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Festival de la BD d’Angoulême : le 9e art fait toujours recette

Il y a un peu plus d’une semaine se clôturait la 45ème édition du festival international de la bande dessinée d’Angoulême, qui s’est tenu du 25 au 28 février 2018. Un festival qui, malgré son âge avancé, continue d’innover pour satisfaire les masses curieuses qu’il ne cesse d’attirer.

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Le festival de la bande dessinée réunit tous les ans les fans de planches des quatre coins du monde. A l’honneur cette année : le manga japonais. Un pari réussi pour les organisateurs, qui ont su attirer un nouveau public mixte et jeune, amassé sous le regard curieux du Fauve (la petite mascotte noire et blanche du Festival, dessinée en 2007 par Lewis Tondheim, et devenue depuis la signature du Festival).

Les Rei des mangakas à l’honneur

A la plus grande joie des mangakas, ce n’est pas moins que le « monstre » du manga japonais, Naoki Urasawa, qui s’est imposé comme la vedette du Festival angoumoisin. Réputé pour l’atmosphère inquiétante de ses dessins aux allures hitchcokiennes, l’auteur a vu son talent récompensé par la foule immense qui se ruait aux portes de l’espace Franquin où se tenait l’exposition. Certains s’étaient même déguisés pour l’occasion. Profondément inspiré par l’œuvre de Moebius, Urasawa aime jouer avec les textures, et l’on redécouvre la finesse de son trait en suivant le sens de la visite.

Urasawa n’est pas le seul nom qui a marqué le festival. Loin de l’univers des mangas, Cosey – qui remportait le Fauve d’Or un an plus tôt – a eu le droit à son exposition. Elle relatait l’histoire de son personnage Jonathan, un aventurier né de l’influence du dessinateur Derib et de son héros Yakari, aujourd’hui devenus célèbres mondialement. On retrouvait aussi Osama Tezuka, l’auteur du Rei Léo (oui oui, celui-ci même qui a inspiré le dessin animé Disney) raconté en planches pour une rétrospective inédite.

Le verdict est tombé : l’Islande et l’Iran récompensés

Le palmarès est tombé samedi soir, peu après 19h. C’est la « Saga de Grimr » de Jérémie Moreau, qui retrace l’histoire d’un orphelin islandais dans la société du XVIIIème, qui rafle le Fauve d’Or. Il est le plus jeune lauréat du meilleur album depuis 1997. Le Prix jeunesse a été décerné à « La guerre des Catherine », de Julia Billett et Claire Fauvel. A souligner : le Prix du Courage artistique – ou Prix Couilles au Cul – a été remis au dessinateur iranien Kianoush Ramezani, réfugié politique en France depuis 2009 et militant de la liberté d’expression depuis bien plus longtemps.

Musique, BD, et même série télé… : le festival met l’art en (ef)fusion

706e8cf3-1963-4511-9909-06380f9e4f21Ces noms ne vous parlent pas ? Le festival ne ferme pas ses portes aux non-initiés, loin de là. En démontre la présence d’Alexandre Astier venu dédicacer sa nouvelle BD Kamelott, qui a suscité la folie des fans de la série. Plus de sept heures d’attente pour les plus téméraires venus de bonne heure accueillir l’auteur-réalisateur de la série culte.

Et bien sûr, que serait le festival sans ses concerts dessinés, qui fusionnent musique et bande dessinée ? Cette année, le partenariat entre le Festival et Jazz Vienne ont permis de réunir le temps d’une soirée une musicienne malienne (Rokia Traoré) et un dessinateur barcelonais (Ruban Pellerojo). Sur la scène du Théâtre d’Angoulême plongée dans l’obscurité, encre et notes dansaient entrelacées au rythme des traits de crayon et des sonorités métissées.

Angoulême, la ville aux bulles incrustées

Au-delà d’une remise de prix, qui parle avant tout aux connaisseurs – voire fanatiques – de comics, le festival est avant tout un événement qui anime le centre-ville jusque dans ses recoins les plus intimes. Toute la ville est mobilisée pour l’événement : du CIBDI (Cité internationale de la Bande dessinée et de l’image) surplombant le fleuve de la Charente, aux rues piétonnes qui s’étendent jusqu’aux portes de la galerie marchande du Champ de Mars.

Pendant le festival, les « bulles » – des chapiteaux blancs arrondis installés pour l’occasion – envahissent toutes les places pour abriter collections et expositions. Elles font échos aux murs peints permanents d’Angoulême, éparpillés dans toute la ville, qui dévoilent des pans entiers de bande dessinée ; mais aussi aux noms de rues englobés dans des bulles de BD.

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La bulle la plus célèbre du festival reste bien sûr le « Monde des bulles » où touristes et angoumoisins se ruent dans l’espoir d’obtenir un dessin inédit de leur auteur fétiche. Ces mêmes auteurs, que l’on retrouve dans le train retour pour Paris, l’esprit nébuleux, rouspétant un peu de leurs douleurs au poignet après un festival agité. Il faut dire que les festivaliers étaient particulièrement nombreux cette année, et les files d’attentes se sont rallongées. Mais bien que certains n’aient pu s’empêcher de maugréer avec insistance, le charme des rues et la qualité des expositions ont souvent eu raison de leur impatience.

Pour plus d’informations sur le festival et son palmarès: http://www.bdangouleme.com/

Garance Philippe