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Cette année encore, le théâtre peut changer le monde

« Mesdames, Messieurs, et le reste du monde », la Manufacture s’est rendue à la tant attendue soirée de lancement de la saison 2024-2025 du Théâtre du Nord, qui avait lieu ce vendredi 20 septembre. De la joie, des paillettes, de la musique très forte, et de l’inclusivité ont rythmé cette soirée, et c’est ce qui nous attend cette année au Théâtre du Nord et au Théâtre de l’Idéal de Tourcoing.  

« On est à Lille, quand on aime, on se lève ou on crie ». Ce vendredi 20 septembre, le public lillois était debout, et très bruyant, à l’occasion de la soirée de lancement de la saison du Théâtre du Nord. C’est avec l’objectif de véhiculer de la joie et de mettre des paillettes dans nos vies que l’équipe du Théâtre du Nord a ouvert cette saison : c’est réussi. C’est non sans fierté que David Bobée, directeur du Théâtre depuis maintenant 3 ans – et potentiellement pour un nouveau mandat -,  a présenté les exploits de la saison dernière et teasé ceux à venir. Il a, par ailleurs, présenté la nouvelle promotion de l’École du Nord, le studio 8 qui a fait sa rentrée. Des invité.e.s, comme l’adjointe à la maire de Lille, les artistes « qui font vivre le Théâtre du Nord », des membres de l’équipe, ou encore un vétéran de la Guerre en Ukraine sont venus appuyer les propos des animateur.rice.s de la cérémonie.  

Leur programmation, l’an passé et l’année à venir, témoigne aussi des valeurs du théâtre : l’inclusivité, la diversité, l’égalité, la parité, la lutte contre le racisme, la démocratisation de la culture, la lutte contre l’extrême droite et la transition écologique. Pour David Bobée : « la culture doit faire rempart contre les logiques de haine de l’autre et des replis identitaires ». Ainsi, le Théâtre du Nord, à défaut de pouvoir sauver le monde, milite pour le changer, à son échelle, par l’art. Ceci se fait non seulement par la révélation de talents, mais aussi par la levée de fonds qu’il mène pour obtenir des aides destinées à Gaza, à la Cisjordanie, à l’Ukraine, en partenariat avec la ville de Lille.  Ceci se fait aussi par les chiffres du Théâtre : 80% d’artistes qui représentent une diversité sur le plateau, 20% du public qui se dit appartenir à cette diversité, 80% du public « qui vient juste voir du bon théâtre », 11 artistes programmés qui sont des hommes, 12 qui sont des femmes, et le succès de leur politique du 100% accessible pour tous les handicaps : voici comment ils « incluent dans nos représentations du monde ».  

Cette année, c’est non seulement une programmation « ambitieuse, généreuse, joyeuse » de 26 spectacles et 150 représentation qui attend « le meilleur public de France », mais ce sont aussi des ateliers de théâtre, une exposition en partenariat avec l’Institut pour la Photographie, des RAVE parties, des aftershows, et même un bal masqué.  

Au théâtre du Nord, on ne fait pas les choses à moitié ! L’inclusivité ici aussi, mise au-devant de la scène. Avec la section Les récits des invisibles, le TDN entend bien écouter eux que l’industrie culturelle n’hésite pas à laisser de côté. Avec « Lacrima » de Caroline Guiela Nguyen (du 6 au 11 décembre), c’est aux petites mains de la Haute Couture qu’on rend honneur, dans un défi fou de représenter sur scène les savoirs faire de nombreux pays. On saluera ici tout particulièrement, la formation en sociologue de l’autrice qui se démarque à travers la pièce.  

Dans la section, Le théâtre peut réparer le monde, « Leviathan » (du 30 janvier au 6 février) de Lorraine de Sagazan nous interroge : La fiction peut-elle réparer ? Pour répondre à cela, l’autrice a récolté une myriade de témoignages, tous ayant attraits aux pratiques judiciaires, bien souvent fécond de d’inégalités. « Léviathan », tout comme la figure biblique, sera (on l’espère) aussi capable de bousculer l’ordre des choses. Et dans « Comme tu me vois » (du 14 au 17 mai) c’est à la grossophobie que Grégori Miège s’en prend car « La honte n’est pas une chose naturelle, la société seule la créée ». En lien avec l’association Grand Bleu, des fauteuils xxl seront mis à disposition car « le théâtre peut changer le monde et ça passe parfois par un changement de siège ». 

Comme l’année dernière, Le TDN réouvre ses portes à Virginie Despentes et à son spectacle « Woke » (du 19 au 23 novembre), et qui entame la thématique Pour éviter le pire. Ici, c’est le rôle de l’écriture qu’on questionne, dans une France où le contexte politique et social est de plus en plus violent. 

Cette année, on nous propose également une thématique autour des amoureux et des amoureuses des mots. Avec « Chœur des amants » de Tiago Rodrigues (du 16 au 19 janvier) met en scène un couple, essoufflé, qui dans un jeu de dialogues saisissants chercher désespérément à faire rejaillir leur amour passé. Dans « Pistes … » (du 22 au 25 janvier) , Penda Diouf, nous fait part d’un tout autre amour, celui de son pays : la Namibie. C’est ici l’occasion revenir sur un récit personnel de la grande historie oubliée de ce pays marqué par les exactions de la colonisation allemande.  

Enfin, le TDN accueillera une nouvelle fois JoeyStarr dans « Black Label » (du 15 au 22 mars) dans une émouvante prouesse artistique antiraciste. Accompagné de Souleymane Diamanka et orchestre par David Bobée, ce spectacle est l’occasion de revenir sur les plus beaux écrits antiracistes afin d’aborder des thèmes comme la traite négrière, la colonisation, les violences policières, le contrôle au faciès. Lorsque les mots se confondent avec les maux, « la poésie est une arme de construction massive ». 

On vous laisse le plaisir d’aller jeter un œil au reste de la programmation 2024-2025 (https://www.theatredunord.fr/www.theatredunord.fr/saison-2024-2025) au plus vite. En attendant de vous retrouver au TDN, n’oubliez pas que “le théâtre a le pouvoir de réparer le monde”.

Par Juliette Gauvin-Pontais et Lina Melhem 

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