Dans le cadre des élections du Conseil d’Administration de Sciences Po Lille, La Manufacture donne la parole aux trois listes candidates. 10 questions ont été posées à la liste “Alter’Éco” (tête de liste : Terence Van Neder) afin de permettre aux candidats de cette liste d’exprimer leurs positions, leurs divergences avec les autres listes ou encore leur conception du rapport à entretenir avec la Direction. Vous pouvez retrouver l’interview des listes “Solidaires Étudiant.e.s” et “S’engager” sur La Manufacture.
La Manufacture : En quoi votre liste se distingue-t-elle des autres listes candidates à l’élection au Conseil d’Administration ?
La liste “Alter’Éco” : Tout d’abord, notre liste se distingue car elle est issue d’un collectif : le collectif Alter’Eco. C’est la troisième année que nous portons une liste au CA (et nous avons eu ces deux dernières années trois élu.e.s à chaque fois). Plus qu’une simple liste candidate, c’est un groupe ouvert d’étudiant.e.s qui partagent des valeurs et veulent agir pour l’IEP, qui mène par ailleurs des actions concrètes (la construction du compost, entre autres). Notre seconde particularité est notre méthode : le dialogue, des consultations pour toujours être au plus proche de la réalité vécue par les étudiant.e.s. Enfin, notre liste représente toutes les années d’étude (notamment ouverte vers les FI). Nos engagements sont parfois divers, mais complémentaires. C’est par notre diversité que nous pouvons collectivement avancer !
Comment souhaitez-vous établir votre relation avec la Direction : coopération ou rapport de force ?
Pendant que certain.e.s sont muets face à l’administration, et que d’autres ne sont pas capables de discuter avec elle, nous choisissons une position très réaliste. Parfois une coopération avec la direction quand il le faut pour avancer sur des sujets : on peut penser à l’organisation des partiels à distance pendant le confinement. SUD souhaitait les annuler, ce qui était juridiquement impossible, et était en conflit avec la direction. Nous, conscient.e.s de la réalité des choses, nous avons au contraire coopéré avec l’administration et avons ainsi obtenu le fait qu’ils soient étalés dans le temps (avec 8 heures d’épreuve au lieu de 4 heures initialement). A l’inverse, sur certains sujets, quand nous ne sommes pas écouté.e.s, et que l’avis des étudiant.e.s est méprisé, nous établissons un rapport de force. C’est arrivé lors du projet d’EPE, où nous nous sommes frontalement opposés à l’administration et à Pierre Mathiot qui soutenait ce projet. Ça a également été le cas lorsque M. Giuliana a vu son poste supprimé : avec de nombreuses associations, nous avons forcé Pierre Mathiot à nous écouter (voir https://www.facebook.com/113296926749612/posts/550237566388877/?d=n). En bref, parfois tout va bien et nous travaillons main dans la main, parfois nous tapons du poing sur la table.
Votre liste se positionne principalement sur quelle thématique ?
Chez Alter’Eco, nous sommes bien reconnu.e.s sur l’aspect écologique et éco-responsable. C’est en effet un thème où nous avons accumulé beaucoup d’expérience et notre programme est le plus vaste et concret sur la question. Pourtant, nous ne proposons pas que des actions écolos, loin de là ! Nous travaillons sur trois axes : la solidarité et la démocratisation de l’école ; l’écologie et la transition écologique ; la vie étudiante et associative. Mais pour voir tout cela plus en détail, on vous invite à lire ceci : https://alterecospl.files.wordpress.com/2021/11/programme-2021-2022.pdf
Quelles sont les propositions que vous menez et que vous considérez comme les plus ambitieuses ?
Pour la solidarité et la démocratisation de l’école : rendre le concours gratuit pour les boursiers (alors que cela coûte 60€ actuellement). C’est ambitieux car il va falloir négocier avec tous les IEP de régions. Dans la même thématique, nous sommes attaché.e.s à garantir à tous.tes les étudiant.e.s au moins 1h de pause le midi dans l’emploi du temps. Sur la transition écologique, nous allons rédiger et faire adopter une charte contraignante de la transition écologique à l’IEP. Ça va être un gros travail car l’objectif est que cette charte réglemente toutes les actions de l’école pour faire en sorte qu’elles soient très peu polluantes. L’application de cette charte sera vérifiée par un comité de la transition écologique que nous souhaitons mettre en place, avec des étudiant.e.s, des enseignant.e.s et des personnels. Enfin, sur les assos et la vie étudiante : nous portons le projet, depuis deux ans, de la valorisation des compétences acquises lors de l’engagement associatif. Car quand on gère une asso à l’IEP, on développe des compétences, bénévolement. Nous souhaitons préserver la spécificité du bénévolat, mais aussi le faire reconnaître comme l’acquisition d’un savoir-faire.
Quelle sera votre première proposition que vous porterez lors de la première séance de Conseil d’Administration de l’année ?
Il faut savoir que la majorité des propositions que l’on porte – toutes listes confondues – ce ne sont pas au conseil d’administration qu’elles se réalisent. En effet, avant d’aller porter une proposition au CA, il faut la travailler, la développer avec les acteur.rice.s concerné.e.s, pour qu’elle soit sérieuse, réaliste et concrète. Un des sujets qui nous semble urgent à traiter, c’est la situation de la cafétéria. Les prix sont trop élevés et les aliments ne sont pas toujours bons, pas locaux ni bio. Dès l’élection passée, nous allons donc lancer une large consultation étudiante pour récolter tous vos avis, les compiler et ainsi mettre en place un rapport de force avec la direction et Toc Toque pour déboucher sur un accord social et environnemental qui sera, nous l’espérons, appliqué très rapidement.
Des représentants représentent des représentés : comment vos potentiels futurs élus feront pour garder le lien avec ces derniers ?
Nos élu.e.s gardent toujours le lien avec tous.tes les étudiant.e.s. A travers les consultations comme on a pu l’évoquer, mais aussi en étant disponibles et accessibles tout le temps. Plus concrètement, nous serons à l’écoute de toutes et tous. Nous sommes régulièrement contacté.e.s par des étudiant.e.s sur différentes choses : pour que nous les aidions à rédiger leur dossier en commission aide sociale (CAS), pour répondre à des questions sur les aides financières lors de mobilités internationales (CMI), pour nous demander de les soutenir face à l’administration. Récemment, nous avons par exemple été contacté.es au sujet du handicap : nous avons travaillé avec les personnes concernées pour faire valoir leurs droits auprès de la direction et nous souhaitons étendre ce travail à l’intégralité des étudiant.e.s en situation de handicap, visible ou invisible. Issu.e.s de toutes les filières, nous sommes des interlocuteur.rice.s sérieux.ses, qui sont attentif.ve.s.
Votre liste collabore-t-elle avec des associations d’autres IEP ?
Oui, nous travaillons en permanence avec de nombreuses associations. Lors de la crise sanitaire, le collectif Alter’Eco avait par exemple écrit et envoyé une lettre à Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignant Supérieur et de la Recherche, pour alerter sur la situation des étudiant.e.s pendant le confinement, avec des élu.e.s et associations de plus de 45 établissements du supérieur (voir ici https://www.facebook.com/113296926749612/posts/441324360613532/?d=n). Hors du réseau des IEP, nous travaillons également avec des étudiant.e.s de l’Université de Lille, notamment avec le syndicat UNEF. Cela nous permet aujourd’hui, chez Alter’Eco, d’être la seule liste de l’IEP représentée au conseil d’administration de l’Université de Lille.
Qu’est-ce qui est à améliorer sur le plan écologique à l’IEP de Lille ?
Beaucoup de choses ! Nous pensons qu’il est indispensable d’agir à notre échelle – celle de l’école – pour contribuer à une action globale contre le changement climatique. Cela passe par des projets comme le jardin partagé que nous souhaitons installer devant la BU, mais également par la maîtrise de la consommation d’énergie des bâtiments de l’école, par la surveillance du projet de panneaux photovoltaïques lancé par l’administration, etc. Nous sommes les seul.e.s à clairement dire que l’IEP doit prendre sa part dans cette dynamique mondiale. Et nous sommes les seul.e.s à proposer des actions concrètes pour cela. Parce que les étudiant.e.s et les associations ont plein d’initiatives écologiques, ce qu’il faut c’est les accompagner et leur donner les moyens de les réaliser.
Comment souhaitez-vous lutter contre les VSS ?
Avec Alter’Eco, nous luttons contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) depuis toujours. Nous portions déjà l’année dernière des propositions de sensibilisation et de formation qui ont été appliquées par l’administration. Nous souhaitons aller plus loin et plus vite. Nos élu.e.s (et élues en particulier) ont également pris leur part dans les affaires qui ont été traitées par la commission disciplinaire, dans la plus grande discrétion, comme exigé par le règlement de celle-ci. Maintenant, ce que nous proposons, ce sont deux choses principales : aller au-delà de la sensibilisation aux VSS et proposer de véritables formations. Pour qu’aucun événement de l’IEP ne soit propice à des violences ou agressions. Pour que les agresseurs n’aient pas leur place dans notre école. Pour que les victimes soient écoutées, soutenues et accompagnées, avec une simplification du signalement. Avec également une commission égalité de genre (CEG) renforcée, qui produira annuellement un rapport avec ses avancées, ses réussites, ses besoins pour aller plus loin.
Aussi, nous en profitons pour dire que peu importe la gravité supposée de l’agression subie, il ne faut pas hésiter à effectuer un signalement à la commission disciplinaire, ou contacter les élu.e.s étudiant.e.s pour vous aiguiller. Il ne faut pas hésiter à parler, parce que vous serez écouté.e.s, nous nous en assurerons.
Le scrutin de l’Élection des représentantes et des représentants des étudiantes et des étudiants au Conseil d’Administration (NDLR : Instance capitale de l’IEP, statuant – entre autres – sur son organisation et son budget) de Sciences Po Lille sera ouvert les 24 et 25 novembre. 9 représentants seront élus.