La semaine dernière, un distributeur de protections périodiques a été installé dans l’école. Une initiative rendue possible grâce à l’association Bon Chic Bon Genre et à la mobilisation de ses représentants. La Manufacture revient aujourd’hui sur le projet en s’entretenant avec Manon Réveillé, présidente de BCBG, et Alexandre Ledoyen, trésorier de l’association.
Un projet attendu et soutenu
L’idée de distribuer gratuitement des protections périodiques dans l’école n’est pas nouvelle pour BCBG. Dès l’année dernière, un projet de protections suspendues dans des sanitaires non genrées avait été proposé par l’association et le projet avait immédiatement validé par la commission de la CVEC. Il n’aboutira malheureusement pas à cause de la crise sanitaire, freiné par les confinements et le protocole sanitaire.
Cette année, munie de sa double casquette de présidente de BCBG et déléguée à la CEG (Commission Égalité de Genre), Manon Réveillé a souhaité relancer ce projet. Inspirée par une initiative similaire à Sciences Po Bordeaux, elle contacte rapidement l’entreprise « Marguerite & Cie », marque de protections périodiques BIO et éthiques, que BCBG choisira pour ce projet. Avec l’aide d’Alexandre, trésorier à BCBG depuis 2 ans, l’idée est présentée à la commission de la CVEC.
C’est un succès immédiat explique Alexandre : « C’était un des projets les plus pertinents selon l’administration. Il rentrait parfaitement dans l’idée d’un projet qui vient en aide aux étudiants ». Le projet d’achat du distributeur est aussi soutenu par la CEG et Catherine Saupin, chargée de mission à l’égalité de genre, qui a tout de suite mis en avant le projet auprès de l’administration. Cette-dernière n’a fait preuve d’aucunes réticences au sujet de ce distributeur, ayant déjà soutenu le projet précédent de BCBG l’année passée.
Comment ça marche ?
Vous pouvez trouver ce distributeur dans le bloc des toilettes non-genrées du rez-de-chaussée de l’école qui est notamment accessible aux personnes à mobilité réduite. L’utilisation du distributeur est simple, il n’y a qu’à attraper la protection périodique de votre choix, parmi les quatre proposées : tampons avec applicateurs, tampons sans, serviettes avec ailettes et serviettes sans.
Pour recharger le distributeur, un relai se fera entre l’équipe technique de l’école et des bénévoles de BCBG. Avec l’idée d’installer au moins quatre distributeurs au départ, comme l’explique Manon : « Nous voulons faire un test avec le premier, et voir si cela plaît et fonctionne au sein de l’école ». Rendez-vous donc aux toilettes du rez-de-chaussée pour découvrir ce distributeur flambant-neuf.
Lutter contre la précarité menstruelle
Ce projet de BCBG est en accord avec la demande grandissante de la gratuité des protection périodiques, face à une précarité menstruelle accrue chez les étudiants et étudiantes, aggravée par la crise sanitaire et la précarité étudiante. Le gouvernement a d’ailleurs pris la décision de distribuer gratuitement ces protections aux étudiants, dès la rentrée 2021, dans les résidences universitaires du Crous et les services de santé universitaires.
Pour Manon, c’est une victoire : « J’accueille cette décision de manière très positive, si ça peut aider les étudiants et étudiantes en situation de précarité, c’est génial » mais elle souligne qu’il ne faut pas oublier que « c’est quand même un coup de com’ politique ». Alexandre est également sur la réserve : « Ce qui m’intéresse c’est la mise en place de cette distribution dans les établissements scolaires, qui va être intéressante. Il va y avoir le dilemme entre un distributeur secret, à l’abri des regards, ou plutôt auprès d’un infirmière, ou bien sur critères sociaux ou non, etc… ».
Tous deux sont d’accord pour souligner que cette décision n’est pas une solution durable : « A long terme, on espère la gratuité ou le remboursement des protections hygiéniques, comme dans certains pays, ou bien même une taxe 0 et des subventions. Ça serait l’idéal. ». Malgré tout, cette mise en place est une réponse à de nombreuses mobilisations et à une demande forte des étudiants et étudiantes depuis des années, accompagnée par des études sur la précarité menstruelle. L’idée n’est pas novatrice et il aura fallu attendre 2021 pour que le gouvernement se soucie de ce sujet.
Un combat qui dépasse les frontières de l’école
BCBG lutte contre la précarité menstruelle des étudiants et étudiantes mais son combat ne s’arrête pas aux portes de l’école. L’association se joint à Inter’Agir et à une autre association lilloise, ADSF (agir Pour la Santé des Femmes), pour un projet de distribution de kits d’hygiènes à destination des personnes précaires ou sans domicile fixe, en y intégrant des protections périodiques. Avec l’aval de l’administration de Sciences Po Lille (toujours en attente), BCBG souhaite organiser, le 8 mars prochain, une collecte de protections périodiques et de produits d’hygiène au sein de l’école. L’objectif est que les étudiants et étudiantes fassent des dons, pour ensuite distribuer ces kits dans Lille.
On rappelle également que le mois dernier, Inter’Agir a remporté avec succès le prix du jury du Challenge RSE, avec son ambitieux Projet Carillon. Ce prix permettra à l’association de recevoir, en plus des subventions de Sciences Po Lille, une aide afin de financer des kits de 1er secours et d’hygiène à destination des personnes marginalisées. Avec la participation de BCBG, ces kits contiendront notamment des protections périodiques. Le combat contre la précarité menstruelle n’est pas prêt de s’arrêter.
Enora Paniez