Le carnet de 3A reprend pour cette année 2022-2023 ! Maureen, 3A à Trondheim en Norvège, a accepté de livrer son parcours à la Manufacture. Bon voyage !
Ah, l’année de mobilité. Vaste affaire. La première fois qu’on nous l’a évoquée, c’était à la rentrée de première année. Monsieur Duseigneur nous l’avait introduit comme quelque chose de très sérieux, à la fois très loin mais assez proche pour commencer à s’en soucier. Puis on se retrouve au début de la deuxième année à angoisser face à ce tableau et ces destinations. Grèce, Etats-Unis, Canada, Mexique, Norvège ? On écrit nos vœux et on attend. On attend patiemment, parfois moins. Puis les résultats tombent.
Ce sera Trondheim en Norvège. Le soulagement laisse vite la place à l’excitation et au doute.
Maintenant, c’est du concret. Je pars en Norvège dans cinq mois. On veut rendre nos proches fiers mais on est à la fois tétanisé à l’idée de tout quitter. Viens le départ, la montée dans l’avion et un grand défi qui s’annonce.
On découvre sa nouvelle ville, son nouvel appartement, ses colocs, sa fac, le magasin où on ira faire ses courses. On se dit que notre niveau d’anglais n’est pas si mauvais. Du moins, on comprend ce que l’on nous dit. Et puis quand l’angoisse s’estompe, on constate la beauté de notre destination.
On remarque l’intensité du vert de l’herbe. Et puis on lève les yeux et on observe la beauté des couleurs du ciel. Le soleil est intense et encore chaud. On en profite, cela ne va pas durer, le soleil descend vite ici. On randonne, on atteint des points de vue plus beaux les uns que les autres. On est subjugué face aux premiers couchers de soleil. Le soleil se reflète sur l’eau du fjord, fait virevolter ses couleurs puis disparaît derrière les montagnes. Enfin, le jour laisse sa place à la nuit et ses spectacles.
On attend, l’air un peu bête, si l’attente dans le froid et l’humidité en vaut la peine. Soudain, on perçoit quelque chose, un voile dans le ciel. Les appareils photo nous le confirment, ce sont des aurores. On comprend alors que les photos de voyages ont idéalisé la fluorescence de ces phénomènes.
Pour autant, je ne suis pas déçue. Au contraire, je contemple ce spectacle en remerciant quelque chose, quelqu’un, pour m’avoir permis d’en voir de mes propres yeux.
On fait ses premières connaissances. Des gens avec qui on ne parlera qu’une fois, d’autres à qui on confiera tous nos doutes, nos joies et nos admirations. Ceux avec qui on ne partagera qu’un repas, d’autres avec qui on vivra nos plus beaux souvenirs nordiques. On se rend compte que l’on n’est pas si différent. On se chamaille pour savoir qui a le meilleur fromage et on chante autour d’une guitare dans les langues des uns des autres. On apprend que les Italiens ne disent jamais bolognese mais l’appelle « ragoût ». Des Espagnoles nous cuisinent des tortillas, on leur cuisine en retour des quiches lorraines.
Nous leur faisons danser sur la chanson des « pouces en avant » et chantons leurs hymnes avec beaucoup d’efforts. Quant aux Norvégiens, ils sont discrets, difficiles à approcher. Il ne faut alors pas perdre patience pour enfin espérer avoir une discussion de plus d’une minute avec eux. Après quelques semaines, ils se décoincent peu à peu et nous font découvrir leur culture. On vit leur quotidien en partant crapahuter en cabine au milieu de la forêt, sans eau ni électricité. On partage alors nos meilleurs souvenirs, confinés entre les bougies et les souris.
Concernant les cours, le rythme est assez différent de celui de Sciences Po. Je n’ai qu’un cours par jour avec une pause de quinze minutes toutes les quarante-cinq minutes (n’hésitez pas à appuyer sur ce point pour les profs récalcitrant à l’idée de faire des pauses.). Les professeurs sont extrêmement bienveillants tout comme les autres élèves. A la pause, on part chercher un « Kanelbolle », un roulé à la cannelle dont les Norvégiens raffolent.
Niveau nourriture, ne vous étonnez pas de ne pas retrouver nos spécialités et nos rayons entiers de yaourts. La vie est très chère en Norvège. La viande, le fromage deviennent des plats de fête pour nous étudiants internationaux. A la place, vous mangerez des pizzas surgelées « Grandiosa », les pizzas préférées des étudiants norvégiens. On vous dira qu’ils mangent des têtes entières de moutons. Ne soyez pas effrayés mais c’est bien une de leurs spécialités.
Entre français, on aime se plaindre de la nourriture norvégienne et baver sur nos plats français préférés. On découvre alors réellement la culture française, ses spécialités, son savoir vivre ou encore l’apéro (si, si). On prend conscience de notre richesse culturelle alors que l’on se situe à plus de 2000 kilomètres de celle-ci. On est nostalgique, on se dit qu’à notre retour on en profitera comme jamais on ne l’a fait auparavant. Quand on est seul, on pense à sa maison, à ses chats et aux réunions familiales que l’on est en train de rater. Et puis on réfléchit à la chance qu’on a de vivre ce voyage.
Après trois mois, on réalise que ce n’est pas si mal de tout quitter. On quitte nos problèmes et les pressions extérieures. Ici, l’important, c’est nous. On vit des choses extraordinaires, on fait des choses qu’on aurait pensé être incapable. On s’ouvre au monde, à sa beauté, sa diversité. On trouve son équilibre tandis que le soleil se couche de plus en plus tôt. On commence à voyager, s’aventurer. On explore des paysages magnifiques qui t’époustoufleront encore des années plus tard et tu te fais tout petit face à l’immensité des montagnes. Tu admires la couleur de l’eau comme si un trésor se reflétait au fond. Si tu n’es pas en train de voyager, tu penses à ce que tu as pu contempler et au prochain endroit que tu aimerais découvrir.
Finalement, l’année de mobilité, c’est beaucoup de choses. Beaucoup de sentiments différents qui s’exprimeront, de partages qui créeront des amitiés et des aventures qui te feront grandir. Si tu es en première ou deuxième année et que tu angoisses à l’idée de cette expérience, n’ait pas peur car ce sentiment disparaît très vite. Tu vivras des choses qui te marqueront pour longtemps. Tu développeras ton ouverture à l’autre et d’autres compétences humaines essentielles à mon sens.
Cet article est une petite rétrospective de mon début d’année de mobilité à Trondheim en Norvège. Il ne vise pas à être exhaustif mais plutôt à faire découvrir mon expérience et mon vécu à d’autres. J’espère avoir réussi à vous faire voyager un peu.
Bise norvégienne !
Maureen François