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Paroles d’anciens – Léa Boehringer, scénariste : « J’ai toujours un carnet plein de projets potentiels à développer ! »

S’il vous arrive de regarder le site des diplômés de Sciences Po Lille, vous serez surpris par un profil particulier : Léa Boehringer, diplômée en 2017 du master PPE (philosophie, politique et économie) et intermittente du spectacle. Elle a accepté de raconter à la Manufacture comment elle est devenue scénariste et en quoi consiste son métier.

Quel métier exercez-vous en ce moment ?

Léa : Je suis scénariste depuis maintenant deux ans. Je n’occupe pas de poste en particulier aujourd’hui puisque j’ai quitté le Bureau des Auteurs de Canal+ (une équipe de scénaristes qui écrivent pour les émissions et les séries de Canal+). Je participe à l’écriture de diverses séries (comme “En Famille” sur M6), mais aussi des projets de long-métrage et de documentaires. Parallèlement à mes activités d’écriture, j’ai rejoint une société de production (R!Stone Productions) en janvier 2019, dont je suis actionnaire, et chargée du développement des projets de la société. C’est-à-dire que j’accompagne les auteurs/réalisateurs que nous produisons dans l’écriture de leurs projets.

Comment êtes-vous devenue intermittente du spectacle ?

L : J’ai réalisé mon master 2 de PPE en parallèle avec le Mastère Spécialisé Médias de l’ESCP Europe. Je continuais pendant ce temps à travailler en freelance pour Canal+. A la sortie de l’ESCP j’ai été embauchée au sein du Bureau des Auteurs de Canal+. C’est grâce à cette expérience que j’ai pu obtenir le nombre d’heures nécessaire pour devenir intermittente du spectacle.*

*Il faut effectuer 507 heures au cours de 319 jours pour obtenir le statut d’intermittent du spectacle pour les artistes.

Pourquoi avez-vous décidé de devenir scénariste ?

L : J’ai toujours été passionnée par le storytelling, et notamment celui que le cinéma (et aujourd’hui la télévision et les plateformes, avec les séries) permet. Raconter une histoire en images, imaginer comment cette image peut raconter quelque chose, c’est toujours un challenge très excitant ! Quand on ne sort pas d’une école de cinéma comme la Fémis ou le CEEA (conservatoire d’écriture audiovisuelle) c’est un milieu encore difficile à intégrer. Mais la voie de la production demeure une belle porte d’entrée pour comprendre la réalité du métier de scénariste.

Les avantages sont multiples. C’est un milieu avec de plus en plus de possibilités d’écriture : long-métrage, court-métrage, série, mini-série, et désormais le digital qui permet de raconter une histoire sur différents supports de diffusion. Ce sont également des métiers créatifs, assez excitants, avec bien sûr pas mal de compétition mais ça rend le challenge encore plus intéressant !

“Raconter une histoire en images, imaginer comment cette image peut raconter quelque chose, c’est toujours un challenge très excitant !”

Quel est le principal inconvénient de votre travail ?

L : Probablement la précarité de l’emploi. Il ne faut pas se mentir, c’est impossible de trouver un CDI en tant que scénariste (à moins peut-être de créer le prochain Plus Belle la Vie). Il faut avoir les nerfs solides et savoir s’organiser pour les mois un peu plus creux niveau revenus, et la jouer finaude pour trouver un appart !

Pourriez-vous me décrire une “journée-type” ?

L : Ça dépend vraiment des moments et des missions d’écriture. Lorsque j’étais au Bureau des Auteurs de Canal+, par exemple, nous travaillions pour la chaîne de 8h30 à 14h. Pendant les deux premières heures de la matinée nous travaillions sur les vannes à faire sur l’actualité, ensuite sur l’écriture des sketchs, pour les différentes émissions de la chaîne. Les après-midis étaient réservés à l’écriture de projets plus ambitieux (de la série, du podcast, des projets de long-métrages…)

Aujourd’hui je travaille essentiellement le matin : j’écris beaucoup entre 8h et 13h. Après le déjeuner je vais m’occuper de tâches plus administratives (finaliser des dossiers de productions, de demandes d’aide à la réécriture auprès d’organismes comme le CNC (centre national du cinéma et de l’image animée), de rendez-vous avec des producteurs ou mon agent…)

Il faut garder en tête que c’est un métier créatif. Il y a des jours où vous allez réussir à pondre 20 pages en une demi-journée, d’autres où il ne se passera rien, même si vous essayez du mieux que vous pouvez. Travailler avec l’inspiration ce n’est pas toujours évident, il n’y a donc pas de réelle journée type. Mais vous pouvez vous organiser pour être le plus efficace possible les jours de disette intellectuelle !

“Il y a des jours où vous allez réussir à pondre 20 pages en une demi-journée, d’autres où il ne se passera rien”

A quel moment avez-vous compris que vous vouliez être scénariste ?

L : En Master PPE j’ai choisi de rédiger mon mémoire sur les films inspirés d’histoires vraies, ça a vraiment confirmé mon envie d’écrire sur et pour le cinéma.

Y-a-t-il des qualités requises pour exercer votre métier ? Et les savoirs et techniques à acquérir en dehors de Sciences Po Lille?

L : Il faut être curieux, créatif, et bien organisé. Connaître les codes du scénario est bien sûr un prérequis, mais vous pouvez également vous former au montage et à la réalisation. Ça aide de savoir comment se tourne et se monte un film pour pouvoir écrire une version sérieuse et réaliste de scénario !

Votre travail est-il compatible avec une vie personnelle ?

L : Oui c’est tout à fait compatible. Il faut juste être prêt à faire quelques concessions d’emploi du temps parfois, mais rien d’impossible.

Avez-vous un conseil pour les étudiants de Sciences Po Lille qui voudraient être scénariste/ artiste ?

L : Si vous en avez envie, faîtes le. Mais chacun progresse à son rythme. Vous pouvez aussi décider de bifurquer vers ce métier plus tard, toutes les expériences de vie seront toujours enrichissantes pour vos projets d’écriture.

Avez-vous des projets cinématographiques pour l’avenir ?

L : Plusieurs projets de série et de bandes dessinées à venir, et toujours un carnet plein de projets potentiels à développer !

Quelques liens pour vous aider dans votre orientation :

Marion Galard