Alors que le printemps revient, que les oiseaux se font à nouveau connaitre par leur premiers chants et que les jeunes fleurs chargent de leur senteurs l’air humide, l’auteur de ses lignes a décidé de fuir les rayons inauguraux du soleil en passant son week-end enfermé dans des salles de cinéma sombres et bondées ainsi que des salles de conférences pleines de journalistes et d’acteurs mal réveillés.
À l’issue de ce premier week-end de la 14e édition du festival Série Mania, La Manufacture vous livre ses premières impressions sur deux séries diffusées en avant première ce week-end : Le problème à trois corps diffusée sur Netflix à partir du 21 mars et Dans l’ombre qui sera diffusée sur France 2 à l’automne.
Le problème à trois corps
Adapté du roman éponyme de Liu Cixin et supervisé par les showrunners de Game of Thrones, Le problème à trois corps peut être vu comme la réponse de Netflix au Dune de Villeneuve. Les deux sont en effets adaptés d’un best-seller de science fiction jugé inadaptable de par son nombre de personnages, la multiplicité des lieux ou encore les nombreux détails techniques.
Pour l’anecdote, Netflix a affirmé lors de sa campagne de promotion avoir envoyé l’actrice Jess Hong à l’université d’Oxford afin qu’elle puisse se rapprocher de son personnage de physicienne. Celle-ci est revenue sur ce sujet lors d’une prise de parole avant la diffusion à Sérise Mania en affirmant qu’elle n’y avait passé en réalité qu’une seule journée durant laquelle elle avait moins appris sur la physique que sur la vie étudiante anglaise.
Était aussi présent à Lille vendredi soir l’acteur John Bradley, connu pour son rôle de Samwell Tarly dans Game of Thrones. Dans Le problème à trois corps, il interprète un personnage n’apparaissant pas dans le roman, et pour cause, les showrunners David Benioff et Daniel Brett Weiss l’ont crée spécialement pour lui suite à leur bonne entente durant leur précédente collaboration.
Bien que seulement deux épisodes aient été diffusés, la série semble prometteuse. L’histoire est prenante, les différentes temporalités s’enchainent sans perdre le spectateur (là où Dark, également produite par Netlfix, le perdait rapidement), les acteurs sont convaincants (mention spéciale à Benedict Wong en stéréotype de vieux flic bourru); et si comme on pouvait s’y attendre, la réalisation est très lisse et propre, elle offre tout de même régulièrement de beaux plans, aidés par un bon travail sur la lumière. Si vous souhaitez vous faire votre propre avis et ce de manière plus complète, c’est désormais possible car Le problème à trois corps sort officiellement sur Netflix ce jeudi !
Dans l’ombre
Adaptée d’un roman écrit par Édouard Philippe et Gilles Boyer et paru en 2011, son adaptation avait été annoncée il y a quelques années lors de la venue des auteurs à Série Mania. Cette fois, le projet est devenu réalité sous la houlette de France 2 et du réalisateur Pierre Schoeller (Un peuple et son roi).
Contrairement au roman, dont la plupart des personnages étaient anonymes et œuvraient au service d’un parti non placé sur l’échiquier, la série fait le choix de donner des noms à ses personnages ainsi que de les rattacher à un bord politique. Lors de la prise de parole avant et après la projection ainsi que la conférence de presse donnée le lendemain, le réalisateur et les acteurs ont toutefois affirmé avoir cherché à s’éloigner de la vie politique réelle ; il n’y a guère que Karin Viard pour lâcher du bout des lèvres qu’elle avait repris les talons aiguilles de Rachida Dati. Cependant, le fait qu’ils répètent leur volonté de prise de distance aussi souvent qu’ils font référence à leur rencontre avec Édouard Philippe peut donner des raisons d’en douter. Interrogé par La Manufacture sur ce qui peut sembler être un paradoxe, Pierre Schoeller s’est contenté de répondre “il était dans le processus de création, même lui s’est éloigné de lui même et c’est ce qui est bien là dedans“.
Pour revenir au personnage de Karin Viard, le simple fait qu’elle interprète une femme politique de droite aux cheveux blonds, présidente de région, courant la présidentielle et ayant comme fer de lance “non à ceci ! non à cela !” peut rapidement faire penser à Valérie Pécresse, une femme politique de droite et aux cheveux blonds, présidente de région, courant la présidentielle et ayant marqué les esprits par son refus de l’assistanat. Il en est de même pour Paul Francoeur, le candidat de la droite aux élections présidentielles qui semble être un alter-égo d’Édouard Philippe par son parti d’origine ou la ressemblance physique entre l’acteur Melvil Poupaud dans la série et Édouard Philippe lorsqu’il était Premier Ministre.
En ce qui concerne la qualité de la série en elle-même, Dans l’ombre est un thriller politique prenant servi par de bons acteurs et régulièrement ponctuée de rebondissements imprévisibles. En ce qui concerne la réalisation, celle-ci pourrait être qualifiée de télévisuelle car assez peu marquante et avant tout fonctionnelle (on montre ce qu’il faut montrer) bien qu’ayant par moment une certaine élégance et se permettant occasionnellement une petite touche d’inventivité en usant de split-screens.
Pour se faire un avis plus complet sur l’intégralité de la série, il faudra atteindre sa diffusion sur France 2, probablement aux alentours de la rentrée. Aucune date précise n’a pour l’instant été communiqué, La Manufacture n’ayant eu connaissance d’une diffusion en automne que par un membre de l’équipe de la série.
Les derniers jours du festival
Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de profiter du festival, celui-ci dure jusqu’à vendredi soir. L’entrée à toutes les projections est gratuite et accessible même sans réservation, dans la mesure des places disponibles bien évidemment.
Parmi les événements de jeudi, on compte une séance exceptionnelle des meilleurs épisodes de la série culte des années 70 Starsky & Hutch, une conférence ainsi qu’une séance de dédicace avec le romancier Franck Thilliez (La faille) mais aussi la première mondiale d’Hotel Cocaine, la nouvelle série du showrunner de Narcos. À cela s’ajouteront de nouvelles séances de série projetées les jours précédents comme La mesías, Catch Me a Killer ou So Long, Marianne.
Enfin, vendredi sera la journée de la projection de la série Machine avec JOEYSTARR, de la cérémonie de clôture avec la remise du Grand Prix et de la soirée Orange is the New Purple, deuxième du festival apres la Saturday Disco Fever. Vendredi sera également la dernière occasion de voir ou revoir sur grand écran les séries Le Vatican, Ourika, Herrhausen : le banquier et la bombe (dont une critique arrivera bientôt) ou encore 30 Days of Lust.
Hippolyte Andrieu-Rebel