Qui aurait pu croire qu’on pouvait aussi bien lier politique, religion et secrets de famille ? Et bien certainement pas nous, jusqu’au visionnage des deux premiers épisodes de la série House of Gods, réalisés brillamment par Fadia Abbiud.
Séries Mania nous proposait dimanche après-midi de partir pour à peine deux heures sur la côte-est australienne. L’accent si charmant de l’équipe du film qui s’est déplacée jusqu’à Lille, nous a presque un instant, fait croire que nous y étions, nous aussi. L’occasion pour eux de repréciser leur volonté de parler de leur histoire, et qu’on ne la raconte pas à leur place. Cette histoire, c’est celle de la communauté musulmane australienne à l’heure où une cruelle revendication de modernité chez certains se fait de plus en plus ressentir. Ce désir de modernité s’incarne à travers le personnage de Sheikh Mohammad, qui à peine élu imam de sa communauté n’a qu’une seule ambition : rendre sa mosquée plus progressiste. Déchiré entre tradition et modernisme, devoir et famille, cette série met en lumière les nouveaux enjeux de cette communauté.
Une quête de modernité
Ce qu’on apprécie dans cette série, c’est qu’elle se bat contre les derniers clichés qui persistent sur les religions (quitte à parfois manquer d’un peu de réalisme). Au contraire, leur fonctionnement sont bien souvent beaucoup plus modernes qu’ils n’y paraissent. Cette série l’illustre à merveille, avec l’élection de l’imam construite sur le modèle d’une élection politique. Interview dans les médias locaux, demande de selfies par les convaincus, professions de foi : rien n’y échappe, au risque parfois d’en oublier le but initial (« Il parle comme si on dirigeait une banque et pas une mosquée »). Dans cette mission, il s’agit également de savoir s’entourer des bonnes personnes ; une tâche qui s’avère compliquée là où les secrets de famille sont omniprésents à l’image des tragédies shakespeariennes. Enfin, peut-être la question la plus importante que soulève House of Gods est celle de cette quête de la modernité. Mais comment concilier le désir de tradition de certains, avec la volonté de progressisme d’autres ? Jusqu’où peut-on réformer la mosquée pour concilier le culte de chacun ?
Juliette Gauvin-Pontais