La capitale des Flandres n’est naturellement pas une terre de ballon ovale. Pourtant, à la veille du lancement du Tournoi des 6 nations, La Manufacture a essayé d’y remédier, pour un temps. Entre analyse et pronostics, les meilleurs réactions de nos étudiants et professeurs, novices ou pas, sont à retrouver ici, en attendant le Crunch…
“L’objectif c’est pas de gagner les 6 nations en 2019, mais de gagner la coupe du monde en 2023”, Matthieu Marchat
Nous sommes partis à la pêche aux Moules. Force est de le constater, peu sont familiers avec l’univers rugbystique. Il faut alors concentrer nos recherches sur deux cibles : les Valkyries et le XV Palien.
Loin d’un chauvinisme, plutôt le hasard (si si) nous fait nous concentrer d’abord sur le cas de LA FRANCE. Crédibles, on ne l’est pas franchement mais qu’en est-il des hommes de Galthié ? “Trop jeunes” haranguent certains. Il faut dire qu’il y a eu du vrai tri. Les arrières comme Médart ou Huget, respectivement 33 et 32 ans ont été gentiment remerciés. L’atout “fougue” a donc été préféré à celui de l'”expérience” . Un pari pour l’avenir ? Matthieu Marchat, arrière du XV Palien le résume d’une fine analyse : “L’objectif c’est pas de gagner les 6 nations en 2019, mais de gagner la coupe du monde en 2023”. Cela fait tout de même rire jaune : sur 42 joueurs appelés, 20 ne comptent pas une, deux ou trois mais plutôt zéro sélection. Eddy Jones, coach des anglais l’a même fait remarquer publiquement, ces jeunes joueurs n’ont jamais été confrontés à l’intensité et à la violence physique prévues ce dimanche. Un match saignant donc, pile la bonne cuisson pour des Rosbeefs…
“Je serais bien chauvin, mais…” Freddy de l’accueil
Cela n’empêche toutefois pas d’être optimistes pour certains. Je cite : “La France !!!!!!!!!” s’exclamait -apparemment beaucoup- une Valkyrie. Thomas Ladonne, régulier présentateur du fameux Road to the Crit, saga de Sciences Po Lille TV, s’est même un temps cru au handball : “La France méritait de gagner le Mondial, elle doit donc l’emporter cette fois-ci”. Non que nous voulions entretenir notre chère réputation de “journal officiel de l’administration”, on s’accorde davantage avec les hésitations d’une représentant de celle-ci, j’ai nommé Freddy de l’accueil. Plus calé en foot, il nous parait tout de même plus réaliste : “je serai bien chauvin mais…ça me parait compliqué. Pourquoi pas l’Ecosse.”
“Le rugby ? (rires) Je ne savais même pas que c’était un sport”, M. Giuliana
Le reste de l’administration lilloise reste quant à elle dubitative, noble façon journalistique de signifier “inculte”. Les Nordistes tiennent leurs promesses, lorsqu’au mot “essai” ils associent davantage Montaigne que Damian Penaud… On ne peut plus clair avec Monsieur Giuliana, un penchant moqueur quant à notre travail d’investigation non simplifié : “Le rugby ? (rires) Je ne savais même pas que c’était un sport”. Ni de M. Cherrier, ni de M. Baudu -pourtant toulousain- n’ont le début d’un commencement d’un prémisse de pronostic. Rassurons-nous (ou pas), une majorité d’étudiants n’a également pas d’avis ni de connaissance sur l’existence-même du tournoi. Ça sera par exemple “la Chine” pour Anouk Souliez qui gagnera cette année…
Alors qui ?
Outre les “je suis pour les vainqueurs” (Clémentine Viallon, 1A), nous pensons nécessaire de vous laisser tout de même avec un semblant d’analyse et de vrais pronostics. Sans trop nous mouiller, malgré son appétit, l’Italie, sans son emblématique capitaine Sergio Parisse, tentera seulement d’éviter “la cuillère de bois” (dernière place) qui ne lui échappe pas depuis quatre ans d’affilé. Nous ne voyons pas non plus l’Ecosse (désolé Freddy) remporter le tournoi, une équipe à ne pas sous-estimer mais tout de même orpheline de leaders. Greg Laidlaw retraité, le chardon s’additionne les épines quand Finn Russell est exclu du groupe pour des problèmes de comportement. Alors qui ? Les quatre équipes restantes sont le plus susceptible de croire en la victoire.
La rose et le trèfle
L’Angleterre, vice-championne du monde en 2019 et le Pays de Galles reviennent néanmoins le plus souvent, respectivement les pronostics de messieurs Roy et Cazalets. Forcément le XV de la Rose a soif de revanche et a les atouts pour faire parler sa technique. Les gallois, moins impressionnants sur le papier, restent une équipe très cohérente tant dans sur la défensive que l’offensive ; demi-finalistes du Mondial ils sont pour nous à même de s’adjuger la victoire dans un calendrier qui leur offre trois matchs sur cinq à domicile.
French Flair ?
Manquent donc à la liste l’Irlande et la France. La première arrive au bout d’un cycle. Jonathan Sexton, 34 ans, emporte avec lui une génération de trentenaires qui peuvent tout à fait faire déjouer ses adversaires à l’expérience, sans négliger leurs quatre feuilles du trèfle, un emblème parfois très pratique… Nous avons commencé chauvins, nous finirons chauvins : 10, c’est le nombre d’année qui nous séparent de la dernière victoire du XV de France dans le tournoi des 6 nations. Depuis, le rugby français enchaîne les déceptions avec un seul podium en neuf éditions. Sans inspiration, avec des coaches et des joueurs trop souvent dépassés, le niveau de nos Bleus s’est doucement éloigné de celui des meilleures nations. Cependant, la récente Coupe du Monde a fait renaître ce brin de folie, le fameux “french flair”, longtemps marque de fabrique du XV du coq. Cette renaissance s’accompagne de l’arrivée d’une génération dorée, doubles vainqueurs de la coupe du monde U20 qui entre espoir et flou, nous posent forcément des questions.
“Il y a forcément du potentiel dans cette équipe”, Robin Perera
Sur le sujet, quoi de mieux de laisser le dernier mot à l’un des coachs du XV palien, Robin Perera : ” Même si ce XV de France est fortement rajeuni, assez inexpérimenté, moi ça me fait plaisir de voir de nouvelles têtes, de très jeunes joueurs. Il y a forcément un potentiel dans cette équipe. J’ai tellement été déçu ces dernières années que je préfère rester tout de même patient et ne pas trop m’emballer. Le staff est plutôt intéressant avec Laurent Labit et Shawn Edwards par exemple, même si j’ai toujours eu du mal avec le coaching de Fabien Galthié.”
Indécis, nous le sommes tous. Dès demain nous aurons une première réponse. France-Angleterre alias le Crunch (16h, France 2) quoi de mieux pour démarrer un tournoi prometteur ? S’il ne fallait retenir qu’une chose, citons finalement une source anonyme : “Si on gagne, on retourne la RPC”.
Clément Rabu et Erwan de Botmiliau