En attendant la réouverture des cinémas, les producteurs d’animation regorgent d’imagination pour continuer à faire rêver les enfants (et les grands). C’est le cas de Pixar, qui a sorti son nouveau chef-d’oeuvre, Soul, en décembre dernier sur Disney+. Iloé Fétré revient aujourd’hui sur ce film d’animation pas comme les autres.
Si le plaisir de découvrir de nouvelles œuvres, confortablement installé dans les fauteuils rouges, n’est aujourd’hui pas permis, cela n’empêche pas certains de faire découvrir malgré tout leur production. Choisir une sortie exclusivement en ligne, c’est ce qu’ont décidé les producteurs du dernier film d’animation Pixar. Après un report de sa sortie en salle, le compte Twitter officiel du film annonce le 9 octobre 2020, une sortie mondiale uniquement sur la plateforme de streaming Disney+ pour le 25 décembre 2020. Et ce fut un très beau cadeau à la hauteur des attentes.
Emerveillement, c’est le premier mot qui me vient à l’esprit lorsque je pense à certains des chefs d’œuvre de Pixar. Après Là-Haut et Vice Versa, Pete Docter, nous plonge dans un tout nouvel univers. Le réalisateur sait se démarquer avec des sujets éloignés des clichés de Disney. Des productions qui plaisent autant aux petits qu’aux grands et qui invitent inéluctablement à la réflexion. Avec Soul, Docter récidive et nous touche en plein cœur. Il faut dire que le film d’animation n’a pas fait les choses à moitié. Casting en or pour les voix françaises avec Omar Sy, Ramzy, ou encore Camille Cotin. Et primé au festival de Cannes 2020, et aux Golden Globes 2021 comme meilleur film d’animation et meilleure musique de film (rien que ça). Le film oscille entre musique de jazz et musique aux notes presque digitales. La musique bien que moins présente que dans les films d’animations classiques, et simplement là pour sublimer chaque univers. Elle ne s’embarrasse d’aucune parole et arrive malgré tout à porter son message.
Coté scénario, on y découvre le personnage de Joe Gardner, un professeur de musique dans un quartier de New York. Joe rêve de devenir pianiste professionnel de Jazz, passion qu’il a découverte grâce à son père. Malheureusement, ce métier difficile ne trouve pas grâce aux yeux de sa mère et malgré les auditions Joe essuie les refus. Après de nombreux échecs, une opportunité en or s’offre enfin à lui. Mais un terrible accident remet tout en cause. Une chute provoque la séparation de son âme et de son corps et la transporte vers le « Grand au-delà ». Loin de se laisser abattre Joe parvient à atterrir dans un nouvel univers : le « Grand Avant ». Ce monde coloré et paisible possède le « You Seminar », un centre dans lequel les âmes sont façonnées et auxquelles on attribue des traits de personnalité. Pour pouvoir être envoyé sur Terre les âmes doivent trouver leur flamme et sont pour cela guidées par les mentors.
Afin d’échapper à son destin fatal Joe devient le mentor d’une âme appelée 22. Joe pense qu’en l’aidant à trouver sa flamme, il pourra lui aussi retourner sur terre et accomplir ses rêves. Mais 22 veut éviter à tout prix d’être envoyée sur terre, synonyme selon elle de souffrance. « Un monde ou les âmes sont broyées ». Il faut dire que 22 connaît un autre monde parallèle : celui des âmes égarées. Un monde obscur peuplé de personnes qui, à cause de leurs peurs et de leurs angoisses, sont complètement passés à côté de leur vie. Ces âmes en peine sont aidées par les mystiques, des âmes très spirituelles qui les reconnectent à la vie. Débute alors un incroyable périple pour Joe et 22 à travers ces différents mondes.
Soul c’est un voyage rempli de poésie. Que ce soit par l’esthétique même du film avec ses couleurs douces ou par les sujets qu’il aborde. Bien qu’étant communément désigné sous le qualificatif de dessin animé, Soul nous interpelle sur un sujet assez peu connu dans les films d’animations traditionnels, celui de la vie après la mort. Entre humour et réflexion profonde, Soul interroge l’accomplissement de soi et les regrets, conséquences d’une vie trop rationnelle. Ponctué de nombreuses références, le film fait autant plaisir aux enfants qu’aux parents. Finalement Soul est une invitation à prendre conscience des petits plaisirs de la vie, une critique profonde de la société et de son modèle « métro boulot dodo », un film dont on sort forcément différent.
Iloé Fétré