé par les peuples du monde en la grandeur de la France ! Notre pays ne peut rester insensible à ces appels au secours de personnes recherchant une société meilleure. La meilleure façon de résoudre les problèmes d’immigration tout en répondant aux aspirations des migrants est de rendre enfin sa grandeur impériale à la France ! Les migrants ne doivent pas venir à la France mais la France doit venir au migrant, comme son héritage impérial la prédestine à faire. Débattre de la migration est donc en soi vain et futile. L’Histoire le prouve par elle-même : En 1799, dans une situation internationale pour le moins tendue, la France a-t-elle négocié le sort des espoirs d’une société meilleure ? Nous pouvons le dire de manière nette et franche : Non ! La France a pris les devants, et a exporté, par la force si nécessaire, son modèle de société demandé par les peuples du monde. Pour conclure, dans le projet du FTG, le pacte de Marrakech ne devrait même pas exister : Il pourrait simplement s’agir d’une loi régulant les migrations internes à l’empire. Nous considérons par ailleurs que la mise en avant de ce pacte par la scène politicomédiatique induit les français en erreur quant à des problèmes qui seraient inexistant en cas d’application du projet du FTG. Nous voyons bien qu’il s’agit ici d’effrayer nos concitoyens : la scène politique traditionnelle ne peut être qu’inquiète de notre influence grandissante et du soutien populaire dont jouit le Front de la Tradition et la Gloire. »
Représentant France Souveraine
« Un intitulé très technique, assez symbolique des technocrates qui l’ont écrit, qui fait peur : « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ». Pour autant, un texte qui, d’après les investigations de Marianne – qu’il faut lire absolument depuis que Natacha Polony en est directrice de rédaction, n’aura pas de réelle portée contraignante. Après tout, qu’attendre de ce que le grand Charles appelait le machin ? Rien de contraignant si ce n’est, encore une fois, un texte qui aura une utilité jurisprudentielle et qui, profondément idéologisé, en devient pernicieux. “Les migrations ont toujours fait partie de l’expérience humaine depuis les débuts de
l’Histoire, et nous reconnaissons qu’à l’heure de la mondialisation, elles sont facteurs de prospérité, d’innovation et de développement durable et qu’une meilleure gouvernance peut permettre d’optimiser ces effets positifs” “favoriser les campagnes de sensibilisation à l’intention des communautés d’origine, de transit et de destination, le but étant d’amener le public à considérer les effets positifs qu’ont des migrations sûres, ordonnées et régulières” Si la pression n’est pas sur la souveraineté des Etats, la pression est mise sur les consciences. L’immigration est présentée comme un fait normal et positif : il n’y a pas de problèmes qui poussent certains à partir, et la cohabitation des cultures dans les pays d’accueil ne pose pas de problèmes. Pour l’ONU, l’immigration, c’est Erasmus+. Invoquant les droits de l’Homme – « droits du membre de la société bourgeoise » selon Marx, le pacte de Marrakech, s’il était appliqué permettra la mise en place d’une propagande pro-immigration par les Etats, propagande envers ce trafic d’êtres humains organisé servant les intérêts d’une minorité patronale pouvant exploiter une main d’œuvre corvéable à merci (Pour rappel, seulement 9% des arrivants en France en 2016 l’étaient pour des causes humanitaires, d’après l’INSEE). Un trafic d’êtres humains que dénonçait déjà Marx au chapitre 25 du Capital. »
Joseph Euphrosine du Rassemblement de la Droite Républicaine
« Le Pacte de Marrakech signé des mains du Président Emmanuel Macron lors de la dernière convention cadre de l’ONU, a une valeur symbolique que l’on ne peut pas négliger au aujourd’hui. Si l’enjeu migratoire est l’un des plus grands défis de l’Europe dans le monde, cela ne signifie pas qu’il faut dégrader notre politique d’immigration et de surcroît nos conditions d’accueil. Si la signature de ces accords n’a aucune valeur juridique (il ne s’agit pas d’un traité, elle a une valeur symbolique forte et peut avoir des conséquences regrettables.
Certains points de l’accord sont positifs : lutte contre la traite des êtres humains, lutte contre les passeurs de la mort pour ces millions de migrants chaque année qui trouvent la mort dans leurs traversées. Cependant, les points négatifs sont plus importants et fragilisent même le peu d’idées positives du texte. Premièrement, l’accord confond tous les types de migrants (économiques, réfugiés, légaux, illégaux) ce qui a pour premier effet de créer un appel d’air et d’encourager l’immigration illégale. De plus, selon plusieurs spécialistes en droit international, il crée une notion de responsabilité internationale qui empêcherait les États signataires et non-signataires de définir librement leur politique migratoire.
Le Monde doit se lever pour anéantir les réseaux de traite des êtres humains, de passeurs, d’immigration illégale, mais ne peut et ne doit pas encourager tout ceci. La France, pays fondateur de la démocratie occidentale, des droits de l’Homme doit aussi interpeller le concert des nations quant aux futurs réfugiés climatiques qui n’auront d’autre choix que de fuir leur pays. 250 millions d’entre eux au minimum sont attendus dans les 30 ans à venir. Agissons maintenant ! ».
Ysé MERCURY, Leïla BORDIGNON, Margaux VASSAL et Gwendoline MOREL