“The Thing est un classique du cinéma d’horreur et de science-fiction qui peut aisément rivaliser avec des grands noms du genre comme Alien. A la différence de ce dernier, le film a connu un échec commercial mais a pu être réhabilité au fil du temps. A tous les amateurs de frisson, je recommande fortement le visionnage de ce film qui saura vous donner votre dose de désespoir”.
A la suite de l’énorme succès de Star Wars en 1977, beaucoup de studios américains vont comprendre que la science-fiction au cinéma est un genre qui peut être extrêmement rentable. C’est dans cet objectif que la Twentieth Century Fox continue à exploiter ce filon et crée Alien en 1979 qui va démocratiser le genre de l’horreur dans un contexte de science-fiction. C’est dans ce contexte d’explosion créative de science-fiction que l’adaptation de la nouvelle La Chose de John W. Campbell est lancée, bien qu’un premier film nommé La chose d’un autre monde en 1951 avait déjà tenté d’adapter la nouvelle de manière plus libre. John Carpenter, alors auréolé du succès de Halloween en 1978, prend le projet en main et souhaite créer un film d’angoisse qui allie suspens et science-fiction (S-F).The Thing sort donc en 1982 et est aujourd’hui considéré comme un classique de l’horreur toute période confondue.
Côté réalisateur
John Carpenter peut être considéré à raison comme un ovni dans le système hollywoodien. En effet c’est un réalisateur qui a longtemps tenter d’allier ses volontés artistiques à un système de production des films impitoyable sans pour autant réussir à créer de vrais succès en réalisant des films de studios. Dès son premier film Dark Star en 1974, Carpenter s’essaie à la S-F et réussit à imposer une vision qu’il va développer par la suite. Son plus gros fait d’arme restera tout de même Halloween en 1978 puisque le film tourné de manière quasi-indépendante pour $300 000 va faire un score monstrueux au box-office ce qui lui ouvrira beaucoup de portes à Hollywood. C’est pourquoi lorsqu’il arrive sur le projet de The Thing il découvre un univers bien plus complexe que la scène indépendante avec tout ce que cela implique d’enjeu financier et de relations avec une production importante. Le film fut donc un défi pour Carpenter et le résultat bien que d’excellente qualité ne fut pas accueilli par le public de manière aussi positive que Star Wars ou Alien à leur époque.
Côté scénar’
Le film se déroule au pôle nord où une équipe américaine travaillant sur une base scientifique recueille un chien de traîneau poursuivi par un hélicoptère qui tentait l’abattre. L’équipe exclusivement masculine comprend bien vite que les poursuivants du chien, une équipe norvégienne similaire à la leur, a été décimée dans leur base et que les derniers survivants sont les scientifiques qui ont tenté d’abattre le chien et qui sont morts abattus par les américains. La raison de la mort des norvégiens demeure mystérieuse mais le pilote MacReady et un de ses comparses découvrent un vaisseau extra-terrestre enterré non loin de la base norvégienne.
C’est suite à cela que les évènements s’emballent et qu’une créature commence à semer le trouble chez les américains. Le film réussit parfaitement à instaurer une ambiance de terreur au sein des hommes qui se retrouvent bien vite démunis face à une créature mystérieuse et cauchemardesque. L’atmosphère est pesante, le cadre gelé du pôle nord crée un cloisonnement d’autant plus important que la fuite et pour ainsi dire impensable. Le gros point fort de l’histoire c’est sa créature et le suspens qui entoure la traque de cette dernière alors que la paranoïa envahit le groupe. Le scénariste Bill Lancaster réalise un tour de force puisque l’histoire prend son temps et possède plusieurs scènes de tension que Carpenter met en scène d’une main de maître.
Côté casting
Le casting bien que très bon est cependant dominé par Kurt Russel qui joue le pilote d’hélicoptère MacReady. Le groupe transmet une véritable alchimie entre ses membres et le charisme fou de Kurt Russel vient porter le film à la manière de Sigourney Weaver qui portait le reste du casting d’Alien. Le point fort du casting c’est de dépeindre un groupe dans lequel les tensions arrivent bien vite et où chacun doute de son voisin alors que la créature les éliminent un par un.
Côté réalisation
Bien que Carpenter ait pu s’essayer tout au long de sa carrière a des genres et des tons différents sa maîtrise dans l’horreur et du suspens est total. L’atmosphère du film et le caractère cauchemardesque de la situation suinte littéralement de tout le film. Le tour du force visuel du film est de prendre le contre-pied total de la démarche d’un film comme Alien où la créature est laissée dans l’ombre pour ne pas trahir l’aspect factice de cette dernière.
En effet, « la chose » est ici totalement montrée à la lumière et les effets pratiques utilisées sont criants de réalisme. Aujourd’hui le style peut paraître daté mais force est de constater que les effets fonctionnent. Le chef décorateur John J. Lloyd livre ici des effets hors du temps qui marquent par leur plasticité morbide. C’est bien parce que Carpenter a su mettre en image la claustrophobie du lieu, la paranoïa du groupe et un caractère de désespoir profond que la créature fonctionne aussi bien à l’écran. L’ambiance est glaçante et donne tout son charme à un film trop méconnu.
Côté recommandation
The Thing est un classique du cinéma d’horreur et de science-fiction qui peut aisément rivaliser avec des grands noms du genre comme Alien. A la différence de ce dernier le film a connu un échec commercial mais a pu être réhabilité au fil du temps. A tous les amateurs de frisson, je recommande fortement le visionnage de ce film qui je le pense saura vous donner votre dose de désespoir.
La bise cinéphile.
Tom Boudekhane