C’est avec le cœur lourd que la Manufacture rédige cet article. La semaine dernière nous avons appris avec émotion la disparition, au large des côtes normandes, de l’avion dans lequel se trouvait Émiliano Sala, qui le menait à Cardiff. Retour sur la carrière d’un homme apprécié de tous qui laisse immanquablement un vide en Ligue 1 et dans le monde du football.
Arrivé en France en 2010, c’est sous les couleurs des Girondins de Bordeaux qu’il entame sa carrière. En 2012, il passe professionnel et lance une carrière atypique faite de hauts et de bas, marquée par des prêts réussis en ligue 2 et même en National. L’adaptation n’a donc pas été simple au début pour son arrivée dans l’hexagone. Cette succession de prêts qui lui sert d’apprentissage le mène jusqu’au rival des Girondins en 2015, le FC Nantes. Saison après saison, sous les ordres d’entraîneurs de renom tels que Claudio Ranieri et Sérgio Conceição, Emiliano va « faire son trou » au sein du FC Nantes au point de devenir un des canaris préférés des supporters jaunes et verts jusqu’à ce tragique 21 janvier 2019.
Sur un terrain, il était un véritable guerrier, un soldat qui ne cessait de multiplier les courses. Il mettait toutes ses forces dans la bataille et faisait toujours passer les intérêts de l’équipe en premier. Bien que très décrié au début de sa carrière et considéré comme un joueur peu à l’aise balle au pied, il a su peu à peu s’imposer comme un attaquant complet en mesure de marquer des buts de la tête ou du pied, de près comme de loin. Il était ce joueur de foot passionné que tout entraîneur aime compter dans ses rangs, jamais avare d’efforts et qui ne comptait pas ses heures à l’entraînement. Ce joueur qui usait les défenseurs adverses, capable autant de servir de point d’appui à son équipe que de dévorer les espaces dans la profondeur. À chaque touche de balle, on ressentait le bonheur qu’il avait de faire de sa passion son métier qui n’était qu’un simple rêve d’enfant.
Ces deux dernières années, il était devenu une pièce maîtresse du système Ranieri comme de l’organisation tactique de V.Halilhodzic. Auteur de 48 buts en 133 matchs, Emiliano avait réalisé une très bonne saison 2017-2018 permettant ainsi à Nantes de terminer dans la première moitié de tableau. Ce début de saison était celui de l’explosion, à 28 ans, de nouveaux champs s’ouvraient alors à lui. Figurant dans le top 5 des meilleurs buteurs de Ligue 1 et parmi les meilleurs avant-centre d’Europe cette saison, Émiliano avait vu sa côte de popularité considérablement augmenter suite à ses excellentes performances devenant ainsi la coqueluche de nombreux clubs du championnat anglais.
Ce 21 janvier alors qu’il s’envolait pour découvrir une nouvelle vie outre-manche, Emiliano a disparu sans laisser de traces. Dans son dernier message adressé à ses proches alors qu’il se trouvait dans l’avion, il exprimait son inquiétude et laissait présager que le vol ne se passait pas comme prévu. Depuis lors, plus rien. La planète football est aujourd’hui endeuillée et les hommages se succèdent. La Brigade Loire et tous les amoureux du FC Nantes se sont réunis le soir même place Royale pour communier et célébrer le joueur disparu. Scandant des « Merci Sala » et arborant des maillots et écharpes du club, l’émotion était forte et il est évident qu’Emiliano manque déjà à ses supporters. Son compatriote et journaliste Omar Da Fonseca lui a aussi rendu un vibrant hommage sur la chaine de Bein Sport. Cette triste disparition n’est pas sans rappeler la mort du capitaine de la Fiorentina Davide Astori il y a 11 mois ainsi que du crash d’avion de l’équipe brésilienne de Chapecoense en novembre 2016. Ce tragique événement nous rappelle à quel point la vie ne tient qu’à un fil.
Quoi qu’il en soit l’espoir fait vivre et il reste une infime chance de retrouver l’attaquant argentin, alors il faut toujours y croire. Ce week-end, à la demande de sa famille, aucune minute de silence ou d’applaudissement n’aura lieu dans les stades européens. Néanmoins, le sourire contagieux et la joie de vivre d’Emiliano seront présents dans toutes les têtes.
Hugo FORQUES