Coté Ciné propose aujourd’hui une revu du film Les Poings contre les murs, réalisé par David Mackenzie et sorti en 2013. Retour sur le récit d’un jeune incarcéré face à la violence de la prison.
Côté réalisateur
Les Poings contre les murs a été réalisé par David Mackenzie et est sorti en 2013 au Royaume-Uni. Ce réalisateur n’est pas le plus connu dont on vous a parlé mais il a réalisé plusieurs films qui traitent en toile de fond des relations familiales et celui-ci ne fait pas exception. Dans ses films les plus connus (My Name is Hallam Foe ou Young Adam) mais aussi dans celui dont je vous parle Mackenzie aime présenter des relations complexes et brutes entre personnages mais aussi entre membres d’une même famille. Dans ce film il se plonge aussi dans l’exercice complexe car déjà beaucoup vu de traiter de l’univers carcéral. S’attaquer à un tel sujet après de grands film comme La Ligne Verte (1999), Les Evadés (1994) ou encore Midnight Express (1978) n’est pas chose aisée mais Mackenzie s’en tire admirablement, épaulé par un casting on ne peut plus solide et une photographie magnifique.
Côté Scénar’
Eric Love est un jeune au tempérament violent qui passe d’une prison pour mineur à un vrai pénitencier dans lequel il va retrouver son père qu’il n’a quasiment jamais vu. Il s’est habitué à tout régler avec la violence mais il découvre l’univers carcéral et les règles officielles et officieuses qui le régissent. Il doit faire face à la violence et à la corruption des gardiens, ne pas se laisser marcher dessus par les autres détenus sans pour autant dépasser les bornes tout en découvrant un père qui lui ressemble énormément mais avec qui les relations sont plus que complexes. Dans le même temps Eric va intégrer un groupe de gestion de la violence et faire la rencontre d’un bénévole de la prison qui va énormément l’aider à gérer les démons qui l’habitent. Mais la survie en prison se révèle plus qu’hasardeuse surtout quand on se fait des ennemis.
Côté Casting
Le rôle d’Eric Love est endossé à la perfection par Jack O’Connell que vous avez peut-être déjà vu dans la série Godless (2017) sur Netflix ou encore dans le biopic sur Louis Zamperini, Invincible sorti en 2014. Il livre une performance incroyable, ce jeune si proche de la folie et donc l’instinct et la violence sont les seuls amis. On va pourtant découvrir sous cette armure un enfant qui ne sait que survivre, qui ne sait pas s’ouvrir, parler, se faire des amis… Les expressions faciales, la tristesse, la colère, le désespoir… tout est si bien exprimé par Jack O’Connell qu’on n’aurait pu rêver meilleur acteur pour ce rôle. Mention spéciale à Ben Mendelsohn qui joue le père d’Eric Love et qui est une forme de personnage symétrique à celui de son fils et qui déborde de violence, de mystère et d’absence de contrôle. On peut aussi mentionner Rupert Friend qui joue le bénévole de prison et qui incarne la lueur d’espoir d’Eric dans l’océan de violence dans lequel il évolue. Techniquement l’ensemble des acteurs joue impeccablement bien dans ce film mais je peux difficilement tous les citer.
Côté Réalisation
C’est avec des choix de réalisation somme toute assez simples mais diablement efficace que Mackenzie construit son film. Tout d’abord le choix de filmer la quasi-totalité des films avec une caméra épaule, on a une image rarement stable sans être chiant à suivre pour autant. Qui plus est le but de cette manœuvre est atteint, rendre le film plus nerveux et haletant, on accuse les coups avec Eric tout comme on est avec lui pour chaque râclée qu’il administre. L’image est de manière générale assez froide pour rendre un univers carcéral dur et brutal tout en se permettant de rendre les rouges assez éclatants, notamment le sang. Des choix qui s’adaptent parfaitement au sujet traité et au ton donné au film.
Côté Reco
Je suis de manière générale assez fan des films sur l’univers carcéral et de manière récente on trouve rarement des films aussi justes et qui paraissent au réels dans l’image qui nous est donnée de la prison, des détenus et de la survie. Cette approche de la gestion de la violence et de la détresse d’un jeune en prison qui se réfugie derrière ses phalanges a touché une corde sensible et on s’attache rapidement à cet Eric Love. Ce qui m’a aussi beaucoup plu dans le film est ce travail de groupe avec Rupert Friend qui montre à quel point l’équilibre mental et la réputation dans une prison sont deux concepts extrêmement fragiles et primordiaux pour la survie. La relation filiale et les sacrifices et efforts qu’elle implique est aussi abordée d’une manière unique et forte, on sent que le cadre carcéral permet au réalisateur d’aborder des sujets sous des angles très particulier.
En somme si vous voulez une bonne dose de violence, d’émotions, de travail sur soi et d’injustice allez voir cette pépite qu’est Les Poings sur les murs.
Hugo Maurice