Louise Motte revient dans nos colonnes avec précision sur son année passée à Osaka (Japon). Elle décline son expérience, ses voyages, ses impressions…
La ville d’Osaka
Osaka est une ville qui vie !
Assez peu touristique comparée à sa voisine Kyoto, Osaka est une ville très diverse où chaque quartier a sa propre atmosphère et population. Ne t’attends pas au Japon des cartes postales quand tu viens à Osaka. Capitale de la nourriture tu pourras te délecter des différentes spécialités de la ville (takoyaki, okonomyaki…).
Si c’est une grande ville, l’ambiance est différente de Tokyo. Ici, ne penses pas trop aux fameuses règles de politesse japonaise que tu trouves un peu partout dans les guides ou sur Internet.
Attention, ne te méprends pas, les règles de conduites restent plus sévères qu’en France mais tu n’auras pas de regards assassins si tu traverses la rue alors que le feu est rouge ou si tu manges en marchant.
Le Kansai est plus détendu sur ce genre d’étiquette.
Malgré tout, il est convenu de rester calme dans les transports, faire la queue et user sans modération de remerciements et de se pencher lors d’achats ou de rencontres.
Osaka est aussi connue pour sa vie nocturne. Je te conseille de traquer sur Facebook les nombreux évènements auxquels tu pourras participer.
Il y en a pour tous les goûts musicaux. Après quelques verres, les Japonais s’ouvrent plus et chercheront souvent à te parler qu’ils maitrisent l’anglais ou non !
Pour les soirées, mais pas uniquement, je te conseille le quartier d’Americamura connu pour ses friperies, skateurs et bars en tout genre. C’est dans ce quartier que tu pourras croiser des Japonais aux styles les plus excentriques et futuristes. Absolument à faire !
Voyage
Au Japon
Après avoir arpenter les quartiers d’Osaka, je te conseille de vadrouiller dans le Kansai qui est une des régions les plus riches du Japon en destinations touristiques. Tout d’abord, la célèbre Kyoto qui est à 1H30 de train d’Osaka où tu pourras vagabonder dans ses quartiers aux maisons traditionnelles, visiter les nombreux et splendides temples de la ville ou encore aller rencontrer les singes Japonais à Arashiyama.
A égal distance de Kyoto, tu pourras aussi voir Nara et ses fameuses biches en liberté ou faire un tour à Kobe. Un peu plus loin, tu pourrais aller voir le village d’Ise où les maisons sont directement bâtis au rebord de l’eau ou encore descendre vers Wakayama.
Si tu es friand de randonnée ou que tu as besoin d’un bol de nature, différentes montagnes sont très faciles d’accès depuis Osaka par le métro. En une heure, tu peux te retrouver loin de tout paysage urbain. Le Mont Rokko qui donne une vue de Kobe et Osaka ainsi que le Mont Hiei truffé de temples classés au patrimoine mondial de l’Unesco sont pour moi des incontournables de la région.
En dehors du Kansai, tu peux voyager très facilement dans tout le Japon en prenant l’avion ou le bus. En tant que résident permanent, tu n’as malheureusement pas le droit au JR pass. Dès lors, le Shinkansen revient extrêmement cher (compter dans les 200 euros pour un aller Osaka/Tokyo).
Dans les destinations, tu as l’embarras du choix ! Tokyo est bien évidemment inévitable mais ne néglige pas les autres régions du Japon tout aussi riche en découverte et en aventure. Le Japon est un pays très divers dans ses paysages passant des îles paradisiaques d’Okinawa au climat sibérien en hiver d’Hokkaido !
Si tu cherches une façon économique de voyager, tu pourrais faire du WWOOFING (bénévolat dans une ferme biologique contre logement et nourriture) ou un Work away (travailler gratuitement dans des instances de tourisme contre logement et nourriture).
J’ai fait un WWOOFING pendant la Golden Week (semaine de vacances en mai où plusieurs jours fériés s’enchainent) et c’était super. Ça m’a donné l’occasion de rencontrer plus de Japonais et de vivre dans la campagne si belle du pays.
Voyages organisés
Deux voyages seront organisés par l’université pendant l’année. Ils sont gratuits et durent deux jours. Dans mon année, nous sommes partis à Hiroshima et à Koya-San. Je te conseille fortement d’y participer car ils sont très bien organisés et qu’on nous y traite comme des rois (nuit dans un temple, nuit dans une auberge avec un osen) mais aussi car tu apprends à mieux connaitre les personnes de ton programme et aussi tes accompagnateurs !
En Asie
Entre tes deux semestres, tu auras deux mois de vacances ce qui te laisse beaucoup de temps pour voyager. Tu peux faire le choix de barouder dans le Japon ou tu peux faire comme moi et partir faire un tour des pays d’Asie du Sud Est (plus abordable !).
Tu pourras facilement et pour un prix correct partir aux Philippines, au Vietnam, au Myanmar, au Cambodge ou encore en Corée du Sud !
Envoie des cartes postales à ta famille et tes amis. Au Japon les timbres sont très peu chers (0,6€) et ta carte arrive en une semaine au destinataire.
L’université
L’université d’Osaka est très grande, elle s’étale sur trois campus différents, ce qui peut demander un certain talent en organisation et logistique mais j’y reviendrais.
Des trois différents campus, c’est celui de Toyonaka où tu passeras le plus de temps car c’est sur celui-ci que sont donnés les cours de japonais. Il est très bien équipé avec de nombreuses cafétérias aux prix abordables, un ATM pour retirer de l’argent (très important car au Japon tout, ou presque, se paie en liquide), une poste (pratique aussi car la poste qui sera aussi ta banque ferme très tôt, il est plus facile d’y aller entre deux cours qu’en fin de journée), des convenience stores pour t’acheter des snacks en tout genre et le bureau des internationaux où tu pourras avoir du café pas cher, imprimer pour 1 yen (soit 0,008 centime d’euros) et parler avec le ou la coordinateur/rice si tu as des questions ou des problèmes. Le Japon est un pays très pratique en général, tu trouveras donc tout ce dont tu as besoin sur les campus.
Les cours
Comme mentionné précédemment, tu pourras prendre des cours de Japonais pendant ton échange. Ils correspondent à quatre crédits ECTS. Cependant, je n’en garde pas un très bon souvenir. L’apprentissage est très rapide et assez confus. La pédagogie est un peu bancale avec certains professeurs qui ne parlent pas très bien anglais. Je ne te conseille pas de compter sur ces cours pour apprendre ou améliorer ton japonais. Le plus efficace restant de parler avec des japonais et/ou d’étudier par toi-même. Les cours de japonais sont sur la première plage horaire de la journée du mardi au jeudi ce qui te permet d’avoir de long week-end si tu le souhaites.
Au début du semestre, tu pourras choisir tes cours. Chaque cours vaut deux crédits ECTS. Au premier semestre, la liste des cours est assez variée allant des mathématiques à la littérature en passant la sociologie ou le droit. Toutefois, il faut faire attention au campus sur lequel se trouve les cours. Si les différents campus sont reliés par un bus gratuit, ils restent assez éloignés ce qui ne permet pas de prendre deux cours d’affilés sur deux campus différents. L’université te laissera dix jours pour tester les cours qui t’intéressent et pouvoir faire ton choix définitif ensuite.
Pour la qualité des cours tout dépend des professeurs. Il ne faut pas s’attendre à découvrir en profondeur une nouvelle matière. Beaucoup des enseignants ont un anglais correct, certains sont même des anglophones mais d’autres restent assez compliqués à comprendre. Je te conseille de tester tous les cours qui t’intéressent lors des dix jours de « try out » pour ne pas avoir de mauvaise surprise.
Pour la notation, les exigences sont assez basses même si certains cours peuvent demander du travail (lecture, mini essai chaque semaine etc…).
La vie associative
Il y a une association qui a pour rôle d’accueillir les étudiants internationaux. Elle organise des soirées et des activités tout au long du semestre. Il y a aussi des cafés de langue auxquels tu peux participer. Ils sont faits pour que les étudiants japonais pratique une langue étrangère. Ils se font sur le temps du midi et sont rémunérés.
La vie associative au Japon est assez importante. Tu pourras voir sur les différents campus, des gens pratiquaient de la danse, du chant voir du jonglage. Cependant les étudiants internationaux en sont assez exclus. En effet, peu d’étudiants japonais parlent anglais, il faut donc un certain niveau pour pouvoir communiquer et s’intégrer dans les clubs ou tout simplement avoir les informations sur ces clubs. De plus, les clubs sont payants et demandent un engagement important (être présent tous les jours). Certains étudiants sont parvenus à intégrer certaines associations mais cela reste assez compliqué.
Logement
Différents logements sont proposés par l’université. Il y a des chambres en logement universitaire et des appartements à partager avec deux autres personnes. Tu pourras demander le dorm que tu souhaites en fonction de certains critères (prix du loyer, proximité avec les campus etc). Si tu es une fille, je te conseille le dorm de Tsukumodai où il fait bon vivre comparé aux autres logements. Il est équipé d’un grand lobby avec une télévision, des jeux de sociétés, une grande cuisine et des instruments de musique. La plupart des locataires y passent beaucoup de temps et il est facile d’y faire des rencontres. Chaque soir, il y a un tuteur japonais qui reste dans le lobby pour t’aider avec tes devoirs en japonais, tes papiers administratifs ou si tu as besoin de conseil. Les tuteurs organisent aussi des soirées (Welcome party, Halloween, Christmas…) et des évènements de la culture japonaise. Le seul hic c’est qu’il est assez loin des campus. Pour les autres logements universitaires, il y a moins de vie de communauté. Dans les plus chers, tu as une sorte de petit studio, donc chacun reste un peu chez soi. Sinon la propreté reste assez à désirer, surtout au dorm des garçons de Seimei qui est proche du campus mais très sale (vomi dans les lavabos, pas de papier toilette…).
Pour leur localisation, les dorms restent assez loin d’Osaka car les campus se trouvent dans les villes avoisinantes. Il te faudra entre 20 et 45 minutes de métro pour atteindre la ville.
Pense aussi que les métros s’arrêtent vers minuit et reprennent à 5 heures du matin. Sortir le soir requiert une petite organisation sachant qu’il n’y a pas de Uber et que prendre le taxi reste relativement cher.
Coût de la vie
Le Japon est cher, je ne pense pas que ce soit une grande nouvelle. Il n’y a pas de système d’abonnement pour les transports. Le prix des trajets s’accumulent rapidement et pèsent sur ta bourse. La nourriture dans les supermarchés est aussi assez chère, surtout les fruits et les légumes. Daiso et autres magasins à 100 yens seront tes amis !
Une chaine de supermarché discount Gyumo pourra aussi être une bonne aide si tu es plutôt serré en fin de mois. En plus, tu pourras y trouver des produits occidentaux pour quelques yens (pois chiche, haricots rouge, beurre…).
Comme les Japonais prennent soins de leur affaire, je te conseille aussi de faire un tour dans les friperies et magasins de seconde main si tu as besoin de quelque chose. Tu pourras trouver des livres en anglais dans certains magasins de la chaine « Book Off ».
Si tu es en quête de petit meuble, d’appareil de cuisine, de CD, d’appareil électronique, d’appareil photo, d’instrument de musique ou encore de vêtement, il faut que tu ailles faire un tour dans un « Hard off » où tu pourras trouver tous ces produits dans un même magasin à des prix défiants toute concurrence.
Au Japon tu ne trouveras pas les mêmes produits qu’en France. Penses donc à apporter certaines choses dans ta valise. Pour les vêtements, les Japonais sont menus et assez petits, il peut être parfois compliqué de trouver des pantalons ou des chaussures à ta taille.
La même chose va pour les sous-vêtements, si tu es une fille à forte poitrine, tu ne trouveras pas de soutien-gorge à ta taille là-bas. Leurs cosmétiques sont aussi assez douteux dans leur composition et très irritant pour la peau. Tu pourras trouver quelques marques occidentales comme Nivéa ou Dove mais je te conseille de ramener tes produits d’hygiène si tu veux quelque chose qui respecte un peu ton organisme.
Pour ce qui est des produits d’hygiène intime, ne croit pas les sites Internet, il y a des tampons et des serviettes dans à peu près tous les supermarchés (même si c’est plus économique d’avoir ses propres protections réutilisables). Enfin, prends des préservatifs ! Les capotes japonaises sont d’une piètre qualité et se brisent très facilement. Si tu veux éviter de payer une pilule du lendemain à 150 euros ou dans le pire des cas avorter pour 800 €. Fais-moi plaisir et fais le plein avant de partir.
Le mot de la fin
Au Japon, tu ne vas pas tout comprendre. Tu vas te sentir perdu et dépassé. Tu vas te tromper et faire des erreurs. Les actions de la vie quotidienne si anodines en France comme faire ses courses, demander un renseignement quelque part ou remplir un formulaire, vont te paraitre compliqué et répondant à une logique que tu ne comprends pas.
Mais ne t’inquiètes pas car tu seras aussi émerveillé par la beauté de la nature et de l’architecture. Tu vas être stimulé par cette nouvelle culture si différente de la nôtre. Tu vas rencontrer des gens extrêmement bienveillants et gourmands de rencontre. Tu vas vivre des choses que tu n’aurais jamais connu si tu étais resté en France, et je pense que c’est une raison suffisante pour y partir.
Louise Motte
A la une : une Enseigne de restaurant dans le quartier de Namba.