La disparition de Kobe Bryant a laissé un vide dans le monde NBA, comme beaucoup j’ai ressenti le besoin d’écrire, une histoire personnelle du Black Mamba
Par où commencer… Je suis fan des Spurs, et Kobe c’était le rival, c’était les Lakers, Los Angeles et des séries de Playoffs interminables. Pourtant ce matin je suis perdu, l’impression d’être dans un mauvais rêve, un de ceux dont tu ne te réveille pas.
Pour les fans de basket de notre génération, Kobe représentait l’abnégation, la rage de vaincre, la Mamba Mentality. Il avait ses suiveurs, ses adorateurs, mais aussi ses détracteurs, qui lui reprochaient son égoïsme, son arrogance ou son individualisme sur le terrain. Il faut dire qu’il n’y avait qu’une chose qui l’intéressait : le panier. Il ne le quittait jamais des yeux. Kobe était un scoreur, ultime, une de ces machines infernales que tu ne peux arrêter quand elles commencent à chauffer. Et des soirées prolifiques, il en a eu, comme ce mois de février 2003, où pendant 16 matchs consécutifs il a dépassé les 40 points, ou encore ce record en carrière, 81 points un 22 janvier 2006 contre les Raptors.
Mais Kobe, c’était aussi le leadership, un acharné du travail toujours plus exigent avec lui-même, mais aussi avec les autres, coéquipier, staff, entraineur, … Après ce triplé au début des années 2000 dans un rôle de lieutenant de luxe, c’est tout seul, en franchise player, qu’il est allé gagner deux titres, en 2009 et 2010. Une carrière divisée en deux, deux numéros, pour deux basketteurs différents, deux hommes différents : le Kobe n°8 avec des cheveux, athlète incroyable, scoreur, arrogant et difficile à vivre y compris pour ses coéquipiers (demandez au Shaq) ; et le Kobe n°24, sans les cheveux, moins scoreur mais plus gagneur et leader, et plus humain aussi, plus apprécié et reconnu.
Si Kobe tient une place si particulière pour toute une génération, que l’on soit ou non un fan du Mamba, c’est aussi parce qu’on n’a pas vu Jordan, qui l’a tellement inspiré. Il incarnait ce mimétisme, poussé à l’extrême, tant dans les gestes que dans l’attitude. Des moves volés, copiés et reproduits à la perfection, une rage de vaincre et une haine de la défaite, voilà ce que Kobe a repris du numéro 23 des Bulls. C’était un Jordan, moins parfait, avec des défauts, des travers qu’on lui reprochait, mais qui le rendaient plus humain encore. Cette humanité, c’est finalement lorsqu’il s’est blessé qu’elle a fait l’unanimité. Un 12 avril 2013, à quelques jours de la fin de la saison régulière, dans son jardin du Staples Center, face aux Golden State Warriors, Kobe se rompt le tendon d’Achille. Il se relève alors et tire ses lancers-francs sur un jambe malgré la douleur, pour remettre son équipe à égalité, puis il sort sous les ovations du public. C’était aussi ça, la Mamba Mentality, ne pas laisser le coach adverse choisir le tireur.
Voilà pour cette petite histoire, personnelle, forcément imparfaite mais qui je l’espère permettra aux fans de basket et aux autres de mettre des mots sur la disparition trop précoce d’une légende du sport, d’une icône planétaire. Sa post-carrière était déjà bien lancée, partagée entre la production et l’entrainement de Gianna, sa fille disparue elle aussi dans l’accident. Il laisse derrière lui une famille, mais aussi un monde du basket endeuillé par sa disparition.
RIP Black Mamba
Hugo Jumelin