Le mois de février accueille un des plus grands événements de la région : le carnaval de Dunkerque. D’une renommée internationale, c’est l’événement de la région à ne pas manquer pour vivre le vrai carnaval.
Car oui, si le carnaval véhicule des images d’alcool et de fête, c’est avant tout une vraie tradition qui date de l’époque de la pêche en Islande. Avant de partir pour des mois en mer, tous les pêcheurs se réunissaient dans une auberge pour célébrer la « foye ». Hommes et épouses chantaient et dansaient, et dès le XVIIIème, les pêcheurs mirent des masques et défilèrent dans la rue : ainsi est née la Bande des pêcheurs, la Visschersbende. Le carnaval de Dunkerque, ce sont les bandes qui ont lieu dans les différents villes et villages de la région dunkerquoise, chaque dimanche pendant trois mois. La magie du carnaval, c’est le lien entre tous ces masquelourds des jours durant, de 7 à 77 ans. L’âme du carnaval, c’est défiler par tous les temps, chaque année et prendre part à cette tradition si chère.
S’il dure de janvier à début avril dans la région, c’est surtout les “Trois Joyeuses” qui font du carnaval de Dunkerque une fête si spéciale aux yeux de ses habitants : trois jours de bandes, de bals dans les différents quartiers de la ville qui ont lieu pendant mardi gras et les deux jours précédents.
Le véritable carnavaleux fait le bal du samedi soir, l’avant-bande du dimanche matin et la bande dans l’après-midi. Il se rend dans les Chapelles, qui ouvrent leurs portes pour offrir un peu de chaleur lors de ces journées passées dans le froid hivernal. Car oui, il fait froid dans la bande de Dunkerque, mais rien de tel qu’un bon chahut pour se réchauffer.
La bande de Dunkerque, qui peut ressembler à un désordre carnavalesque, suit pourtant un vrai rituel. Les masquelourds se griment, se mettent de la peinture, s’en foutent plein la figure, s’habillent avec de vieux habits, sortent leur grand parapluie, alors parés pour le carnaval et heureux d’être Dunkerquois, ils suivent au pas la fanfare guidée par le Tambour-major, qui reprend des airs connus de tous.
Quand les cuivres et les tambours résonnent, la foule se resserre et se lance dans un chahut. Les parapluies colorés se balancent alors sous un ciel, souvent gris, météo oblige et la foule entonne ces mélodies qui font la fierté des Dunkerquois.
Pour soutenir toute la bande, la première ligne montre ses plus beaux atouts, qui tiennent, à la force de leurs jambes et de leurs bras noués, des centaines de carnavaleux acharnés. Puis tout le monde se retrouve sur la place de la mairie, où ils appellent le maire au balcon pour recevoir les kippers si attendus. La place sous une météo grisonnante et un hiver brumeux se pare d’une couleur digne des endroits les plus exotiques, et chaque Dunkerquois rêve, d’attraper le graal : la frite jetée par Patrice Vergriete, l’actuel maire de la ville pour avoir sa place au balcon l’année suivante. Cette tradition évolue selon le nom de celui-ci. Les Dunkerquois ont ainsi crié « Delebarre des homards » ou encore « Prouvoyeur, des kippers ». Les kippers sont restés, le maire est parti : telle est la puissance de la tradition. Ainsi, si vous entendez la bande clamer « libérez les harengs » sur le parvis de la mairie : levez les yeux et prenez garde à ne pas vous faire écrabouiller par ces carnavaleux affamés.
La bande se clôture par le rigodon final, en chantant le Salut à Cô-Pinard et l’hymne à Jean-Bart sur les rythmes des fifres et des tambours au pied de la statue de ce corsaire devenu le symbole de la ville du Nord. Alors que les masquelourds vêtus de leur plus beau cletche entament les airs de sa cantate, l’air le plus poignant de tout le carnaval, à genoux sur la place, Jean-Bart s’élève au-dessus de ces Dunkerquois qui laissent leur âme parler dans ce rigodon final. Au centre, les musiciens vêtus de leur ciré jaune, ne faiblissent pas, malgré la fatigue et le froid, car après tout, eux aussi sont heureux d’être Dunkerquois. C’est alors là, la vraie magie du carnaval dunkerquois.
Le carnaval c’est donc le lieu de réunion de tous les Dunkerquois, peu importe son âge, sa profession : tout le monde est accepté. On ne distingue pas ni maire et administrés, ni prof et élève, ni médecin et patient, et si on se croise on se demande « Qu’est-ce ça dit ? ». A Dunkerque, tout le monde est accepté, dès qu’on respecte les règles de ce si fameux carnaval.
Alors, à vos agendas : pour vivre la bande de Dunkerque, réservez votre dimanche 23 février ; sinon, rendez-vous sur le site de la ville de Dunkerque pour avoir toutes les dates des bandes de la saison carnavalesque !
Laura Spicht
Crédit photos : Musicograph et DKC – Dunkerque au cœur
(à retrouver sur Facebook pour toute information et photos du carnaval)