Le lundi 15 janvier 2018 avait débuté un blocage des prisons, organisé par les surveillants pénitentiaires pour protester contre leurs conditions de travail suite à l’agression de trois surveillants par un détenu radicalisé dans une prison du Pas-de-Calais. Les gardiens dénoncent une profession mal payée, dangereuse, disposant d’un effectif insuffisant et affectée par une surpopulation dans les prisons. En effet, en 2017, la France comptait plus de 68 000 détenus dans ses prisons pour seulement 59 000 places.
Ces conditions dangereuses autant pour les surveillants que pour les détenus, chez qui s’enregistre un taux de suicide élevé, ont été à plusieurs reprises condamnées par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Le 2 mars dernier, Emmanuel Macron a visité la prison de Fresnes, une des plus surpeuplées et insalubres de France, afin d’entreprendre une réforme de la justice, réforme dont les principaux axes ont été dévoilés le 9 mars.
Nous avons donc posé la question suivante aux représentants de l’Arène : comment réformer, selon vous, le système carcéral français ?
La Nouvelle Gauche représentée par Tristan R. et Miléna Wittmann, une gauche modérée et combative :
On ne peut que constater que le système carcéral français va mal : les conditions de détention et de travail du personnel pénitentiaire sont catastrophiques. Il faut certes consacrer un budget plus important à la justice pour remédier à ces problèmes ; cependant, construire de nouvelles places de prison ne peut être l’unique solution. Il faut refuser le “tout carcéral” et poursuivre la logique impulsée par la réforme de Mme Taubira, avec la création de la contrainte pénale, qui n’est encore pas suffisamment appliquée.
Le Front pour la Tradition et la Gloire, association pour la Reconnaissance et la Consécration de l’Empire :
Face à la dégénérescence laxiste actuelle, ne nous cachons pas derrière des discours pseudos intellectuels. Afin de répondre à la surpopulation carcérale, il faut répondre de trois façons différentes : pour les peines les plus longues, le Bannissement Automatique de la Gangrène Néfaste à l’Empire s’impose, en envoyant nos condamnés travailler sur les belles terres françaises d’Adélie, où nul personnel pénitentiaire ne sera nécessaire. Pour les peines les plus courtes, des travaux d’intérêt généraux doivent être envisagés, notamment dans le domaine des services à la personne (les envoyer vivre quelques mois au domicile d’Insoumis vegans devrait dissuader la récidive). Enfin, dans un souci d’économie d’échelle, le rétablissement de la peine de mort devrait être considéré pour les condamnés de nationalité étrangère.
La République En Marche représenté par Gabriel Bluet et Hugo Poncet avec une approche progressiste et social-libérale ancrée dans son temps :
Les prisons françaises font face au problème de surpopulation. Afin de soulager le personnel pénitencier et permettre aux détenus de vivre dans des conditions plus décentes, il convient de créer 7 000 places de prison supplémentaires mais également de supprimer les peines de prison courte (inférieures à un an) et les remplacer par d’autres sanctions (bracelets électroniques ou travaux d’intérêt général). Par ailleurs, l’administration pénitentiaire manquant d’effectifs, 1 500 emplois supplémentaires doivent être créés.
Le Front Internationaliste Républicain et Ecologique représenté Jean-François Collec, une union de la gauche autour des vraies valeurs du socialisme et de l’écologie :
C’est une évidence pour tout le monde, le système carcéral français ne fonctionne pas. Alors que son objectif premier est de vaincre la récidive, il ne fait qu’en créer d’avantage (59% des personnes sorties de prisons récidivent peu après). 80% des personnes incarcérées y sont pour des peines inférieures à 3 ans, n’est-ce pas la preuve que dans ce pays, on envoie des individus en prisons pour un rien, sans tenter d’autres solutions ? Des dispositifs comme la liberté conditionnelle et le bracelet électronique pour des délits mineurs ont fait leur preuve, en faisant diminuer la récidive, et en permettant aux personnes condamnées de mieux se réinsérer. Mais plus que des détails de surface, c’est le fondement même du système carcéral qui doit être repensé.
Le Rassemblement de la Droite et du Centre représenté par Emilie Caron, une droite rassembleuse et par-dessus tout ouverte :
Nous devons être force de propositions pour un sujet éminemment sociétal. Une meilleure surveillance pour éviter les méandres de la radicalisation, une meilleure considération du personnel encadrant et enfin, une meilleure réinsertion des détenus ; voilà ce qui semble souhaitable. Pour cela, repensons un système qui fait de la prison l’école de la récidive.
Yulia Sakun et Gwendoline Morel
La position concerne celle de son auteur et n’engage pas tous les membres des groupes, qui, rappelons-le, ne sont pas tous affiliés à un parti.
Crédits: Maxppp/ROSSI David