Aux Jeux Paralympiques, cette année, vingt-deux sports seront au programme de la quinzaine, qui se déroulera du 24 août au 5 septembre 2021, à Tokyo au Japon. Certains d’entre eux sont simplement adaptés des sports olympiques. D’autres, en revanche, sont spécifiques aux Jeux Paralympiques : c’est le cas de la boccia et du goalball.
Les Jeux Paralympiques sont l’occasion de réunir des centaines d’athlètes, venus de pays et de continents différents, ayant des cultures et des langues différentes, mais tous réunis par l’amour et les années de pratique de leur sport. Comme aux Jeux Olympiques, une dizaine de sports a sa place dans le programme des Jeux Paralympiques et n’en déroge presque jamais depuis leur inclusion dans celui-ci : l’athlétisme, la natation, l’escrime, le tir à l’arc, … Ces sports « classiques » des Jeux côtoient cependant de nouveaux sports à chaque édition, ce qui vient enrichir la diversité proposée par le Comité International Paralympique. C’est aussi une façon de montrer à chaque fois un peu plus à quel point tout est accessible, moyennant quelques adaptations.
Connaissez-vous la dynamophilie ?
Non, la dynamophilie, ce n’est pas le fait d’aimer être dynamique. Cependant, il faut l’être pour pratiquer cette discipline très exigeante. Dérivée de l’haltérophilie, elle présente des adaptations pour les personnes atteintes d’une déficience au niveau des jambes ou des hanches. Il s’agit en fait d’une forme de développé-couché, mais exclusivement réservé aux personnes en situation de handicap. Elle est un exemple de discipline adaptée d’une discipline olympique, ayant changé de nom et de format.
Entrée au programme paralympique en 1964 aux Jeux de Tokyo (première édition) pour les hommes, il a en revanche fallu attendre 2000 pour que les femmes puissent également y prendre part. Autre spécificité de la discipline, les athlètes ne sont pas regroupés en fonction de leurs catégories de handicap, contrairement à la plupart des autres disciplines. Ils y sont regroupés simplement par catégorie de poids, le même nombre pour les hommes et les femmes.
De nouveaux venus dans la famille paralympique
Dans la prochaine édition des Jeux, deux nouveaux sports sont inclus dans le programme paralympique : le parabadminton et le taekwondo. Reconnus par le Comité en 2014, ils permettent d’élargir un peu plus la variété des sports présentés aux Jeux.
Cinq grammes de plumes…
Le parabadminton est issu du sport du même nom. Avec quelques adaptations en fonction de
la catégorie du handicap, qui change la superficie du terrain, les règles sont les mêmes : un échange de volant dans le but de marquer plus de points que son adversaire. Les athlètes en situation de handicap peuvent jouer en fauteuil ou debout. En effet, le Comité International Paralympique reconnaît plusieurs catégories : les athlètes de petites tailles, les athlètes ayant des difficultés à se déplacer (handicap sur les membres inférieurs ou absence d’un membre inférieur) et les athlètes limités dans le fonctionnement de base (ou l’absence) d’un membre supérieur.
Cependant, si toutes les catégories de handicap reconnues (entre autres) par la Fédération Française de Badminton (qui représente aussi le parabadminton), certaines ne seront cet été qu’accessibles aux hommes, en simple. Pour l’entrée du programme aux Jeux, pas d’égalité femmes-hommes dans le traitement des badistes. Néanmoins, l’une des catégories de double n’accueillera pas d’épreuves de double masculin, mais uniquement des doubles féminins et des doubles mixtes. Une façon de garantir une certaine forme d’égalité ? Rien n’est moins sûr…
Les sports de combat aussi mis à l’honneur
Deuxième sport qui fait son entrée aux Jeux cette année, le taekwondo, son appellation officielle pour cette édition. Sport de combat, parfois appelé « para-taekwondo », il s’agit d’une discipline récente, véritablement née en 2005. Elle s’est développée depuis la création en 2006 d’un Comité spécial au sein de la Fédération mondiale de taekwondo. L’introduction de
cette discipline aux Jeux s’est aussi décidée en 2014, mais seulement dans sa forme « kyorugi ». Cette dernière s’adresse aux athlètes présentant un handicap des membres supérieurs, répartis en deux catégories, selon l’importance du handicap. Les hommes comme les femmes sont ensuite répartis en trois catégories de poids distinctes, ce qui signifie que la discipline présentera autant d’épreuves chez les hommes et les femmes.
Peu de différences existe dans la pratique du para-taekwondo par rapport à celle du taekwondo, mis à part que certains coups autorisés chez les valides ne le sont pas ici. De même, les coups sont essentiellement portés par les pieds dans la forme « kyorugi », alors qu’il existe aussi des coups portés par les mains.
Des sports sans équivalents dans le programme olympique
Ils sont au nombre de deux et vous ne les verrez jamais aux Jeux Olympiques : présentation éclair de la boccia et du goalball.
La boccia, adresse et précision exigée
Sport dérivé de la pétanque, la boccia est entrée au programme paralympique en 1984, aux Jeux de New York. A l’origine, il s’agit d’un sport gréco-romain, qui dispose aujourd’hui de sa propre fédération internationale. En France, la boccia ne s’est développée que plus tardivement, dans les années 2000 et dispose depuis 2007 d’une Commission au sein de la Fédération Française Handisport. C’est un sport d’adresse et de précision, surtout à destination d’athlètes atteints de forme sévère de difficultés motrices.
Les règles sont assez simples : seuls ou par équipes, il s’agit d’un sport mixte. La boccia se joue sur un terrain de 12,5 mètres de long sur six mètres de large. Chaque joueur dispose au début de chaque manche de six balles d’une même couleur, qu’ils doivent chercher à lancer le plus proche possible d’une balle blanche, appelée « Jack ». Rien de très différent de la pétanque, me direz-vous. Mais la boccia a de spécifique que les balles sont en cuir, moins lourdes, ce qui en fait un sport facilement accessible aux personnes en situation de handicap. En effet, pour les joueur.se.s atteint.e.s de difficultés importantes, il est possible d’être aidé.e.s par une rampe de lancement, un stabilisateur de fauteuil, voire une tierce personne.
A son entrée dans le programme paralympique, seuls dix-neuf athlètes avaient concouru dans deux catégories différentes, bien loin de la centaine d’athlètes qui concourent désormais tous les quatre ans. A l’origine, il existait une catégorie pour les hommes et une autre pour les femmes, mais depuis les Jeux de Séoul en 1988, toutes les épreuves de cette discipline sont mixtes. Cela n’a pas rendu égalitaire cette discipline pour autant, puisque selon les tableaux qualificatifs de cet été, il y aura bien moins de femmes que d’hommes pour briller.
D’ailleurs, exit les Etats-Unis, la Russie ou la Chine, qui se disputent régulièrement les premières places du tableau des nations olympiques. Dans le trio de tête des pays les plus médaillés, merci d’applaudir la Corée du Sud, en première place, suivie de près par le Portugal et le Brésil. Aujourd’hui pratiquée dans plus de 75 pays autour du monde, la boccia a encore de beaux jours devant elle. Une sélection française de trois athlètes (dont deux nordistes !) est déjà toute prête pour cet été : Rodrigue Brenek, Sonia Heckel et Samir Van Der Beken tenteront d’aller décrocher la plus belle des médailles à Tokyo.
Le goalball : chut, ça joue !
Le goalball, sport très bien représenté au niveau international, s’adresse en particulier aux personnes déficientes visuelles. Si ce sport est encore en phase de développement en France, il est devenu membre du programme paralympique en 1988 aux Jeux de Séoul. Avant ça, il avait été un sport de démonstration aux Jeux de Toronto… en 1976 ! A l’origine, ce sport fut inventé en 1946, pour les anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale ayant perdu la vue.
Le goalball consiste à lancer un ballon pour inscrire un but. Rien de bien surprenant. Oui, mais voilà : les joueur.se.s sont atteint.e.s de déficience visuelle et le ballon n’émet aucun signal sonore. De ce fait, il est demandé aux spectateur.trice.s de ne pas faire de bruits pendant les matchs, puisque les joueur.se.s se réfèrent aux rebondissements du ballon sur le sol pour pouvoir le repérer. Chaque équipe est composée de trois athlètes, qui sont tour à tour défenseurs puis attaquants. Les défenseurs attendent le ballon en « position d’attente » : debout ou à genoux, aucune partie supérieure de leurs corps ne doit toucher le sol. Une fois que le tir de l’équipe attaquante a eu lieu, ils « déclenchent » leur position de départ. Cette phase est souvent caractérisée par un plongeon, pour faire opposition à la balle.
Les superficies du terrain sont les mêmes que celles d’un terrain de volley-ball et le goalball se joue en intérieur. Le terrain est découpé en six zones égales, trois pour chaque équipe : une zone neutre ( la plus proche du centre du terrain), une zone de tir (la zone centrale) et une zone d’équipe (à l’extrémité du terrain, la plus proche des buts). Pour que les joueur.se.s aient la capacité de se situer dans le terrain, les limites sont réalisées avec une ficelle fixée sous un ruban adhésif. Elles sont donc légèrement surélevées par rapport au reste du sol, ce qui permet aux athlètes de se repérer. C’est important pour les joueur.se.s, puisqu’il existe des règles précises liées à la zone du terrain dans laquelle iels se trouvent. Un joueur ne peut défendre le ballon que dans la zone d’équipe, par exemple.
Les athlètes qui prennent part à cette épreuve font partie de trois catégories de déficience visuelle. Cependant, les trois catégories peuvent jouer indifféremment entre elles, puisque les sportif.ve.s posent un bandeau sur leurs yeux pour garantir une forme d’équité. A Tokyo, la discipline se décomposera en deux tournois, un tournoi masculin et un tournoi féminin, délivrant le même nombre de médailles. Pour l’instant, sont déjà qualifiés le Japon, le Brésil, la Russie, la Turquie, la Chine, les Etats-Unis, le Canada, Israël et la Corée du Sud. Pénurie de pays européens parmi les qualifiés, qui souligne encore une fois le retard prit en Europe dans la reconnaissance du handisport.
Il existe des sports dont nous n’avons pas idée, des sports qui n’ont parfois pas encore leur place au sein du programme paralympique, d’autres qui vont et viennent en fonction des éditions. Dans tous les cas, ils sont toujours pratiqués avec passion par ces sportif.ve.s. Si la France n’a pas forcément encore d’équipe dans chacune des disciplines paralympiques, elle tente peu à peu de combler ses lacunes, en vue des Jeux de Paris, en 2024.
Aurore GANDER