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ELECTIONS DU CONSEIL D’ADMINISTRATION – NOUS : “Une voix sociale qui se veut positive”.

La Manufacture est allée à la rencontre des candidates de la liste “NOUS” pour les élections des élu.e.s au Conseil d’Administration. Léa Levavasseur, Marie Bourel et Clara Mothes, étudiantes en 4ème année, ont répondu à nos questions.

Pour commencer, en quelques mots, pouvez-vous présenter “NOUS” ?

NOUS : Nous avons décidé de candidater aux élections du Conseil d’Administration (CA) il y a environs un mois. Nous sommes trois en quatrième année mais notre liste inclut également un 5A, un 2A et plusieurs 1A. Nous sommes contents d’avoir des 1A car ils permettent d’apporter un regard neuf ce qui est, entre autre, l’objectif de notre liste. Personne n’a jamais siégé, personne ne s’est jamais présenté. On veut représenter les étudiants avec de nouvelles revendications. Contrairement aux autres listes il est vrai qu’on peut avoir un manque d’expérience. Mais cela peut devenir une qualité en ramenant de l’honnêteté et de la spontanéité dans l’administration.

Hormis le fait de n’avoir jamais été élus, qu’est-ce qui vous différencie des autres listes ? Qu’avez-vous que ces listes n’ont pas ?

NOUS : Le fait d’avoir de nouvelles têtes est extrêmement important. On est content de pouvoir apporter un regard nouveau dans une assemblée où les mêmes personnes siègent depuis 5 ans. D’autre part, on trouvait ça dommage qu’il y n’y ait que deux listes. Ça causait un cruel manque de débat et donc en apportant une nouvelle liste, on souhaite ouvrir la porte à un foisonnement d’idées. En plus, on ne  se retrouvait pas dans les autres listes. Concernant SUD, on aime bien leurs idées mais pas leur façon de faire. Pour ce qui est d’Avenir, on ne se reconnaissait déjà pas dans les listes desquelles ils sont issus, car elles n’ont pas assez de revendications sociales. Notre originalité est d’être une alternative sociale qui, pour autant, défend l’école en tant que telle.

Dans ce cas, peut-on dire que vous avez cherché à prendre “le meilleur des deux mondes” ?

NOUS : Non , NOUS n’est pas une fusion des deux listes préexistantes. Ce serait hypocrite de dire que nous sommes au centre. On a repris certaines idées qu’on pense essentielles mais avec une approche totalement différente.

Si vous n’êtes pas au centre, vous vous revendiquez d’un bord politique particulier ?

NOUS : On ne va pas dire qu’on est de gauche, cependant, le programme parle de lui-même. A Sciences po, il n’y a jamais eu de liste de gauche autre que Sud. C’est quelque chose que l’on ne comprend pas parce que les simulations présidentielles qui ont été faites, il y a deux ans, donnaient de forts résultats en faveur de la gauche modérée. Il serait hypocrite de dire qu’on est apolitique. Notre programme est plutôt de gauche, mais il peut sans doute parler à tous. Il n’y a pas de revendications politiques particulières, on est pas là pour revendiquer la lutte des classes. Ce sont justes nos valeurs, appliquées à l’école. En plus, nous avons un programme collaboratif donc il serait incohérent d’avoir des idées fixes, quant à notre ligne politique.

Pour vous, quelle place doit avoir la politique au sein du CA ?

NOUS : Aujourd’hui, toute idée va avoir tendance à être catégorisée dans un parti ou instrumentalisée. On va tout de suite dire, “telle idée est de gauche, telle autre de droite”. En soi, la politique nous concerne, dans le sens où nos opinions influencent notre programme, en revanche notre objectif n’est pas de porter des luttes nationales au CA. Nous avons des idéaux, que nous essayons d’appliquer à notre mesure.

Donc, pour vous, le CA n’est pas un lieu d’opposition politique ?

NOUS : Pas du tout, il doit être un lieu de discussion. Il s’agit de porter l’intérêt de l’IEP avant les intérêts politiques. Nous voulons porter les revendications sociales contre l’inégalité inhérente aux grandes écoles. Pour cela, le  CA ne doit pas être un lieu d’affrontement. L’idée est de promouvoir l’école et pas de la critiquer sans rien proposer. Nous sommes une voix sociale qui se veut positive.

Quelle approche comptez vous avoir vis à vis des problèmes des élèves ?

NOUS : Premièrement, les problèmes des élèves ne sont pas les mêmes selon les années. Par exemple le système de notation ne concerne que les 1A et 2A. D’où la présence dans notre liste d’étudiants de toutes les années. Par ailleurs, nous sommes allés nous renseigner auprès de l’administration pour comprendre l’objectif de certaines mesures qui peuvent être contentieuses .

Dans le cadre de la refonte des maquettes d’enseignement, vous vous positionnez en faveur d’une plus grande professionnalisation. Par quelles mesures concrètes cela passe-t-il?

NOUS : Nous nous sommes entretenu(e)s avec Mme Catherine Lebas qui gère les stages, au sein de l’établissement. Nous sommes d’accord pour dire qu’il y a de plus en plus de demandes de la part des étudiants pour effectuer des stages. Le problème, c’est que ces étudiants se sentent parfois dépourvus parce qu’ils n’ont pas de réseau ou ont du mal à trouver un stage rémunéré, alors même que certains ne peuvent, financièrement parlant, assumer un stage non rémunéré. Concrètement, nous voulons revaloriser les mobilités mixtes [c’est-à-dire la possibilité pour un étudiant de diviser sa 3A en deux semestres : un de stage et un dans une université]. Cela signifie qu’il faut informer les étudiants de leurs droits sociaux, les bourses possibles. Il s’agit également de revaloriser toutes les formes de professionnalisation. Même les petits boulots. Il faut également que les stages puissent représenter des crédits à valider pour qu’il y ait une véritable prise en compte. Nous souhaitons également la mise en place d’un fond pour les élèves qui font un stage non rémunéré. Il s’agirait d’une compensation financière séparée de la commission des aides sociales qui ne serait pas réservée aux boursiers. Par ailleurs, nous souhaitons avoir une formation plus professionnalisante, continue et complète. Nous voulons mettre en place des ateliers d’expression orale obligatoires, différents des exposés, car contrairement aux idées reçues les élèves de Sciences Po ne sont pas tous à l’aise à l’oral. Dans les exposés, les profs ne reprennent pas les élèves sur leurs qualités oratoires alors que c’est un aspect capital. On constate une demande énorme au Bec et la plume. L’objectif serait de réduire les inégalités car le langage est déterminant et c’est un héritage social. Ces ateliers s’inscrivent donc dans une logique d’égalité des chances dans un cadre bienveillant avec un intervenant extérieur. Les ateliers d’expression orale seraient de 10-15 personnes, donc pas sous un format de conférence. Il s’agirait plutôt de couper une conférence en deux, sur le modèle d’une fois toutes les deux semaines. Encore une fois, pour favoriser l’égalité des chances, notre logique est d’atteindre l’équité et pas uniquement une compensation financière.

Quelles sont vos armes pour convaincre le CA ?

NOUS : On a une certaine honnêteté et spontanéité. NOUS a également une propension à la discussion, tout le monde peut se retrouver sur certains points et nous sommes prêts à la concession. Il s’agit d’une réflexion collective, pas de conflit. Ceux qui sont au CA depuis longtemps peuvent manquer de recul et être dans des logiques politiques. Nous sommes pour le débat, le dialogue et la diversité d’opinion. [NB : Les 3 élèves interviewées reviennent de 3A] En revenant, on a trouvé un nouvel état d’esprit à Sciences Po. Il n’y a plus de débat. Il y a une monopolisation de la parole par un seul discours. Les autres discours sont discrédités. Il y a un monopole de la pensée qu’on trouve dommageable.Nous ne sommes pas d’accord avec le discours ambiant. De ce point de vue, nous pouvons être considérés comme réactionnaires. On nous a appris à avoir un sens critique, il faut de la diversité d’opinion et c’est pour cela qu’il faut une autre liste. Même s’il n’y a que quelques idées nouvelles, pour nous, ce sera toujours ça de pris. De plus, on a une certaine liberté, du fait qu’il n’y a pas d’héritage idéologique en comparaison aux autres listes. NOUS a donc la volonté de garder une certaine autonomie.

Vous vous revendiquez comme une plateforme collaborative mais d’une autre côté vous portez des idées fortes sur certains sujets. N’avez-vous pas peur que cela rentre en contradiction ?

NOUS : Comme dans tout programme collaboratif, il y a toujours cette crainte que nos idées ne reflètent pas l’ensemble des étudiants. Malgré tout, grâce au recul, on a réussi à faire quelque chose qui pourrait plaire à un maximum d’étudiants. Peut être que ça ne va pas plaire à tout le monde mais on reste ouvert aux suggestions. D’où notre projet de mise à disposition d’une urne pendant la campagne, afin que les élèves puissent soumettre des idées. Nous regrouperons ces idées sur un Docs pour voir comment elles sont transposées dans le programme et savoir pourquoi on les a (ou pas) prises en compte. Le but étant de tout prendre en compte. Les élèves doivent recommencer à s’investir dans ces élections.  On constate généralement un taux de participation assez faible alors que les enjeux sont importants (élection du nouveau directeur, fusion avec l’université qui peut changer la nature de sciences po, du diplôme.)

Si votre priorité est l’égalité des chances, la fusion avec l’université n’est-elle pas un moyen de rendre sciences po plus égalitaire en abolissant ses privilèges ?

NOUS : Il faut faire une différence entre l’égalité des chances dans l’école et en général. De plus, en cas de fusion, il n’y aura pas de différence dans l’inégalité des chances. Il ne s’agit pas de porter un débat de politique nationale, il existe d’autres élections pour ça.

Votre programme inclut une charte de l’environnement. Que contient-elle concrètement ?

NOUS : La charte de l’environnement est un projet diffèrent par rapport à la charte de l’égalité. Elle doit être le fruit d’un travail commun, effectuée par des groupes de travail et votée par les étudiants. Il faut une vraie transparence car c’est une de nos valeurs. Évidemment, nous on a nos idées, un exemple qui peut paraître secondaire, c’est l’aménagement, comme tout simplement le fait d’avoir des cendriers devant sciences po. Ce sont de petites mesures qui petit à petit font une différence. On attend également les propositions des associations, notamment la ruche. [NB : la ruche se déclarant apolitique, elle a refusé de donner ses propositions à une liste en particulier] Tous les étudiants ont des idées sur l’environnement donc chacun doit y mettre du sien. Par ailleurs, il y a de vraies compétences en la matière au sein même de Sciences Po, notamment avec le master développement soutenable, il faut donc en profiter. Nous voulons que ce soit une charte positive et non contraignante. On peut même faire éventuellement appel à des professeurs spécialistes.

Enfin, que diriez-vous aux indécis pour les convaincre de voter pour NOUS ?

NOUS : Tout d’abord, il y a sans doute beaucoup d’indécis pour ces élections. On leur dit (bon ça fait slogan de publicité) “voter pour nous c’est voter pour eux même”, parce qu’on a un projet où tout est collaboratif. Votez pour les étudiants et l’école. C’est un projet nouveau, qui prône l’enrichissement de chacun, et l’égalité des chances de manière non-coercitive. En fait, on est la seule liste nouvelle. Donc pourquoi pas choisir l’alternative sociale qui défend son école ? A la rigueur, même si les gens ne votent pas pour nous, l’important c’est qu’il faut voter, parce que la mobilisation est importante étant donné les enjeux. Si les élèves ne se retrouvent dans aucune liste, on les invite à venir discuter avec NOUS. Parce que la discussion et le débat font la qualité de notre école.

N’ayez pas peur de notre inexpérience parce qu’on va aller très loin et très vite.

Interview réalisée par Matteo Samson.