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Les « Petits pas pour l’Homme », des « Grands pas » vers des tensions internationales

Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong pose le pied sur la Lune et devient l’Homme des « premiers pas », des « petits pas » ou encore des « grands pas ». 50 ans plus tard, chacun repense encore à cette fameuse image du drapeau américain planté sur le sol lunaire, à des milliers de kilomètres de la Terre et à ces centaines de millions d’individus, les yeux rivés sur leur télévision, à attendre les premières images de ce moment historique.

Aujourd’hui, les expéditions spatiales suscitent toujours autant d’intérêt, comme le prouve la popularité de Thomas Pesquet, astronaute français ayant séjourné dans la Station Spatiale Internationale. Bien sûr, cette fascination pour l’espace, les étoiles, la Lune et tous les enjeux que cela représente, ne se limite pas qu’aux individus « lambda ». En effet, les dirigeants des grandes puissances mondiales ne peuvent ignorer l’importance de cette question. Regardez par exemple l’impact politique de la Chine lorsqu’elle a, pour la première fois, obtenu des images de la face cachée de la Lune et a réussi à poser un robot sur cette partie encore inexplorée en janvier 2019. La Chine affirmait ainsi sa volonté d’être une grande puissance spatiale. Cet événement majeur dans la conquête spatiale moderne a, directement ou non, entraîné une vague de réactions internationale.

Vers une nouvelle Guerre des Etoiles ?

Pour les grandes puissances, il s’agit d’un enjeu majeur : ne pas se laisser dépasser dans le domaine spatial. Ainsi, le président américain Donald Trump a affirmé en février 2019 son ambition de créer une « Space Force » qui aurait le même statut que les 5 autres branches de l’armée américaine (armée de l’air, marine de guerre, armée de terre, infanterie de la Marine, Garde côtière). Il s’agirait de protéger les satellites américains contre toute attaque physique, de brouiller les ondes électromagnétiques et enfin de dissuader les piratages et les cyberattaques. On peut aussi évoquer la politique française menée par le président Emmanuel Macron qui, en juillet 2019, a annoncé la création d’un grand commandement de l’espace au sein de l’armée de l’air pour septembre 2019. A terme, cette dernière deviendrait « l’armée de l’air et de l’espace ». Ce projet s’inscrit dans le cadre de la loi de programmation militaire 2019-2025 et bénéficiera d’un budget de 3,6 milliards d’euros. C’est donc un défi pour la France de réaffirmer sa position de grande puissance via la conquête spatiale comme l’explique Florence Parly, Ministre française des Armées :

« Disposer d’une défense spatiale renforcée est absolument essentiel : c’est notre liberté d’appréciation, d’accès et d’action dans l’espace qui est en jeu ».

Les politiques spatiales américaine et française s’inscrivent toutes deux dans une logique concurrentielle vis-à-vis des nouvelles grandes puissances économiques comme la Chine ou encore l’Inde qui, à leur tour, ont compris l’importance de l’exploration spatiale et qui, grâce au développement rapide de leurs technologies, remettent en cause l’hégémonie spatiale des puissances dites “traditionnelles”, notamment celle des Etats-Unis.

Quand le secteur privé montre la Lune

Toutefois, la conquête spatiale ne se limite plus aujourd’hui aux politiques étatiques. Par exemple, Elon Musk, milliardaire américain, se lance également dans ce domaine avec sa société SpaceX, créée en 2002. SpaceX est même devenue en 2008 une sous-traitante de la NASA, qui l’avait chargée notamment du transport des astronautes autour de la Station Spatiale Internationale. C’est toutefois en 2018 que SpaceX prend une envergure différente avec le lancement de la première fusée Falcon Heavy, même si cette dernière n’a pas réussi à se poser sur la barge prévue à cet effet.

50 ans après les premiers pas sur la Lune, presque 40 ans après la politique de « guerre des étoiles » de Ronald Reagan lors de la campagne présidentielle américaine en 1980/81, l’espace revient au cœur des débats internationaux et surtout au cœur des tensions. C’est au pays qui réussira un nouvel exploit dans l’espace que reviendra, jusqu’à une nouvelle découverte, la palme de « grande puissance spatiale », titre qui, bien qu’officieux, est d’une importance cruciale. Pour peser dans les débats internationaux, la crédibilité apportée par des politiques spatiales ambitieuses n’est pas négligeable. Cette concurrence entre acteurs publics est en plus renforcée par la montée en puissance d’acteurs privés. Celle-ci étant autorisée par ces mêmes acteurs publics. L’espace est donc, plus que jamais, un enjeu de débats mais surtout de tensions internationales.

Avec cette course à la conquête spatiale, il devient alors de plus en plus probable que nous, simples citoyens, embarquions un jour à notre tour dans ces fusées que petits, nous voyions chez Tintin ou à la télévision. Le tourisme ou même l’habitat spatiaux deviendront-ils bientôt réalité ?

 

Salomé Riffault