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Céline Rousseaux, journaliste chez France Télévisions : « Je pensais sortir avec un diplôme de presse écrite »

Céline Rousseaux ne se destinait pas au journalisme. L’ancienne étudiante de Sciences Po Lille est revenue sur son parcours, sa vision du métier et du service public. Rencontrée pendant sa préparation pour le Tour de France 2023, elle a aussi évoqué son rapport au journalisme sportif.

 

Sa rencontre avec le journalisme

“J’ai un profil très littéraire. Je suis arrivée à 20 ans à Sciences Po Lille et je ne savais pas ce que je voulais faire. Sciences Po à l’époque était encore sur trois ans. Entre la première et la deuxième année, il fallait faire un stage de deux mois. J’avais envoyé mon CV un peu partout : dans les ONG, les relations internationales… Et en fait j’ai été prise à La Voix du Nord. La richesse des gens que je rencontrais et le fait que je ne sois pas dans un bureau étaient importants pour moi. J’étais dehors, je couvrais beaucoup de choses, des spectacles le soir, un peu de sport : aucune journée ne se ressemblait. Je suis aussi de nature curieuse, j’aime bien parler avec les gens, j’ai un contact relativement facile. J’ai trouvé ce métier très sympa. A partir de là j’ai voulu tenter une école de journalisme. Je n’avais aucun piston, je ne connaissais personne qui avait fait ce type d’école. J’ai commencé à me renseigner. A Sciences Po, ils nous préparaient l’après-midi aux concours de journalisme pendant un an. J’en ai eu plusieurs, dont Lille. C’est parti comme ça ! Quand je suis arrivée à l’école, je pensais sortir avec un diplôme de presse écrite. En fait, j’ai commencé à faire de la radio, j’ai adoré la radio. J’ai commencé à faire de la télé, j’ai adoré la télé. Je suis partie en bispécialité. Puis, il a fallu choisir entre la radio et la télévision. Il y avait davantage de travail d’équipe en télévision donc j’ai dit “banco, je fais télé”. C’est des aléas, des concours de circonstances. J’ai commencé à travailler en sport parce que la personne qui s’en occupait s’est cassée la jambe. Il n’y avait rien de préétabli dans ma tête. Concernant le sport, j’ai vraiment beaucoup découvert et beaucoup apprécié, parce que je suis un peu touche-à-tout. Mon père jouait au football, le dimanche il nous emmenait sur les terrains de foot. Je côtoyais le milieu sportif, j’ai toujours bien aimé. Le sport m’a permis de faire des choses extraordinaires en étant à la base journaliste pour une rédaction régionale, qui a vocation à couvrir son territoire. J’ai tout le temps bougé. Mais je ne me sens pas vraiment journaliste sportif. Je suis une journaliste à la base, qui couvre maintenant les sports.”

 

Son parcours professionnel

“Après la spécialité télé, j’ai fait beaucoup de remplacements pendant sept ans pour France Télévisions, à la fois dans le Nord de la France et dans l’Est. Je suis sortie en 2003 de l’ESJ et j’ai été intégrée en 2010. Pendant ces années-là, j’ai toujours eu du travail, à France Télévisions et à TF1 pour qui j’étais correspondante à Lille. Je mélangeais l’actu et le sport. En 2010, je suis intégrée à un poste de sport à Lille. J’ai hérité d’un magazine de sport que j’ai présenté pendant trois ou quatre ans. J’étais “Madame sport” à France 3 Nord-Pas-de-Calais. A l’arrêt du magazine, j’ai couvert les sports dans la région : du cyclisme, du football, du basket… On a eu des grandes compétitions chez nous comme l’Euro de basket féminin, masculin aussi avec Tony Parker qui est venu à Lille, on a eu le Mondial de handball, la Coupe Davis en tennis… Dès qu’il y avait un grand événement sportif dans la région, je le couvrais à la fois en reportage et en présentation. En 2017, j’ai pris le 12/13, le journal d’information régionale en présentation. Aujourd’hui, je suis toujours titulaire de la tranche 12 heures-13 heures à Lille. Mais en plus de cela, je fais des déplacements pour la rédaction des Sports. En fonction de leurs besoins, ils me demandent pour des événements et Lille me détache. Ils m’ont détachée pour faire des remplacements sur Tout Le Sport, pour le Dakar à cinq reprises, cette année j’ai aussi fait mon troisième Tour de France avec eux, ils me détachent pour les Jeux Olympiques… Mon poste principal est à Lille mais je travaille beaucoup pour la rédaction des Sports.”

 

Sa formation à Sciences Po Lille

“Être passée par Sciences Po Lille me sert dans mon métier. En terme de raisonnement, en terme de bon sens, en terme de synthèse. Par exemple, on devait résumer le livre de Marc Nouschi sur le 20ème siècle en seulement 5 feuilles ! Il faut aller à l’essentiel et organiser ses idées : c’est exactement pareil qu’un reportage. Parfois on revient avec 40 minutes d’images, d’interviews et il faut faire 1 minute 30 pour l’antenne. Pour une dissertation, il faut cibler, organiser, faire un plan. Nous faisons un plan de montage aussi. L’organisation et l’esprit de synthèse, je l’ai beaucoup appris à l’école.”

 

Son amour du terrain

“J’aime beaucoup les émissions en direct, j’adore leur adrénaline. Je préfère être en émission extérieure plutôt qu’en plateau car on vit aussi avec l’environnement qui nous entoure. Cela peut être du bruit, une arrivée de Tour de France, les contraintes de la météo… Monter une émission et tourner en direct sur le terrain, avec des gens qui nous regardent, avec une présence, c’est beaucoup plus chaleureux que le plateau, tout seul avec des caméras. .Je préfère l’animation extérieure à l’animation intérieure. Surtout, je ne veux pas être seulement présentatrice. Je tiens à garder un pied dans le reportage. Je reviens avec des idées, je discute avec les gens… La dernière fois que je suis partie en reportage, je suis revenue avec trois idées ! Être avec les gens, être dans la réalité, cela permet de ne pas se déconnecter.”

 

Sa vie de famille en parallèle

“On s’en sort mais je ne réponds pas à toutes les sollicitations. J’aimerais bien mais je ne peux pas, sinon je ne suis jamais chez moi. Je reste quand même toujours un peu disponible, je ne suis pas du genre à éteindre mon téléphone portable. Cette semaine, ma fille n’est pas là, j’ai un peu plus de temps donc je peux passer à la rédaction un jour de repos pour régler des petits trucs. C’est sûr que dans une vie personnelle il n’y a pas encore d’égalité entre les garçons et les filles. Je vois que mes collègues masculins peuvent faire plus de choses parce qu’ils se posent moins de questions. Ils se disent que leur femme est à la maison, qu’elle s’occupe des enfants. Si demain je n’avais pas de vie familiale, je ferais tout, je partirais tout le temps en reportage. A la rédaction nationale des Sports, on peut aller partout. Cet été, Stade 2 et le Tour d’Occitanie sont tombés en même temps. Le Tour d’Occitanie, je l’aurais bien fait mais ça signifie partir en Occitanie et enchaîner avec Stade 2 en studio. Je fais des choix. Je suis allée à Stade 2 parce que c’est à Paris, c’est plus près.”

 

Son lien avec le service public

“J’aime le service public. Je suis polyvalente et j’ai un profil tellement généraliste que je ne trouverais pas forcément mon compte dans une chaîne spécialisée. Parce que je trouverais toujours meilleur que moi. J’ai peut-être une culture moins profonde que les uns ou les autres sur un sport particulier mais je suis capable de gérer. Raconter une histoire en sport, que ça soit un navigateur ou un basketteur, pour moi c’est la même chose. Tout cela s’acquiert et s’apprend aussi au fur et à mesure. On est tous des journalistes à la base. On ne part pas la fleur au fusil en reportage : on se renseigne sur les gens, on lit des articles, on se documente sur place, on pose des questions pour enrichir notre sujet… Il n’y a pas besoin d’être l’hyper-spécialiste sur un sujet. Là j’y trouve mon compte parce qu’on a une super chaîne, avec un accès prioritaire sur le sport de manière gratuite sur les plus gros événements. C’est une belle fenêtre pour s’exprimer. Pour les JO, j’ai des tranches horaire en présentation. Je vais sûrement me retrouver sur le plateau et ne pas voir grand chose à l’extérieur.. Mais on les attend avec impatience. Les JO à Paris c’est la chance d’une vie. On a tous hâte. On aura 62 heures d’antenne par jour, en direct sur France 2, France 3 et France 4. C’est énorme !”

 

Mathis Hardouin

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