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Ce que l’on a aimé (ou pas) de la Coupe du monde de rugby

La Coupe du monde de rugby a rendu son verdict : l’Afrique du Sud est sacrée pour la quatrième fois… grâce à trois victoires d’un petit point en phases finales. Après sept semaines de compétition en France, ponctuées par des réussites et des ratés, des belles surprises et des polémiques, La Manufacture vous donne son avis sur cette édition 2023.

On a aimé : 

  • L’engouement suscité par le XV de France 

Le XV de France a certes été éliminé par les champions du monde sud-africains dès les quarts de finale (28-29), mais le jeu proposé par les Bleus a une nouvelle fois convaincu. Les joueurs de Fabien Galthié ont régalé devant leur public avec des actions de grandes classes. La victoire face aux All Blacks (27-13) en match d’ouverture a sonné le début d’un engouement extraordinaire autour de l’équipe de France. Les fan-zones, installées pour l’occasion dans la plupart des grandes villes, ont fait le plein comme en témoigne celle de Paris, place de la Concorde, qui a dû être agrandie dès la première rencontre. Côté télé, les audiences pour les matchs des Bleus ont été au rendez-vous, avec en moyenne 14,3 millions de téléspectateurs. Septembre et octobre se sont écoulés au rythme des nombreux franchissements français et sans eux, le dernier carré s’est joué dans une ambiance plus morose. Il faut dire que le jeu sud-africain n’a pas pour velléités celle de faire lever les foules.

 

  • LE match de la Coupe du monde : Irlande – All Blacks

Le rugby en fête. Cette soirée du samedi 14 octobre 2023 restera dans les mémoires des amateurs du ballon ovale. Ce fut un combat épique, entre deux nations qui pratiquent un rugby total. Les équipes se sont rendues coups pour coups, avec des uppercuts des fantasques All Blacks Mo’unga, Jordan et Savea et des crochets irlandais d’Aki et Gibson Park. Cette dernière action longue de cinq minutes, avec 38 temps de jeu, qui se conclut par un ultime grattage de l’éternel All Black Sam Whitelock, laissa les Irlandais à terre, aux portes de leur première qualification pour les demi-finales. Cruel pour l’Irlande qui arrivait à la Coupe du monde en grandissime favori, fantastique pour la Nouvelle-Zélande qui n’apparaissait pourtant plus comme l’équipe invincible qu’elle était par le passé.  

 

  • Le Portugal et sa compétition historique

Une équipe sans complexe et un jeu ambitieux : le Portugal est la bonne surprise de cette Coupe du monde. Petit pays de rugby aux modestes 7000 licenciés, les Rouge et Vert comptaient même dans leurs rangs des joueurs amateurs. Portés par le public tout au long de la compétition, ils ont remporté la première victoire de leur histoire en Coupe du monde lors de leur dernier match face à des Fidjiens expérimentés (24-23). Ils étaient passés à un cheveu d’ouvrir ce compteur deux semaines plus tôt mais la Géorgie leur avait arraché le match nul (18-18). Samuel Marques et les siens peuvent être fiers de leur parcours, ils ont fait mentir les pronostics en s’offrant d’heureux souvenirs pour les prochaines années. Chapeau bas.

 

On n’a pas aimé : 

  • L’arbitrage pour le moins controversé

Par qui commencer ? Ben O’Keeffe ? Wayne Barnes ? Matthew Carley ? Cette Coupe du monde a démontré une chose : le rugby est un beau sport, mais trop dépendant de l’arbitrage. Prenons le match qui hante encore nos nuits, un certain quart de finale entre la France et l’Afrique du Sud. Un corps arbitral pour la première fois d’une même nationalité (néo-zélandaise), des décisions souvent incomprises, une non utilisation du TMO (l’équivalent de la VAR au football) qui pose question. Mais pourquoi Ben O’Keeffe n’est pas allé revoir les images lors du contre de Kolbe sur Ramos, lors des mains aux visages sur Dupont, pourquoi n’a-t-il pas pénalisé les Sud-Africains lorsque ceux-ci ralentissaient les sorties de balles françaises ? Toutes ces questions sans réponses constituent une sacrée zone d’ombre dans cette Coupe du monde. On pourrait également parler de l’arbitrage scandaleux de Matthew Carley lors de Pays de Galles-Fidji, des décisions de Wayne Barnes lors de la finale souvent en faveur des Sud Africains, au point de voir la fédération néo-zélandaise demander officiellement des explications sur l’arbitrage de la finale. Bref, il s’agirait de réformer tout ça, et vite. 

 

  • L’écart de niveau, encore et toujours 

Un des gros points noirs de cette compétition est sans doute la différence de niveau entre les nations, parfois abyssale. Seules quelques équipes avaient une vraie chance de l’emporter et pour les autres, “la glorieuse incertitude du sport” n’est encore qu’un adage sans réalité. Le Chili (aucune victoire, défaite 71-0 face aux Anglais), la Roumanie (aucune victoire, défaite 84-0 face aux Écossais) ou la Namibie (aucune victoire, défaite 96-0 face aux Français) peuvent en témoigner. L’intérêt des phases de poules est alors limité par des matchs sans saveur, opposant des nations qui ne jouent pas dans la même catégorie. Pourtant, une équipe comme la Géorgie nourrissait les espoirs d’une phase de poules haletante. Le jeu et les résultats géorgiens (un nul, trois défaites) n’alimentèrent que les regrets. 

 

  • Le naufrage de l’Australie d’Eddie Jones 

Une équipe inexpérimentée et bien trop jeune avec 25 joueurs sur les 33 sélectionnés qui découvraient la coupe du monde, la non-convocation d’un cadre important (Michael Hooper), un seul ouvreur de métier appelé, six capitaines différents en huit matchs, c’est à se demander si Eddie Jones, le sélectionneur des Wallabies, a fait exprès de plonger le rugby australien dans une crise sans précédent. Après avoir été l’une des toutes meilleures nations du monde avec notamment ses deux titres de champions du monde en 1991 et 1999, les Australiens ont été sortis dès les phases de poules, une première dans leur histoire. On retiendra l’humiliation subie face aux gallois (40-6) qui constitue la plus grosse défaite en Coupe du monde de leur histoire. Hamish Mc Lennan, le patron de Rugby Australia, a annoncé une “réforme structurelle” à quatre ans de l’organisation de la Coupe du monde en Australie. Vitale.

 

Charles Willem et Mathis Hardouin

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