Les Misérables, œuvre du 19ème du célèbre Victor Hugo, homme de lettres, connu pour sa carrière littéraire mais également pour son engagement politique contre Napoléon III. Les Misérables est un classique étudié dans les classes de collèges et de lycées, souvent en version courte pour ne pas décourager les jeunes têtes blondes. Cette œuvre de 2 000 pages, en format poche, raconte l’histoire de divers personnages, dans un contexte post Empire de Napoléon Bonaparte, à la suite de la défaite de ce dernier à Waterloo.
Une œuvre française adaptée par des anglais ?
Avant le visionnage de cette série il était possible de ressentir une sorte d’appréhension. Cela a été dit, c’est une œuvre littéraire française adaptée par la BBC en mini-série de 6 épisodes d’une heure chacun. Les Misérables a déjà été repris par la culture anglo-saxonne et ce n’est pas sans savoir que le célèbre film hollywoodien n’a pas été d’une grande réussite, adaptation d’une comédie musicale, elle-même adaptée du roman. Même si BBC diffuse d’excellentes œuvres cinématographiques et de séries, cette dernière spécifiquement aurait pu être un échec d’interprétation et d’adaptation.
Les réalisateurs ont fait preuve d’humilité avant la projection des deux premiers épisodes, ils redoutaient la réaction du public car c’était pour eux important que la France apprécie leur travail. Après tout, c’est une œuvre française, mondialement connue certes, mais cela reste dans le patrimoine littéraire de la France. Leur humilité n’a fait qu’augmenter le plaisir de découvrir le résultat plus que convaincant.
La série, référence de l’adaptation littéraire
L’avantage de la série est sa durée. Si pour certains cela est fatiguant et lassant à la longue, il faut tout de même reconnaître que la série offre un éventail de possibilités qui n’existent pas dans le cinéma, notamment en matière d’adaptation. Ce format court permet de rentrer davantage dans les détails de l’histoire et ne donne pas un sentiment de déception à la fin du visionnage. Le choix d’adapter l’œuvre de Victor Hugo en série permet de rendre hommage à son talent car il y a moins de scènes coupées, d’éléments omis, disparus et oubliés. Même si certains passages ont été écartés car peu pertinents dans le cadre d’un média censé attirer une certaine audience, Les Misérables demeurent ce qu’ils sont : l’histoire d’êtres du 19ème siècle.
Les Misérables est une œuvre de tout temps, et il a été encore répété lors des échanges avec les réalisateurs, cette œuvre fait écho à bien des maux contemporains qui touchent chaque société du monde. Permettre sa résonance à travers le monde grâce à une adaptation anglophone, est une opportunité de rappeler la justesse des mots de Victor Hugo et de son imagination, très bien inspirée par la France de la Restauration. Si certains personnages semblent caricaturaux par leurs propos et leur jeu tels que le grand-père aristocrate de Marius, jeune garçon héritier du titre de Baron de Pontmercy, d’autres feraient presque oublier que l’histoire se déroule après 1820.
Un casting remarquable
Il était impossible de parler des Misérables sans parler de ses acteurs. Déjà connue dans le monde cinématographique pour ses rôles dans des films tels que Love, Rosie, Blanche-neige ou encore récemment To the Bone, Lily Collins joue de manière remarquable le rôle de Fantine, personnage dont on suit la descente aux enfers et pour qui il est impossible de ne pas ressentir de l’empathie et de la pitié. Son interprétation de cette âme torturée par la vie et à qui on a volé la jeunesse, révèle tout le talent d’actrice de Lily Collins trop peu présente dans des réalisations cinématographiques dignes de ce nom.
Jean Valjean est le personnage principal des Misérables. Il est au centre de toutes les histoires de l’œuvre et le choix des réalisateurs pour Dominic West offre une authenticité à la série. La dureté dans son regard mais aussi toute la sincérité qu’il peut montrer face à toutes les injustices que subit Valjean donnent vie à ce personnage issu de la littérature. Au delà du jeu de l’acteur, la mise en scène autour du personnage est rythmée, le.a spectateur.trice est plongé.e dans le personnage, chaque événement est totalement embrassé par lui.elle. La bande originale participe notamment à cette atmosphère qui permet de capter l’attention.
Le troisième acteur notoire, et pas des moindres, est David Oyelowo. Célèbre pour son rôle de Martin Luther King dans Selma, il reprend ici le personnage de Javert, inspecteur qui poursuit Jean Valjean de manière incessante. On ne peut qu’admirer une fois de plus son talent de jeu, parfait adversaire pour Dominic West, à la fois sournois et intrépide.
Pour résumer, cette adaptation britannique de Victor Hugo est plus qu’excellente et mérite sa place au Panorama internationale. Il n’y pas de doute, la saison 2019 du festival Séries Mania promet encore d’autres pépites telles que Les misérables d’Andrew Davies et Tom Shankland. Je ne peux que vous inviter à lire ou relire les Misérables et courir profiter de cette adaptation sur la BBC.
Juliette Soulignac