Est-ce pour sa forme de piment que ce pays tout en longueur s’appelle ainsi ? Peut-être, répondrait un.e anglophone. Est-ce pour sa gastronomie au goût relevé ? Sûrement pas, rétorquerait un.e Mexicain.e. Alors, est-ce pour mettre du piquant dans sa vie qu’il faut y aller ? ¡ Sipo ! affirmerais-je sans hésiter.
Vers le sud vert
Valdivia, capitale de la région des Fleuves située à quelques 800 kilomètres de Santiago, est connue pour être une des plus jolies villes du sud et réputée pour offrir la meilleure qualité de vie de tout le Chili. Amoureux.se des fleurs, des arbres et des oiseaux ? Ce creux de verdure au confluent des rivières Calle-Calle, Valdivia et Cau-Cau est un eldorado dont la Isla Teja est le joyau.
Pas de méprise cependant, la côte pacifique à une vingtaine de kilomètres, accessible en une demi-heure de bus, n’est pas une plage tropicale bordée de cocotiers, même s’il est possible d’y voir des dauphins. Ainsi va la règle chilienne : plus c’est au sud, plus le froid et la pluie piquent. Le paysage verdoyant et la végétation luxuriante ont un prix : celui d’une paire de bottes en caoutchouc et d’un bon k-way.
Challenge hors-piste
Entre deux gouttes ou sous un exquis rayon de soleil (pas de panique, c’est quand même possible !), la vie valdivienne est une expérience qui défie les habitudes.
A l’université, l’originalité dans le choix des cours (musique, arts, culture des peuples indigènes) offre une ouverture au cursus Sciences Po. Un regard différent sur le monde qui s’avèrera pertinent pour ceux.lles qui portent un intérêt particulier à l’environnement et à l’anthropologie ; deux thèmes qui s’articulent et s’imbriquent autour des questions de développement, d’économie et de conservation. Attention, il manque toutefois un certain nombre de facultés, comme celles de sociologie ou de sciences politiques, et le niveau général n’est pas excellent. Le fonctionnement de la Universidad Austral de Chile (UACh), régulièrement entrecoupé de grèves étudiantes, semble certes un obscur mécanisme au premier abord, mais est, par là même, propice au questionnement de notre propre modèle.
Dans le quotidien également, c’est le saut vers un autre mode de vie, où tout n’est pas si rationalisé, contractualisé et informatisé. Trouver un logement ? Rien ne sert de chercher en agence, tout se fait par petites annonces sur Facebook ou directement sur place. Connaître les horaires d’ouverture des services administratifs de la ville ou des transports en commun ? Bien plus efficace que de questionner Google, les innombrables conversations WhatsApp des étudiants d’échange sont une véritable mine d’informations. Lutter contre l’hiver valdivien ? Il suffit d’apprendre à faire du feu ! Organiser une randonnée dans la Cordillère ? C’est sans nul doute le bouche-à-oreille qui procure les meilleurs sentiers, loin des autoroutes touristiques. Tout cela crée une culture de la rencontre, rendue possible par la disponibilité dont font preuve les Chilien.ne.s. Vivre la vie chilienne c’est laisser place à l’imprévu et à l’opportunité qui font sortir des pistes bien damées. Alors, ¿ por qué no ?
En somme, le choix de Valdivia n’est réservé à personne, mais il vaut mieux aimer se mouiller pour se jeter dans cette jolie aventure. Ne pas trop regarder la météo avant de partir à l’assaut des parcs naturels et des volcans environnants, ou encore, ne pas capituler devant l’amertume pour partager un bon mate entre ami.e.s, sont deux conseils utiles qui constituent tout le legs de mon année ! Je les laisse là. Bon voyage aux suivant.e.s !
Lucie Tantin
Propos recueillis par Mona Sabot
Image à la une : Parc Conguillío, été