L’équipe de France de rugby aborde une nouvelle Coupe du Monde à Tokyo dès le 21 septembre sans réelles certitudes. Le bilan des matchs de préparation révèle un constat hétérogène qui ne suscite pas d’espoirs assumés : au pays du Soleil Levant, le brouillard peut-il laisser place à une éclaircie ?
Match référence
Il y a, certes, cette victoire écrasante le 30 août dernier des Bleus (47-19) face à l’Italie qui nous ferait mentir sur l’incessante inefficacité des attaquants français. Mais aussi optimiste que l’on soit, la modestie semble être de mise à l’issue de ce dernier match avant le jour J. Face à un adversaire trop faible et une indiscipline débutante, on ne peut pas s’estimer satisfait de ce XV de France-là, sur le départ pour le Japon.
Non, si tant est qu’il y ait des matchs référence pour juger les performances des Bleus et raviver nos espoirs, il faudrait plutôt remonter au samedi d’avant, en Écosse. Et si notre leitmotiv est toujours la météo, l’agréable 23°C sucré d’une légère brise à Édimbourg en ce 23 août, empêchait les Bleus de se cacher derrière un temps usuellement plus capricieux Outre-Manche pour expliquer les fautes techniques à la pelle, caractéristique de leur défaite face aux Écossais (17-14). Ce deuxième match de préparation réduisait brutalement les espoirs suscités par une première victoire encourageante face aux mêmes la semaine précédente (32-3). Les coéquipiers de Jefferson Poirot laissaient en effet leurs tares et vieux démons ressurgir, à la tête desquels, encore une fois, une attaque inefficace, alarmante à une poignée de jours du premier rendez-vous face à l’Argentine, 6e nation du rugby mondial.
Le verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Qu’espérer alors ? Il n’y a d’abord pas tout à jeter à la poubelle. Les Bleus ne doivent pas rougir des individualités qu’ils possèdent. De l’ailier Damian Penaud, 22 ans et déjà installé, en passant par Antoine Dupont, demi de mêlée virevoltant, à un Louis Picamoles, finalement intégré au groupe et qui saura apporter son expérience (80 sélections).
Mais au rugby, l’individuel a ses limites et la concurrence directe, dès les phases de poule, ne sait que trop bien le démontrer en érigeant le sens du collectif depuis bien longtemps au centre de son jeu. Les Argentins, alias les Pumas, jouent presque tous ensemble en club pendant que l’Angleterre, une des favorites au titre, faisait déjà la pluie et le beau temps contre un autre favori, l’Irlande, en match de préparation à Twickenham (57-15).
Au vu du défi qui attend les Bleus, il faudra donc élever le niveau de jeu s’ils veulent espérer s’immiscer dans les deux premières places de cette poule C, qui comprend aussi les Etats-Unis et les Tonga, adversaires quant à eux plus faibles où le XV de France devra y laisser le moins d’énergie possible.
De l’orage à la brume
Ainsi, l’avenir demeure encore brumeux tant le visage de l’équipe de France et son niveau international sont irréguliers au vue des derniers matches. Sortir de poule, synonyme de qualification en quart de finale, parait l’objectif à court terme le plus envisageable ; voir plus loin serait une erreur mélangée à un manque de lucidité, d’impatience et de chauvinisme… En effet, les nations se bousculent pour prôner un statut de favori (Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Angleterre, Irlande, Australie, Pays de Galles…) excluant la France du cercle, reléguée logiquement, pour les plus optimistes, à un statut d’outsider. Les grands débats sur la formation des jeunes n’ont plus lieu d’être à la veille d’une Coupe du Monde, le court-terme monopolise les tactiques : l’arrivée de Fabien Galthié dans le staff, une préparation estivale très intense physiquement, un jeu repensé dans la vitesse, peut-on croire à une montée en puissance des Bleus ? C’est à eux désormais de jouer juste, c’est à nous de rêver…car après la pluie, n’y a-t-il pas le beau temps ?
Clément Rabu
Argentine-France le 21 septembre à 9h15 (heure française) à l’Ajinomoto Stadium.