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Paroles d’anciens – Thomas Lesser, doctorant contractuel en philosophie : « Si l’on a un projet établi, une poursuite d’études peut être tout à fait bénéfique »

L’enseignement et la recherche en passionne sûrement plus d’un parmi vous. Toutefois, savez-vous vraiment à quoi vous attendre en devenant doctorant ? La Manufacture a rencontré Thomas Lesser pour vous. Ce jeune diplômé du master MAP (métiers de l’action publique), nous raconte son quotidien, entre bibliothèque et corpus de thèse.

Quelle est votre situation actuelle ?

Thomas : Je suis actuellement doctorant contractuel en philosophie à l’Université de Reims au laboratoire de recherche CIRLEP (Centre interdisciplinaire de recherche sur les langues et la pensée). Le contrat a commencé en octobre 2018 et se termine en octobre 2021.

Comment êtes-vous devenu doctorant à l’université de Reims ?

T : Après mon passage à Sciences Po, j’ai été admis sur dossier à l’ENS de Lyon. J’y ai d’abord effectué un master en Histoire de la pensée politique avant d’en faire un autre en Histoire de la philosophie, me permettant de candidater à un contrat doctoral en philosophie.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler “à l’école” ?

T : J’avais toujours conservé un intérêt personnel pour la discipline philosophique en dehors de mes études en science politique. J’ai ressenti l’envie, après l’obtention de mon diplôme, de poursuivre dans cette voie-là. Si l’on a un projet établi, une poursuite d’études peut être tout à fait bénéfique. Dans le domaine de la philosophie, le passage par un master recherche et/ou une thèse est à ce titre judicieux.

Quels sont les inconvénients d’une poursuite d’études ? Y-a-t-il des débouchés ou très peu pour le(s) métier(s) qui vous intéressent ?

T : Cela dépend de la personnalité mais poursuivre encore sur plusieurs années des études (avec ce que cela implique en termes d’investissement personnel, de travail solitaire, de rédaction de mémoires, etc.) peut sembler rébarbatif et inutile. Dans le domaine où j’évolue, le débouché naturel est dans la recherche et l’enseignement, ce qui peut sembler relativement restreint.

Pourriez-vous me décrire une “journée-type” ? Ce que vous faites quand vous travaillez ?

T : Une journée type se fait en général pour ma part dans une bibliothèque en compagnie des livres de mon corpus de thèse, d’un ordinateur, de feuilles et d’un stylo. Dans la première phase de la thèse, un gros travail de recension des connaissances est indispensable, en se rapportant tout d’abord, pour ce qui concerne mon sujet aux textes de première main (les auteurs concernés) avant de s’atteler au traitement de l’exégèse (explication d’un texte ancien difficile à partir de son étude grammaticale, ndlr) sur le sujet en question. À partir de là, on peut commencer à s’inscrire dans les débats relatifs au sujet et à développer son propre avis de chercheur.

Quel métier vous intéresse après vos études ?

T : J’espère pouvoir accéder à un poste d’enseignant/chercheur, sans doute d’abord en tant que vacataire, ou ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche, ndlr) et pourquoi pas un jour accéder à la maîtrise de conférence.

Y-a-t-il des savoirs à acquérir en dehors de Sciences Po ?

T : Je pense qu’il faut avoir un solide appétit intellectuel pour sa discipline et son sujet. Ce qui assure dès lors une envie de travailler beaucoup et de s’astreindre à un certain rythme de travail, étant donné la certaine liberté que procure la thèse. Il faut également une certaine abnégation, dans la mesure où certaines journées ne sont pas nécessairement porteuses de tous les fruits qu’on voudrait.

À titre personnel, j’ai dû former un projet de recherche pour bifurquer vers un parcours en philosophie. Donc il faut évidemment avoir un intérêt personnel pour la discipline vers laquelle on compte se diriger. Et pourquoi pas avoir mené un double parcours à l’université en parallèle de Sciences Po.

Pensez-vous que le métier que vous exercerez sera compatible avec une vie de famille et/ou personnelle ?

T : La vie d’enseignant chercheur me semble tout à fait compatible avec une vie de famille. Certains chercheurs ayant un haut niveau de responsabilités ont des horaires contraignants. Mais, pour ma part, le travail en bibliothèque à des horaires “de bureau” est possible. La plupart du temps, je peux rentrer à 19h30 chez moi après la fermeture de la bibliothèque.

Un conseil pour les étudiants de Sciences Po Lille qui voudraient faire de la recherche ?

T : En s’y prenant un peu à l’avance lors de la dernière année du diplôme, il est envisageable de travailler sur un projet de recherche afin de candidater à un master recherche. Si un intérêt disciplinaire se fait plus fort dans un certain domaine, voire constitue une passion, cela peut en valoir la chandelle. Peu importe que cette matière soit enseignée à Sciences Po ou pas, d’ailleurs. Quoi qu’il en soit, sur le plan méthodologique comme sur le plan du contenu, la formation à Sciences Po demeure très utile par-delà le diplôme obtenu. Et ce même si parfois la pluridisciplinarité prônée au cœur de l’Institut peut sembler aussi stimulante que déroutante.

 

Quelques liens utiles pour votre orientation :

 

Marion Galard