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La Primaire Populaire, ou comment passer de « simple votant » à « citoyen.ne 2.0 »

Cet article de Céleste Lacombe tente d’offrir une description claire du fonctionnement de la Primaire Populaire, de son ancrage, des enjeux multiples auxquels ce processus essaie de répondre et surtout de ses ambitions qui sont, plus que de gagner une élection présidentielle, de repenser notre pouvoir politique entant que citoyen.ne.

En référence à l’article du mois d’octobre sur la conférence de Pierre Larrouturou d’avant les vacances qui appelait à signer pour la Primaire Populaire au sein de laquelle il est candidat, nous nous sommes dit qu’il serait bien de faire un petit point sur ce mystérieux mouvement.

C’est quoi la Primaire Populaire ?

C’est une initiative citoyenne lancée il y a 9 mois par un collectif d’associations diverses et variées sous le nom de 2022 ou jamais, en réaction notamment au détricotage de la Loi Climat[1] par le gouvernement et à une peur pour l’avenir liée au décalage entre l’inaction politique et l’urgence environnementale. En avril dernier, les quelques membres permanent.es du mouvement ont écrit ce qu’on appelle aujourd’hui « le Socle Commun » en se basant sur les revendications des mouvements sociaux de ces dernières années (jeunes pour le climat, luttes sociales, féministes, antiracisme, syndicats, Gilets Jaunes…) et plus précisément sur 7 rapports rassemblant les revendications d’une partie de la société civile[2]. Ce socle commun composé de 10 ruptures pour une justice sociale, environnementale et démocratique a ensuite été discuté avec 13 partis des gauches et de l’écologie[3] qui ont tous déclaré être compatibles avec ces 10 mesures. Le socle commun créait les bases d’une union des gauches et de l’écologie pour 2022. Et, puisque rien n’est simple en politique, et encore moins lors d’une présidentielle, les membres de 2022 ou jamais ont décidé de ne pas s’arrêter ici. Il fallait proposer un chemin, un processus incitant les candidat.e.s à faire l’union. Ce processus, c’est la primaire populaire et l’ouverture de l’appel et des signatures pour une candidature unique représentant le Socle Commun fut lancée en mai dernier.

Qui participe ?

Mais pour faire une Primaire, il faut des candidat.es. La seconde étape de la Primaire Populaire fut donc la période des parrainage-marrainages du 11 juillet au 11 octobre. Premièrement, les candidat.es ayant validé le Socle Commun ont d’office été mis sur la plateforme. Puis, des personnes dont le nom a été proposé plus de 500 fois ont pu être soumises aux votes[4] même si elles n’étaient pas investies par un parti. De cette étape sont ressorti.es les 5 hommes et les 5 femmes[5] les plus plébiscité.es. Ces dernier.es ont jusqu’au 30 novembre pour se positionner en faveur ou non de la Primaire Populaire. Participer à la Primaire Populaire, c’est s’engager à ne pas se présenter pour les présidentielles si l’on en ressort pas gagnant.e et c’est intégrer les 10 mesures du Socle Commun à son programme. Aujourd’hui il.elle.s sont 3[6] sur 10 a avoir accepté l’union et d’être choisi.es par le peuple. Nous avons donc jusqu’au 30 novembre pour faire gonfler le nombre de signatures pour que les 7 restant.es acceptent de dépasser leur identité partisane au nom d’urgences politiques afin d’avoir une chance que les valeurs du Socle Commun puissent arriver à l’Elysée.

Comment on départage les candidat.es ?

Si certain.es d’entre elleux refusent de participer, les personnes suivantes sur la liste d’attente seront alors recontactées et devront se positionner de la même manière afin d’offrir le choix le plus large possible au moment de la Primaire qui aura lieu en ligne du 13 au 16 janvier 2022. L’inscription au vote se fera à partir de début décembre et le vote se fera au jugement majoritaire. Cette méthode de vote par valeurs -les électeur.ices ont le choix entre 5 mentions à attribuer à chaque candidat.es allant de « Très bien » à « A rejeter »- est aujourd’hui considérée comme la manière la plus démocratique de prendre une décision. En effet, avec le vote au jugement majoritaire, plus de vote utile, plus de préférence pour les grands partis par peur que votre tout petit parti préféré ne fasse pas assez de pourcentage tout simplement parce que vous donnez votre avis détaillé sur tous.tes. En plus de redonner du pouvoir à l’électeur.ice, le vote au jugement majoritaire redonne aussi de la légitimité à l’élu.e. Macron aurait-il gagné les élections présidentielles de 2017 si le vote s’était déroulé au jugement majoritaire quant on sait que 43% des électeur.ices de Macron ont voté pour lui pour faire barrage à Le Pen[7] ?

Et si ça ne servait à rien ?

Vous l’aurez compris, la Primaire Populaire c’est un énorme travail de lobbying pour que nous puissions voter avec sens et conviction et non plus dépendre de paramètres extérieurs nous rendant impuissant.es alors même que le vote aux présidentielles est vendu et magnifié comme l’événement phare de notre vie de citoyen.ne. C’est rassembler autour d’idées et non plus de personnes. Et au-delà de ça, la Primaire Populaire c’est une initiative qui fonctionne en grande partie grâce à ses bénévoles partout en France. Ce sont plus de 3 000 personnes qui militent chaque semaine, voire chaque jour pour que leurs idées arrivent jusque dans les urnes et pour se sentir un peu plus maîtres et maîtresses de leur destin. La Primaire Populaire c’est un militantisme nouveau basé sur l’inclusivité, sur des méthodes de facilitation et des outils d’intelligence collective pour apprendre à faire de la politique et plus généralement à co-construire autrement. C’est donc une expérience citoyenne en soi, qu’importe le résultat !

Plus qu’à signer !

C’est beau tout ça mais c’est quand même mieux si ça fonctionne alors si tu n’as pas encore signé et que toi aussi tu penses qu’il est impératif que ces enjeux soient saisis par le politique, je t’invite à le faire ! Aujourd’hui il y a des candidat.es qui attendent juste que l’on soit plus nombreux.ses pour accepter de jouer le jeu ! Et si tu as déjà signé alors fais signer autour de toi parce que ça marche, ça parle aux gens, parce qu’atteindre 150 000 signatures en 6 mois sans médiatisation, c’est déjà une belle victoire !
Et puis si tu as envie de passer à l’action, tu peux rejoindre notre boucle locale de Lille, tu y rencontreras plein de personnes inspirantes qui se sont mises en mouvement…

Céleste Lacombe

[1]  Fruit d’un an de travail des 150 citoyen.nes ayant participé à la Convention Citoyenne pour le Climat. Pour plus d’informations sur ce détricotage, voir notre article de février dernier sur le sujet.

[2] Le rapport final de la Convention Citoyenne pour le Climat ; Les objectifs des justices de la RDJ ; Proposition pour un retour sur Terre ; Pacte pour la transition ; Plus Jamais Ca : plan de sortie de crise ; #LesJoursHeureux ; Les propositions issues du vrai débat des Gilets Jaunes ; Pacte du Pouvoir de Vivre

[3] Cap Ecologie, Europe-Ecologie-Les Verts, Ensemble !, Gauche Démocratique et Sociale , Génération.s, Gauche Républicaine et Socialiste, La France Insoumise, Nouveaux Démocrates, Nouvelle Donne, Parti Communiste Français, PEPS, Place Publique, Parti Socialiste.

[4] Après que leur compatibilité avec le Socle Commun ait été validé par le Conseil d’Orientation de la Primaire Populaire

[5] Christiane Taubira, François Ruffin Clémentine Autain,, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise, Jean-Luc Mélenchon, Anna Agueb-Porterie et Gaël Giraud.

[6] Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise et Anna Agueb- Porterie

[7] Etude réalisée par Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France LCP/Public Sénat, RFI-France 24, Le Point et Le Monde en 2017.