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Côté Ciné #1 : SPOTLIGHT

Côté Ciné c’est la rubrique du septième art qui décortique chaque semaine tous les aspects d’un film sélectionné. Côté scénario, côté réalisation, côté casting, on vous passe en revue d’une manière distincte chaque angle en détails. Cette semaine, Spotlight de Tom McCarthy, un classique qui retrace la fascinante enquête du Boston Globe qui a mis au jour un scandale sans précédent au sein de l’Eglise Catholique aux Etats-Unis. Il est à l’UGC Lille mardi soir. 

 

Côté Réalisateur

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est bon de savoir que ce film, sorti en 2015, est l’oscar du meilleur film de 2016 mais aussi du meilleur scénario original. Son réalisateur Tom McCarthy frappe donc un grand coup avec ce film puisque qu’avant celui-ci il n’a réalisé que The Visitor (2008) comme film marquant, mais il a participé notamment au scénario de Là-haut (2009) et à la réalisation de la série que tout le monde connaît Game of Thrones.

Côté Scénar’

Le film présente l’équipe d’investigation « Spotlight » du Boston Globes dans leur enquête sur des prêtres catholiques pédophiles qui ont été couverts par l’Eglise catholique. Tout au long de l’investigation l’équipe est confrontée aux difficultés de s’attaquer à une institution aussi puissante que l’Eglise catholique, aux priorités fluctuantes du journalisme mais aussi et surtout à la tâche complexe d’investiguer auprès de victimes d’abus sexuels et de faire face à leur silence.

Le scénario se base sur l’histoire de la véritable équipe « Spotlight » qui a reçu le prix Pulitzer de 2003 pour leur investigation décrite dans le film. On assiste donc au traitement d’un sujet sensible mais adapté à l’écran de façon juste puisqu’on ne regarde pas le procès accablant de l’Eglise catholique, ce qui aurait été un biais facile à adopter compte tenu du sujet traité, mais bien l’investigation autour de ces agressions sexuelles. Comme je le disais plus haut on est témoins des difficultés du métier de journaliste, l’intrusion dans la vie de personnes qui essayent de vivre ou de survivre malgré les horreurs qu’elles ont pu vivre par le passé. Un autre phénomène auquel se heurtent les journalistes est le silence dans lequel se murent les victimes qu’ils arrivent à retrouver. Il est synonyme non seulement des souffrances éprouvées par le passé mais aussi de la blessure béante qu’elles représentent puisque les coupables restent impunis et continuent leurs exactions.
La quête de la vérité dans laquelle s’est lancée l’équipe d’investigation se fait donc à un prix émotionnel très élevé aussi bien pour les victimes que pour les journalistes puisque se plonger dans une telle spirale de souffrances, d’abus et de secrets ne peut que laisser des traces.

Les journalistes doivent aussi faire face aux changements de priorité du journal pour lequel ils travaillent puisqu’un journal donne tout de même la priorité à l’actualité, ce qui est assez compréhensible pour sa survie économique mais qui, par rapport à ce que représente une telle investigation devient un choix complexe à supporter. Ils évoluent donc dans un système où peu de choses jouent dans leur sens, puisqu’il nous est aussi donné de voir à quel point l’Eglise catholique couvre les prêtres et leurs actes aussi abjects soient-ils.

Côté Casting

Tom McCarthy a réussi à réunir des pointures dont certains qui ne sont pas à leur coup d’essai dans des films journalistiques. Le rôle principal revient à Michael Keaton qui dirige l’équipe d’investigation et qui nous livre une performance juste sans pour autant être transcendantale. Au sein de l’équipe on a la chance de retrouver Mark Ruffalo après sa performance dans Zodiac (aussi un film d’investigation sur le tueur éponyme) de David Fincher en 2003. C’est selon moi la performance la plus impressionnante de tout le film, le jeu est plus que juste, déborde d’intensité mais encore plus que ça Mark Ruffalo a cette capacité impressionnante de transmettre des émotions d’une grande force simplement par le regard. Récemment il a remis le couvert avec le film d’investigation Dark Waters (2020) sur la polémique du téflon aux USA. Mark Ruffalo commence donc à avoir une certaine expérience dans les films journalistiques d’investigation dans lesquels il est à chaque fois brillant. On peut aussi noter la présence de Rachel Adams dans l’équipe d’investigation, qui a joué dans les Sherlock Holmes de Guy Ritchie.

Côté réalisation

Le film reste assez sobre avec des couleurs assez froides mais qui tombent bien avec le thème traité, pas de plans révolutionnaires ou d’innovations mais on peut voir ça comme un choix pour laisser toute son ampleur au sujet traité et de manière personnelle, ce choix m’a convaincu.

Côté Reco

En somme je vous recommande vivement de voir ce film pour la vision du journalisme qui nous est donnée mais aussi pour ce combat pour la vérité surtout sur un sujet qui ne laisse personne insensible. Qui plus est, vous êtes chanceux, l’UGC de Lille à travers son programme Un jour, un film repasse certains jours précis des films jugés cultes ou classiques. Mardi 13 octobre deux séances sont prévues pour Spotlight. Donc… allez-y !! (et la place est à 5€ !)

Hugo Maurice