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La revolución marseillaise

Il est un monde utopique où l’Olympique de Marseille truste la pole position. Où la Bonne Mère veille sur une nouvelle Ligue des Champions. Et où les frappes en dehors de la surface comptent double. Mais la fantaisie n’a que faire du football. A moins que Thomas More s’incarne dans un nouveau couple révolutionnaire ? Pablo Longoria et Jorge Sampaoli débarquent au Vélodrome…

La situation olympienne est inquiétante. Les groupes de supporters, acteurs solidaires essentiels de la ville phocéenne, furent la cible d’un projet de fin de collaboration nommé Agora OM. Les violences perpétuées au centre d’entrainement Robert Louis-Dreyfus étant en cause. Les têtes tombent une à une au sein de la présidence. Le patron Jacques-Henri Eyraud, cible des supporters, n’est plus. Hugues Ouvrard, le « head of business » s’est entendu pour une rupture de contrat à l’amiable. Sportivement, les Phocéens se battent avec le valeureux promu Lensois et le sophomore séduisant Messin pour une cinquième place, potentiellement européenne.

Les nuages se sont assombris ces derniers jours dans le ciel provençal. Les Marseillais sortent d’une défaite humiliante, « honteuse », en Coupe de France, face à un club de National 2 (4ème division), le Canet Roussillon FC. Dans ce ciel grisâtre, une éclaircie subsiste. Des rayons du soleil ibériques transpercent les perturbations. Ils arrosent le parvis du Vieux Port. Et annoncent des jours radieux.

Pablo Longoria à Valence. Photo Icon Sport

Pablo Longoria, la fraîcheur du renouveau

Cet espoir se prénomme Pablo Longoria. L’Espagnol est arrivé en Provence sous la dénomination eyraudienne de « head of football ». Le nouveau Monsieur Football olympien s’est aguerri dans de grandes institutions : en Italie du côté de l’Atalanta et de la Juventus ou en Espagne à Valence. Présenté comme un surdoué, l’ancien scout dévore les matchs. Il vogue de terrains en terrains, de centre de formation en centre de formation.

Accompagné de ses statistiques et de ses data analyses, le « geek » du football, comme le surnomme ses pairs, scrute. Il observe, analyse et se projette. Il échange, négocie. Il se sert de son carnet d’adresses conséquent pour mener à bien son projet. Celui de reconstruire l’Olympique de Marseille. De le refaire briller. Sur la scène nationale et européenne.

Talentueux travailleurs

La mise au placard de l’ancien président Jacques-Henri Eyraud, puis la rupture de contrat de Hugues Ouvrard lui ouvrent un boulevard. Pour faire de l’Olympique de Marseille son Olympique. À l’accent ovetense, à l’odeur phocéenne. L’ibérique a déjà commencé son chantier. Luis Henrique, Pol Lirola et Arkdiusz Milik ont débarqué depuis l’eau pour mettre le feu au Vélodrome. Kevin Strootman et son salaire mirobolant ont quitté le Sud de la France pour Gênes, en Italie.

Du côté du staff, le jeune Espagnol réforme. Il n’hésite pas à mettre de côté des recruteurs historiques pas assez productifs – Michel Flos, Ferhat Khirat – pour installer ses hommes. Talentueux, travailleurs. David Friio en est la tête de gondole. L’ancien recruteur de Manchester United connaît le marché français. Et pas qu’un peu. Son compte LinkedIn le confirme. « Discoverer of the (ex) most expensive one (Paul Pogba). Talent and potential spotter. Experience and knowledge of high football levels ». Ce profil dans la langue de Shakespeare affirme : « Découvreur du (ex) plus cher joueur (Paul Pogba). Détecteur de talents et de potentiels. Expérience et connaissance du football de haut niveau ».

Le Thionvillois de naissance n’est pas seul. Mathieu Seckinger, ancien entraîneur de l’AS Nancy Lorraine, et ancien scout pour l’Académie de Manchester United, rejoint les rangs bleus et blancs. Il y sera associé à son ancien collègue du centre nancéien, Benjamin Brat. Deux hommes intelligents, doués et passionnés. Sergio Santomé complète les rangs olympiens en provenance de Valence.

Jorge SAMPAOLI- Photo by Icon Sport

Jorge Sampaoli au chevet des supporters marseillais

Le jeune président mène sa révolution. Alors quand Jorge Sampaoli a décroché son téléphone, il n’a pas hésité. Admirateur d’Ernesto Guevara, dit le « Che », l’Argentin aime ce contexte, ses ambiances. Il se nourrit de la passion qui se dégage de ces clubs populaires. Et nous abreuve de son football offensif, vivant. Sa vision du football qui se veut héritière du bielsisme – de Marcelo Bielsa – et du guardiolisme – Pep Guardiola – intrigue les supporters. Elle ravit les analystes et laisse présager un avenir heureux.

Offensivement, l’Argentin fait partie de ces entraîneurs amoureux du jeu des années 80-90 : structuré et libre

L’ancien sélectionneur de l’Argentine nous a déjà montré des bribes de son plan de jeu. Avec lui, on attaque à six, on défend à quatre. Non, l’équipe n’a pas pour vocation d’être coupée en deux. Ou de se limiter à seulement quelques tâches. En possession du ballon, six joueurs au tempérament offensif anime. Les quatre autres joueurs occupent les zones libres, asphyxient l’équipe adverse à la perte du ballon pour éviter les contre-attaques. Courantes et mortelles en Ligue 1, où les joueurs sont réputés pour leurs qualités athlétiques.

Défensivement, Jorge Sampaoli demande de la vie à ses joueurs. De l’intensité dans leur déplacement. Il veut récupérer le ballon le plus rapidement possible. Parce qu’avec le cuir entre les crampons, l’équipe ne peut pas encaisser. Offensivement, l’Argentin fait partie de ces entraîneurs amoureux du jeu des années 80-90 : structuré et libre. Le but de « Sampa » est de faire assimiler à la perfection ses schémas de jeu pour que ses joueurs puissent jouir d’une liberté mentale de créer dans les derniers mètres. Présence dans les half spaces (demi-espaces), occupation des interlignes et des pistons écartés et hauts sur le terrain. Le plus dur est donc à venir :  faire adopter son projet de jeu. La réception de Dijon au Stade Vélodrome nous fournira une première réponse. Non définitive.

Julien Baudot