Le XV de France s’est incliné 22-19 sur la pelouse de Twickenham face aux Anglais, ce dimanche 06 décembre. Au cours d’un match rocambolesque, les Bleus ont pourtant dominé leurs adversaires, et conquis le cœur des supporters.
15h, Twickenham, Londres. Le groupe France affronte le XV de la Rose, devant les yeux de 2000 spectateurs. En raison d’une norme maximale de trois feuilles de match par joueur, Fabien Galthié, le sélectionneur, a titularisé des deuxièmes ou troisièmes choix. Eddie Jones a quant à lui aligné ses finalistes de la dernière Coupe du Monde – à l’exception de Ellis Genge, Joe Launchbury et Henry Slade. Une opposition au préalable déséquilibrée : 787 caps contre 83, 27,2 ans de moyenne face à 23,8 ans. Les médias britanniques qualifient cette rencontre de « grande farce » à la vue de l’opposition proposée. Une farce transformée en jour de grâce par Baptiste Couilloud et consort.
Les Bleus font déjouer le XV de la Rose
Le plaquage de Cameron Woki à l’entame de la rencontre illustre l’état d’esprit qui se dégage de ce groupe. Une (trop ?) grande agressivité, une technique de plaquage à la hauteur de l’évènement, et une solidarité remarquable. Le jeu offensif, à la différence du match face à l’Italie le week-end dernier, est intéressant. Matthieu Jalibert, demi d’ouverture, nous le fait vite comprendre. Il attaque l’intervalle, ouvert par une montée rapide de Farrell, raffute Jamie Georges et transmet le cuir à Brice Dulin, qui glace Twickenham. Puis, les Bleus continuent leur guerre de tranchées. L’attelage Pesenti-Geraci sur-performe, la troisième ligne cisaille et les centres dominent. Le sauvetage devant la ligne d’en-but, avant la mi-temps, n’est qu’un avant-goût de l’esprit conquérant qui émerge en seconde mi-temps.
Le XV français fait jeu égal avec les Anglais. Un miracle pour des joueurs qui se sont rencontrés deux semaines auparavant. À l’instar d’un Brice Dulin en forme internationale, les jeunes nous régalent. De leur côté, les hommes d’Eddie Jones déjouent : ils gâchent leurs munitions, perdent leurs lancements en touche (98% de réussite en touche avant cette rencontre) et Owen Farrell dévisse face aux poteaux. Seule la mêlée blanche embête les tricolores. Une rencontre parfaite jusqu’à la 79ème minute : deux en-avant douteux et une pénalité suffisent aux vainqueurs des Six Nations pour égaliser juste avant le coup de sifflet final.
La prolongation est à l’image de la rencontre : des incompréhensions, du cœur, de l’impact et du jeu (au pied). Mais comme souvent ces dernières années, le rugby est un sport qui se joue pendant 80 minutes où les Anglais gagnent. Au détriment des Bleus.
Les Français repartent de Londres avec la tête haute
Si l’on met cette défaite de côté, les tricolores peuvent être fiers d’eux. Ils ont joué sans complexe, avec leur insouciance et leur volonté. La réalité des médias n’est pas celle du terrain. Et ils nous l’ont bien prouvé. Ils nous ont fait vibrer, crier. Ils se sont battus, 94 minutes durant. Le résultat est cruel. La défaite n’est pas à aimer. Sûrement pas. Elle est à bannir. Mais ce groupe-là, composé de 50 joueurs, comme l’a rappelé Cameron Woki sur France 2, vit, joue et se bat. Avec ses forces et ses démons. Elle nous transmet des émotions. Et pour ça, on la remercie. Des minots envoyés au casse-pipe en terre sacrée du rugby, où leurs pairs n’y ont plus gagné depuis 2005, qui font déjouer le grand XV de la rose. Cet épisode me fait penser à la fameuse rencontre Paris Saint-Germain-Olympique – Marseille. Pape Diouf envoie de son plein gré les minots au Parc des Princes, entouré de quelques vieux briscards. Avec les tripes, ces derniers rapportent un point inespéré. Les Bleus reviennent de Londres avec un capital expérience plein, en dépit du trophée de l’Autumn Nations cup. Et la satisfaction d’avoir répondu avec la manière aux journalistes étrangers qui ont descendu ce groupe quelques jours auparavant. Sans les connaître. Sans les respecter.
Et si finalement le trophée remporté était l’attrait du monde pour le rugby français … En mémoire de la gloire d’un grand homme, qui définissait le French Flair, Christophe Dominici.
Julien Baudot, ESJ