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Pour une présidence verte en France : retour sur la primaire écologiste

La primaire écologiste : un exercice démocratique utile à l’écologie politique ?

La primaire des écologistes s’est conclue fin septembre avec plus de 120 000 inscrit·es et un taux de participation inédit pour cette famille politique (comprenant entre autres Europe Écologie-Les Verts, Génération·s, Génération Écologie et Cap Écologie) en France. Yannick Jadot a remporté le scrutin avec 51,03% des voix face à l’autre qualifiée Sandrine Rousseau.
Ce scrutin a cependant été un moment démocratique singulier dans notre pays, que ce soit par la forme du scrutin – avec une plateforme programmatique ouverte bien avant le 1er tour et un vote ouvert dès l’âge de 16 ans – son déroulement – les résultats ayant surpris les observateurs – et son installation médiatique – avec les débats que les candidat·es ont enclenché. Dans cet article, nous reviendrons sur les moments forts de la campagne.

Cinq candidat·es aux profils divers 

Yannick Jadot et Eric Piolle, les deux favoris. – Les deux hommes, qui ont construit sur plusieurs mois des images différentes – l’eurodéputé bâtissant une image “pragmatique” et “consensuelle” tandis que le Maire de Grenoble fondant un “arc humaniste” pour fonder son ancrage à la gauche d’EELV -, ont longtemps été présentés comme les favoris de la primaire. En effet, candidats officieux depuis longtemps et mobilisant chacun des cadres et personnalités derrière eux, beaucoup les plaçaient en pole-position du scrutin.

Sandrine Rousseau et Delphine Batho, deux outsideuses. – Les deux femmes, à l’inverse, ont opté pour des stratégies différentes fondées sur leur statut de “trouble-fête” dans la compétition bien huilée prévue. La première, économiste et ancienne n°2 d’EELV, s’est démarquée en mobilisant la notion “d’écoféminisme” et des concepts et propositions radicales, tandis que la seconde, ancienne Ministre et députée des Deux-Sèvres a construit une image de Femme d’Etat compétente autour d’un programme décroissant radical lui aussi. 

Jean-Marc Governatori, l’écologie au centre. – Prônant une “écologie au centre”, il a voulu faire campagne sur des dossiers économiques en méprisant les questions de société pourtant chères à l’écologie politique en France. Il a obtenu un peu plus de 2% des voix au 1er tour.

Cinq candidats pour cinq visions de l’ écologie: Piolle, Jadot, Rousseau, Governatori et Batho lors des Journées d’Eté des écologistes, 20/08/2021. (source: Libération) 

Des Journées d’Été des Écologistes aux débats : la progression des outsideuses 

Globalement, la campagne des écologistes s’est accélérée puis articulée à partir des Journées d’Été des Ecologistes [JDE] de Poitiers jusqu’aux trois débats télévisés entre les cinq candidat·es. En effet, c’est lors des “cartes blanches” offertes aux candidat·es – temps où les cinq ont pu s’exprimer à leur guise pendant 45mn – et des journées en général que Sandrine Rousseau, jusqu’alors assez marginalisée au sein du processus des primaires a pu émerger. La forte présence de ses partisan·es, vêtu·es de tissus “rosies” – rouges à pois blancs – a été remarquée.

Dès lors, des JDE jusqu’aux débats télévisés, une dynamique de campagne s’est organisée autour des candidatures plus “radicales” de Rousseau et Batho. Ce changement de perspective dans la primaire s’est matérialisé lors des trois débats télévisés, qui ont marqué des clivages entre les différentes candidatures et mis en lumière les deux femmes candidates. Cela, en même temps qu’un regain du nombre d’inscrit·es à la primaire de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Des questions écologistes au cœur du débat médiatique et des résultats pluralistes 

L’exercice de la primaire écologiste peut être considéré comme “utile” car il a permis, pendant plusieurs semaines, la mise en avant de thématiques progressistes et écologistes dans le débat médiatique, avec notamment l’émergence de la notion “d’écoféminisme” et le retour de la décroissance dans le débat public. On peut alors considérer que la primaire s’est avérée être un atout pour la campagne écologiste, désormais incarnée par Yannick Jadot pour l’élection présidentielle de 2022.

Les résultats du 1er tour de la primaire, plaçant les quatre premiers candidats très proches ont montré la diversité de la famille écologiste française – Yannick Jadot (27,70%), Sandrine Rousseau (25,14%), Delphine Batho (22,32%) et Eric Piolle (22,29%). Le vainqueur de la primaire saura-t-il unir sa famille politique et au-delà afin de se hisser à l’Elysée avec une majorité écologiste ?

 Maxime Bongard