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Carnet de 3A – Italie : les allures modestes et charmantes de Forlì

Pour ce carnet des 3A, Inès nous livre son expérience et vous fera voyager à Forlì, en Italie !

 

Marché du lundi et vendredi matin, Place Aurelio Saffi. A droite, l’Abbaye San Mercuriale.

Avec ses 116 700 âmes, la ville de Forlì n’est ni grande ni petite. C’est un paisible chef-lieu de province à 1h environ de train de la célèbre Bologne. Elle abrite depuis une vingtaine d’année un des campus délocalisés de la vénérable université de la capitale de l’Emilie-Romagne, qui brigue le titre de plus ancienne université d’Europe.

C’est un choix de 3A loin des capitales les plus dynamiques de ce monde. Pas de gratte-ciels ou de néons dans cette cité au charme discret. Si les plus grands amateurs de boîtes de nuit bondées ne se plaisent certes pas à Forlì, ne vous laissez pas tromper par ses allures modestes : vous y aurez bien des choses à découvrir. En tant que ville centrale de Romagne depuis l’antiquité romaine, elle jouit d’un patrimoine riche à découvrir.

Et sur ce plan, il y en a pour tous les goûts. Les clichés ont la vie dure, nous pourrions consacrer un essai entier à son patrimoine culinaire impressionnant. La Romagne est une région très agricole, où l’art gastronomique a pu largement s’épanouir, ce qui vaut à Bologne l’un de ses trois surnoms : « la Grasse ». Les Italiens font la part belle à leurs produits locaux.

Corso della Republica, centre-ville.

Dans les supermarchés de la ville, la quasi-totalité des primeurs est d’origine italienne sinon romagnole, ainsi que bon nombre de produits cuisinés, y compris dans les références de premier prix. Cela permet de garder le coût de la vie abordable, surtout en comparaison avec Rome ou Milan. Cependant, chose surprenante au vu du savoir-faire régional en matière de pâtes, je n’ai à ce jour pas trouvé de boulangerie proposant un pain convenable.

Les cours quant à eux sont d’excellente qualité. Le campus bénéficie de la réputation et de l’attractivité de l’ancestrale Université de Bologne. Vous pourrez y croiser des professeurs qui, sous leur air rieur, apportent l’expérience de postes à la London School of Economics ou Columbia. La charge horaire est bien inférieure à la France, avec une trentaine d’heures de cours hebdomadaires. Cependant, la charge de travail est cependant extrêmement variable d’un cours à l’autre. Certains professeurs ne vous demandent qu’un exposé par semestre, d’autres une soixantaine de pages de lecture hebdomadaire. Les professeurs le précisent le plus souvent dans la description du cours – choisissez donc votre emploi du temps en conséquence.

Façade arrière du Duomo de Forli

Pour ce qui est de l’Histoire et l’architecture, les amateurs du bas Moyen-Âge pourront entre autres découvrir l’Abbaye San Mercuriale, près de la grand-place Aurelio Saffi, ou le château du Ravaldino à proximité de l’un des deux musées de la ville, dont le bâtiment fut de nombreux siècles plus tôt un couvent dominicain aux fresques majestueuses. Chaque siècle et chaque style aura sa curiosité à vous proposer au fil des rues de la ville. Vous préférerez peut-être le Duomo néoclassique, ou les rues du centre-ville, aux arches vieilles de deux siècles. Forlì comporte aussi des souvenirs d’un passé plus récent et douloureux. La ville fut au centre d’un projet de « ville idéale » ou de « petite Rome » par le gouvernement mussolinien. De la gare à la grand-place, l’influence fasciste est omniprésente ; et la ville use encore de certains bâtiments d’époque, comme le tribunal, commandé par Benito Mussolini lui-même en 1937. Ces vestiges des heures les plus sombres de l’Histoire européenne sont un témoignage de la relation tumultueuse des Italiens à leur mémoire.

Rues de Ravenna, ville des mosaïques byzantines de l’ex-capitale des Ostrogoths et de l’Empire Romain

Ne vous laissez cependant pas intimider, les Forlivais sont aimables, accueillants, et ouverts au débat –malgré la barrière de la langue dans mon cas. L’université propose un semestre de cours d’Italien gratuits pour y remédier. La ville est calme, et la sécurité bien assurée. Les soirées étudiantes, les barsetrues de la ville sont rarement le théâtre d’agressions et autres violences. La scène LGBT est en revanche pratiquement inexistante dans la région.

Pour élargir vos horizons, prendre le train à la gare de Forlì reste une option abordable et fiable au quotidien. Si le réseau ferroviaire italien est officiellement privatisé, la concurrence se fait principalement sur les lignes à grandes
vitesses avec la compagnie Italo.

L’entreprise d’état, Trenitalia, restera votre unique interlocuteur pour rejoindre Bologne, dont la situation au centre de l’Italie permet de rejoindre un grand nombre de villes très facilement; mais aussi le reste de la région. Forlì possède également son propre aéroport.

Rimini, station balnéaire ensoleillée à seulement 40 minutes de train

C’est le plus petit qu’il m’ait été donné devoir en deux décennies d’existence, mais il vous emmènera dans le Sud de l’Italie, ainsi que vers quelques destinations de l’étranger proche pour
un prix plus attractif que via l’aéroport de Bologne.

Mais avant de s’envoler, la région vous tend déjà les bras.

 

De l’antique ville côtière de Rimini, au centre culturel de Ravenna, vous trouverez déjà bien de quoi vous occuper pour passer une belle année.

Inès