J’ai fait partie de ces élèves qui se prennent la tête pendant des semaines, voire des mois, à choisir leur destination de 3A. Faire une mixte ou une académique ? Partir loin ou rester en Europe ? Quand, à seulement quelques jours de la deadline de rendu des vœux, mon choix s’est porté sur Toronto, je n’avais pas la moindre idée de ce à quoi mon expérience allait ressembler mais au moins j’avais choisi, et j’avais hâte. J’étais motivée par la découverte de la nature et des paysages canadiens, autant que par la grande offre de cours en anglais proposée dans le domaine des relations internationales et de la science politique, et enfin par la découverte d’une population multiculturelle et accueillante. Quatre mois plus tard, me voilà à dresser un bilan de mi-parcours dans la plus grosse ville du Canada.
A peine arrivée à Toronto, je m’installe dans ma résidence universitaire où je dispose d’une chambre avec un lit simple et… c’est tout ! Pour les toilettes et la salle de bain, il faudra partager avec mes voisines de couloir. Je réapprends donc à vivre avec un peu moins d’intimité, m’habitue aux claquements de porte dans le couloir à deux heures du matin, aux discussions de bon matin le week-end qui t’empêchent de faire la grasse mat ou à la bouffe infecte, hors de prix et hyper calorique de la cafet. Mais la vie en communauté dans un campus à taille humaine de 2 000 étudiant.e.s, c’est aussi se rapprocher à une vitesse folle de tes potes de couloir, avec qui je suis devenue en l’espace de quelques mois, une colocataire, une amie et même une soeur. Tradition oblige, chaque soir on se réunit désormais dans la salle commune de la résidence pour se raconter nos journées, regarder une série ou juste passer du temps ensemble. Vivre en résidence à Glendon, c’est aussi profiter du parc qui entoure le campus. Des balades du dimanche en forêt aux sessions de travail, posées sur une table de pique nique au soleil, en passant par la cohabitation avec les écureuils, les raccoons et les mouffettes, le quotidien paraît bien loin de celui du centre-ville. On se sent quand même à Toronto lorsque, en se baladant dans le quartier d’ultra-riches avoisinant le campus (en rêvant de ce niveau de richesse, à la limite d’être écoeurant), on tombe sur la maison imposante de Drake, qui nous rappelle que cette ville, c’est la sienne.
Vue plutôt très instagrammable depuis la BU
couleurs d’automne dans le parc de Glendon
(presque) la même photo mais en janvier cette fois-ci
La 3A, c’est aussi s’adapter à un rythme moins stressant grâce à des cours beaucoup plus légers en termes de contenu et d’attente. Attention ceci dit, la charge de travail est certes moins importante qu’à Sciences Po mais elle n’est pas négligeable, entre les papers à rendre et les readings demandés pour chaque cours toutes les semaines, on bosse pas mal mais pour des cours qu’on a choisis et qui nous intéressent. La liberté quasi-totale dans le choix des cours m’a permis de me préparer doucement mais sûrement à ma spécialisation en master en pouvant choisir des sujets aussi précis que “Politics of the Middle East and North Africa” ou “The Environment and International Relations”. En contrepartie, on apprend à s’occuper différemment et à parfois mettre sur un second plan les études pour se demander quels sont nos centres d’intérêt et comment les mettre à profit. Dans mon cas, raison financière oblige, j’ai pris un job de babysitter dans le quartier, chez les ultra-riches justement, à raison de 10 à 15 heures par semaine. Fan de MUN (big up à Munwalk), ici je suis servie, l’asso de l’université de York propose des simulations hebdomadaires, la plus grosse université de Toronto organise une conférence en février à laquelle je participe en tant que chair, et à Montréal, McGill University organise aussi sa propre conférence fin janvier. Enfin, je profite de week-ends un peu moins chargés qu’à Lille pour lire un max, apprendre le japonais ou me balader dans la ville.
Justement, je dois l’avouer, les villes au style très américain, ce n’est pas trop mon kiff. Pourtant, Toronto, de prime abord, c’est un peu ça. J’avais choisi la ville davantage pour son emplacement et sa taille plutôt que pour son style architectural. Alors, certes, le quartier financier c’est pas ce que je préfère mais j’ai trouvé dans cette ville plein de coins très mimis et chaleureux dans lesquels j’adore me promener.
Voici donc un petit best of de mes trois endroits et activités préférés de la ville :
En TOP 1, pas très original, les Toronto Islands. Ce sont, comme leur nom l’indique, un ensemble d’îles situé sur le lac Ontario à quelques kilomètres de la ville. On y accède en ferry et, plus on se rapproche des îles, plus on y aperçoit la skyline torontoise. Je conseille particulièrement d’y aller pour le coucher du soleil, les couleurs sont magnifiques et la vue est juste “waouuuuw”. En bonus, c’est sympa de se balader sur les différentes îles très boisées et, pour les moins frileux, on peut aussi s’y baigner. Petite anecdote : je m’y suis baignée le 1er octobre cette année, merci le réchauffement climatique !
Je conseille ensuite le quartier bobo chic de Kensington Market et ses terrasses au soleil à l’automne ou au printemps. Si vous aimez les friperies ou les rues mignonnes avec plein de graffitis, vous serez servi.e.s. Pas très loin de là, vous trouverez Chinatown et ses nombreux restos asiatiques abordables et délicieux qui changent de la pauvreté de la nourriture canadienne.
Pour finir, la ville vit au rythme des événements sportifs. Baseball, hockey ou matchs de NBA, si vous êtes fan de sports, prenez vos places bien en avance pour ne pas trop raquer à un des matchs disputés par les Blue Jays, les Maple Leafs ou les Toronto Raptors. Spectacle et ambiance garantis. (J’ai l’impression de me transformer en guide Michelin sorry not sorry…)
sous gros match de baseball au Rogers Centre
coucher de soleil sur Toronto depuis les îles
bonus : les chutes du Niagara, à seulement 2h en train
balade à Chinatown sous le soleil
Pour les aspects un peu plus négatifs, bien évidemment, il y a d’abord le froid. Moins 10 degrés en moyenne en hiver, du vent et des tempêtes de neige récurrentes. On s’adapte plutôt bien si on est pas trop frileux.se. Point positif de ces conditions extrêmes : une neige quasi quotidienne et un ensoleillement largement supérieur à la grisaille lilloise. Vous allez aussi regretter la qualité des transports publics français. Au Canada, on se déplace principalement en voiture et les transports en commun sont pour le moins… défaillants. Préparez vous déjà à un métro extreeeeeemement lent et des bus soit en avance soit en retard mais jamais à l’heure, tout ça pour un coût de trajet exorbitant. Mais bon, on prend son mal en patience et on fait avec.
En terme de culture, le Canada, c’est un peu un mix entre le petit frère ultra libéral et consumériste des Etats-Unis et un pays hyper progressiste sur les questions de sexualité, de genre, de race, etc. Ça forme un cocktail explosif où tu peux être dégoûté.e de cette culture de consommation qui manque parfois un peu d’âme et en même temps être super enrichi.e par des rencontres et des amitiés avec des gens d’origines nombreuses aux parcours de vie hyper variés. A Toronto par exemple, plus de la moitié de la population n’est pas d’origine canadienne, ce qui forme un mélange de cultures assez rafraîchissant et enrichissant !! Ceci dit, rencontrer des français, et des paliens, ça n’a pas loupé, surtout dans le campus de Glendon, un campus bilingue français-anglais. Toronto reste cependant une ville à l’esprit très nord-américain en raison de sa proximité géographique avec les Etats-Unis. Le dépaysement y est assuré et hors du campus, vous ne croiserez quasiment personne qui parle français.
Un petit (ou pas) point voyage pour finir ce carnet de 3A en beauté. Le Canada, en sa qualité de deuxième plus grand pays du monde, recèle de nombreux paysages naturels ou urbains. Toronto, c’est assez central pour voyager en ce que vous êtes à la fois assez proche des Etats-Unis, à 10h de bus de New York par exemple et pas si loin du Québec ou d’Ottawa.
En l’espace de quatre mois, j’ai ainsi pu visiter un certain nombre d’endroits, en y laissant une grosse part de mes économies mais bon j’en ai fait le deuil, ça valait le coût. En octobre, je suis d’abord partie pas très loin de Calgary, dans les Rocheuses canadiennes, une énorme chaîne de montagne qui descend jusqu’au Sud des Etats Unis, pour un séjour road trip – randonnées – auberges de jeunesse autour des magnifiques lacs, canyons, glaciers et paysages montagneux de la région. En novembre, direction Montréal pour un petit week-end : gros coup de cœur pour cette ville qui a beaucoup de charme, notamment grâce à son héritage francophone européen, et pour sa nightlife. C’est très étudiant et ça bouge beaucoup. En décembre, j’ai découvert New York sur trois jours et je ne m’en suis toujours pas remise. Qu’est ce que vous voulez, j’ai juste envie d’y retourner. Enfin, j’ai fait un petit tour dans la station de ski québécoise de Mont Tremblant le mois dernier, où on a caressé des chiens de traîneau (cliché mais adorable) et à Ottawa, centre de la vie politique du Canada.
le Peyto Lake dans les Rocheuses canadiennes
week-end à la station de ski de Mont Tremblant
En bref, mon premier semestre au Canada peut se résumer ainsi : des rencontres marquantes, un nouveau rythme de vie, une culture culinaire ma foi questionnable, des voyages de ouf et une expérience qui restera marquée à vie. J’ai hâte de voir ce que cette seconde moitié d’année me réserve !! Je vous souhaite un bon courage pour vos choix de troisième année, ne vous mettez pas trop la pression, on la vit comme on veut sa 3A et c’est en ayant trop d’attentes qu’on risque d’être déçu.e.
Violette Dagorne – le 10 janvier 2024