Une ruelle sombre, quelques drapeaux, qui pourrait croire que ce décor mène à une expérience de cinéma en réalité virtuelle encore peu répandue. Ce lieu, c’est le cinéma L’Hybride à deux pas de Sciences Po qui depuis 2007 s’est imposé comme un lieu audiovisuel d’un genre nouveau. Dans la salle de projection, point de fauteuils de cinéma ou de vendeurs de pop-corn, mais des fauteuils et un bar, le tout dans une ambiance chaleureuse. En effet l’accent est mis sur l’échange et la culture. Rien d’étonnant que la salle de projection accueille l’expérience en réalité virtuelle du festival de court métrage de Lille.
Devenir acteur du film
Dans une petite salle sombre en annexe, le visiteur est invité à enfiler un casque pour se couper de la réalité et mettre les pieds dans la fiction. « Au début j’avais un peu peur » avoue une étudiante de l’université de Lille. Habituée du festival, c’est la première fois qu’elle a l’occasion de tester cette nouvelle technologie. « C’était trop court ! » déclare-t-elle finalement après avoir vogué sur un bateau, en immersion totale. Libre de bouger, tout en sécurité, le visiteur explore les propositions de trois réalisateurs en animé ou en prises de vue réelles. A l’extérieur, la scène peut paraître curieuse : une poignée de personnes bougent dans tous les sens enfermés dans un casque, le tout dans une ambiance tamisée. A l’intérieur du casque : le spectateur peut avoir une expérience personnelle à bord d’un bateau, voir à travers les yeux d’une petite fille ou encore explorer une ville entière. « C’était ouf ! J’avais l’impression d’être actrice du film » déclare Sofia d’un air enthousiaste, à la sortie. Le spectateur peut effectivement choisir comment regarder le court-métrage. Dans Vaysha l’aveugle, on peut ainsi voir le passé ou le futur selon que l’on ferme l’œil droit ou gauche, chaque visionnage est dès lors diffèrent. Dans Archi-Vrai, on se balade dans des villes chinoises qui ont copié à l’identique les grandes capitales européennes, on s’y croirait !
La 3D déjà oubliée
De plus, ce nouveau format se prête bien aux courts-métrages. Rester trop longtemps dans une telle expérience immersive pourrait être déstabilisant.. Au bout de 40 minutes de visionnages, Sofia avoue déjà avoir un peu mal au ventre. Mais pas de panique ! Un encadrant est toujours présent en cas de besoin, en rappelant que chacun peut arrêter à tout moment. Limitée à quelques places pour cette édition, la réalité virtuelle dans le court-métrage a donc de beaux jours devant elle. La 3D est même déjà oubliée. Un festivalier confesse même qu’il verrait bien la création d’une catégorie « réalité virtuelle » pour l’année prochaine. Alors tenez-vous prêt !
Alban Leduc