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Une entrée sur la bande dessinée au Palais des Beaux Arts de Lille.

Paliens, Paliennes, il est l’heure de découvrir les lieux culturels de la région. Pour commencer ce tour culturel de la métropole lilloise, on va commencer au plus près en parlant du Palais des Beaux Arts de Lille et de son exposition temporaire. Du 16 juin au 8 novembre 2021, le Palais des Beaux Arts de Lille (PBA) organise son annuel Open Muséum. Pour cette 7e édition, c’est l’artiste François Boucq qui a été convié pour immerger le musée dans son univers. A l’occasion de cet événement, le dessinateur lillois a fait un don exceptionnel de 350 pièces de son œuvre, une première.

Affiche de l’exposition par la ville de Lille

40 ans d’activités et de dessins variés

François Boucq, lillois depuis toujours, est précédé par 40 ans d’activité en tant que dessinateur. Son œuvre est variée et multiple, touchant à tous types de support. Auteur de BD populaires, telles que les séries Bouncer et Le Janitor, et humoristiques, comme Jérome Moucherot, il touche également aux dessins de presse. Il a travaillé notamment pour les journaux Le Point et Charlie Hebdo, et a récemment couvert le procès des attentats de Charlie Hebdo de janvier 2015. Il a également travaillé en collaboration avec Jérome Charyn, de laquelle est née La femme du magicien en 1986 et Bouche du diable en 1989. Plusieurs fois récompensé, François Boucq a notamment remporté le grand prix de la ville d’Angoulême pour la totalité de son œuvre en 1998.

La 7e édition de l’Open Museum du PBA

Chaque année, à chaque printemps, le PBA met à l’honneur un artiste ou un genre particulier au sein du musée. Cela permet ainsi aux visiteurs de percevoir le musée autrement, avec la même perception que l’artiste mis en avant. C’est d’ailleurs ce dernier qui réorganise selon son propre univers le musée et ses œuvres. 

En cette année de la BD lancée par le ministère de la Culture, le Président du PBA, Bruno Girveau avait à cœur de mettre en avant cet art trop souvent mis de coté. C’est donc pour cette raison que le dessinateur lillois est l’invité de cet Open Museum. Il a bouleversé le musée pour nous entrainer dans son univers de l’image, au rythme de sa passion : l’illusion d’optique et les trompe-l’œil. Il nous offre une visite sensorielle, immergée dans l’art, hors des cadres habituels. Il joue sur les liens entre les arts pour nous surprendre et faire appel à notre imaginaire. A chaque point de passage une surprise nous attend et nous étonne. Tout au long du parcours, François Boucq nous fait sourire, nous provoque et nous apprend des techniques de l’art visuel et d’illusion. Cet Open Museum est une invitation à pénétrer dans l’univers de François Boucq.

François Boucq dans sa «Mise en route déroutante». PHOTO PIB, La Voix du Nord

A l’occasion de cet événement, François Boucq a décidé de faire don de 350 de ses œuvres au PBA, dont quelques unes sont présentées lors de l’Open Museum.

Le souci du devenir des originaux

Dans cette donation, tous les aspects de l’œuvre du dessinateur sont représentés. Des planches de BD aux dessins de presse, des illustrations aux aquarelles de voyage, ou encore des nus ou des peintures détournant les chefs d’œuvre, Bruno Girveau a choisi de sélectionner un éventail d’œuvres afin de rester fidèle à son auteur et de mettre en avant la BD. Lui-même passionné de BD, le président du PBA a accepté avec plaisir le don de l’artiste, qui est une première dans un musée des Beaux Arts. 

Les musées des Beaux Arts sont réticents à accepter de voir entrer dans leur collection le 9e art, au désespoir des artistes. En effet, de plus en plus se soucient de la conservation de leurs originaux, et c’est d’ailleurs la principale motivation du don de François Boucq. Donner ces originaux à un musée c’est avoir l’assurance de leur bonne conservation. Les dessinateurs regrettent également que leur art ne soit pas considérer à sa juste valeur. 

Exposer des dessins et des planches de BD dans un musée, ce n’est pas uniquement dans un souci de conservation, c’est également un moyen de décloisonner cet art et d’offrir un accès au public sur les originaux. Grace à Bruno Girveau et au PBA, la BD entre enfin au musée, montrant ainsi la voix à ses confrères.

Tout est une question de point de vue

 

« La salle sans fond – Une chapelle Sixtine à l’envers ». PHOTO PIB, La Voix du Nord 

Tout au long de votre visite au PBA, François Boucq joue avec vos sens. Tous sont sollicités, parfois trompés. Il nous appelle à plonger dans un autre monde en nous plaçant face à la beauté de l’art et de ce qui l’entoure. Ce n’est pas uniquement ce qui est représenté sur le tableau qui est important, mais également tout ce qu’il y a en dehors du cadre. Entre apprentissage, rire et animations fascinantes, le musée prend une toute autre forme. De nouvelles perspectives vous sont offertes.

Du coté des œuvres du dessinateur, chacune d’entre elles est fascinante. Provoquant alternativement la joie et la tristesse, la nostalgie et le désespoir, chaque coup de crayon vous évoque des souvenirs personnels ou collectifs. Chaque dessin s’ancre dans une période particulière, portant une signification singulière. D’une planche de BD qui vous place devant l’absurde de la représentation humaine au dessin de presse alertant sur la condition des personnes sans domicile fixe, chaque mot, chaque esquisse vous transmet un message. Après des mois d’attente, il est temps de retrouver l’art et la culture, de renouer avec les musées et la beauté de leurs œuvres. N’hésitez plus à entrer dans le monde de François Boucq avant qu’il ne soit trop tard, il vous attend. Vous n’avez plus aucune excuse, à cinq minutes de Sciences Po, vous ne pouvez pas le manquer.

Marienka Verriest