« Waterloo, finally facing my Waterloo », c’est bien ce que je me suis dit quand j’ai mis les pieds pour la première fois dans cette petite ville au coeur de l’Ontario. Alors non, on ne parle pas de la Waterloo belge, celle qui fait tomber Napoléon et exploser ABBA, mais de son homonyme canadienne. 64,02 km², 104 986 habitants, et un mode de vie typiquement nord-américain. C’est ici que j’ai pris mes quartiers il y a deux mois, à la Wilfrid Laurier University (WLU, ou Laurier pour les intimes). Mais alors pourquoi choisir Laurier, et plus généralement le Canada pour sa 3A ? Une question cruciale, à laquelle je vais tâcher de répondre de la meilleure façon qui soit : avec un plan en trois parties et trois sous-parties. Alors que tu sois petit 2A perdu face à la longue liste des partenariats offerts par l’IEP, ou étudiant en master nostalgique de ton année à l’étranger, installe-toi confortablement et viens découvrir mes premières impressions sur le pays de Céline Dion, de Justin Trudeau, de Garou et des caribous.
The One Where You Study
Commençons par le sujet qui fâche, histoire d’en être débarrassé : la 3A, c’est avant tout une année d’étude. Parlons donc un peu de la Wilfrid Laurier University. Une université nommée après le célèbre Premier Ministre canadien Sir Wilfrid Laurier, en poste entre 1896 et 1911.
Les cours, d’abord. Sciences politiques, histoire, communication, sociologie, études internationales, littérature, langues étrangères, et j’en passe et des meilleures, mais aussi les très prisés cours de la Lazaridis School of Business and Economics. Beaucoup (trop ?) de choix donc, on se croirait presque dans un buffet à volonté. En ce qui me concerne, ça sera communication et business à l’automne, puis sciences politiques et études internationales en hiver, mais surtout des cours véritablement intéressants dans tous les domaines et sur tous les sujets. Dix sont nécéssaires pour valider l’année, mais pas de panique : les QCM et autres questions à réponses courtes sont d’une facilité enfantine pour les génies que nous sommes (eh oui, après tout, on a eu Sciences Po Lille, quand même…). Ce à quoi il faut s’habituer ici, c’est au fonctionnement des cours, qui reposent essentiellement sur la participation des étudiants. Pour moi qui suis plutôt du genre à attendre plus ou moins sagement la fin du cours assise en tailleur sur ma chaise, c’est un véritable changement. Et ça n’est finalement pas plus mal, surtout pour gagner en assurance dans la langue de Shakespeare. Au-delà de ça, le starter pack de l’étudiant canadien est relativement sommaire : venez en cours en claquettes, chaussettes, jogging rentré dans lesdites chaussettes, sirotez votre frappucino acheté au Starbucks du campus, gardez votre casquette en cours, appelez votre professeur par son prénom et citez Drake et la famille Kardashian le plus souvent possible dans vos exemples. Vous voilà maintenant parfaitement intégrés. Et maintenant la question à un million d’euros : l’emploi du temps, ça donne quoi ? Là encore, pas de panique : mes week-ends sont plus longs que mes semaines de cours, c’est vous dire !
Qui dit université nord-américain dit aussi campus nord-américain. Celui de Laurier, même s’il vous fera regretter l’unique bâtiment de l’IEP, n’est pas si grand, mais n’en est pas moins cliché. Vous y trouverez donc un café dans chaque bâtiment, un espace de restauration comprenant différentes chaines de fast-food, une boutique de souvenirs, un service d’imprimerie, une bibliothèque sur sept étages avec une galerie d’art, et bien plus encore. Mais le clou du spectacle reste quand même le complexe sportif, qui donnerait l’envie de se lancer dans le bodybuilding au plus flemmard d’entre nous. Trois étages entièrement vitrés, machines de musculation à foison, piscine olympique, salles de squash, il y en a pour tous les goûts. Il faut dire que le sport est une institution dans la culture étudiante nord-américaine. Ici, les véritables légendes, ce sont les Golden Hawks violets et or ! Alors si vous mourez d’envie de voir des matchs de football américain ou de hockey de vos propres yeux (ou juste de vous asseoir dans ces gradins qu’on voit dans les films), Laurier est l’endroit idéal, vous ne serez pas déçus ! Et pour ceux qui veulent pousser le cliché encore plus loin, vous pouvez toujours choisir de vivre dans les dorms du campus, pour enfin vivre la même expérience que vos idoles de séries américaines. Mais attention, il parait que ça n’est pas la meilleure option, surtout pour voyager…
Être étudiant en échange à Laurier, c’est aussi toute une expérience, cela dit. Premier point de repère indispensable : Laurier International, le département d’ouverture à l’international de l’université, qu’on pourrait aussi rebaptiser “Le Monde des Bisounours” tant les bénévoles et le personnel de l’université sont adorables et prêts à tout pour les petits poulains que nous sommes. Laurier International organise très régulièrement des événements qui nous sont destinés, du karaoké où chacun chante dans sa langue maternelle aux déjeuners de rencontre avec les futurs canadiens en échange, en passant par la fameuse semaine d’intégration des internationaux. Tous sont toujours à l’écoute, prêts à nous filer un coup de patte pour les menus désagréments du quotidien, tout en créant une véritable communauté entre les étudiants internationaux, notamment à travers les coffee clubs hebdomadaires. Une occasion de rencontrer de nouvelles têtes autour d’une chocolat chaud bien réconfortant. À Laurier International, on est comme chez nous ! Par ailleurs, chez les internationaux, vos espoirs de découvrir mille et unes cultures à travers vos futurs camarades risquent d’être vite déçus, puisque les français représentent le plus gros contingent d’étudiants en échange. Vous ne risquez donc ni de perdre votre habileté à manier la langue de Molière, ni de rentrer de 3A avec l’accent de Jean-Marc Généreux.
Vous l’aurez compris, Laurier est un choix idéal pour valider votre année en toute sérénité. Mais de vous à moi, la 3A, ça ne se résume pas seulement à des considérations purement académiques, si ?
The One Where You Party
Vous rêvez d’une année à la Romain Duris dans l’Auberge Espagnole, non ? Eh bien Laurier, Waterloo et le Canada, c’est là encore un choix idéal, vous allez voir !
Ce qu’il faut avant tout savoir, c’est que Waterloo est une ville étudiante par essence, et pour cause : en plus de Laurier, on y trouve aussi le campus de l’Université de Waterloo. Les deux sont juste à 15 minutes de marche l’un de l’autre, ça fait donc beaucoup d’étudiants concentrés au même endroit. Et qui dit beaucoup d’étudiants dit bien sûr vie étudiante très active, marquée par trois événements d’exception : Homecoming, Halloween et la Saint-Patrick. Dans les trois cas, le concept est le même, à savoir faire la fête toute la sainte journée pendant que l’alcool coule à flots du matin au soir et du soir au matin. Les étudiants le disent eux-mêmes, l’objectif, c’est d’être le plus alcoolisé possible, et certains y arrivent particulièrement bien. L’épicentre de ces festivités se trouve le plus souvent sur Ezra Ave., repère par excellence des étudiants de Waterloo, et en particulier de ceux qui fréquentent les bancs de Laurier. Après tout, l’expression « See ya on Ezra ! » ne sort pas de nulle part. Plus généralement, ici, aucun jour n’est spécifiquement dédié aux soirées. Ou plutôt, tous les jours sont dédiés aux soirées. Ça fait rêver, n’est-ce pas ? Avouez que vous vous y voyez déjà.
Mais Waterloo, c’est aussi une ville typiquement canadienne. Le gros avantage, c’est qu’on est au Canada anglophone. Parfait, donc, pour ceux qui rêvent d’une immersion totale. En revanche, férus d’écologie, s’abstenir : le Canada, ce n’est pas le pays de l’économie d’énergie ! La voiture est ici idolâtrée, les lumières des bâtiments brillent de mille feux à toute heure, et il arrive régulièrement qu’on trouve des déchets sur les pelouses devant les maisons. Alors d’accord, on a le tri sélectif presque partout, mais on est quand même pas encore au niveau. Noter aussi que Waterloo a aussi une ville jumelle, au sud : Kitchener. Plus mature, plus adulte, mais pas moins canadienne, c’est une occasion de changer parfois de décor. Et pour ceux qui aimeraient s’éloigner un peu plus, quoi de mieux que le marché de St Jacobs au nord, pour faire le plein de bons produits, et pourquoi pas croiser quelques Mennonites au passage ? En fait, la culture canadienne, quand on est en échange, ça nous transforme un peu quand même en accros du shopping. Et pour cela, les fameux centres commerciaux nord-américains font parfaitement l’affaire ! Alors on va pas se mentir, c’est dans les grandes villes qu’on trouve les plus gros malls. Mais il y a quand même de quoi faire à Waterloo. Conestoga Mall au nord et Fairview Park au sud, là encore, il y en a pour tous les goûts !
Et en pratique, c’est comment, la vie d’étudiant en échange à Waterloo ? D’abord, coup de chance : le taux de change entre l’euro et le dollar canadien est intéressant pour les français, 1€ valant $1,50 environ. Une bonne chose quand on regarde ses comptes, puisqu’on a l’impression d’avoir dépensé moins que prévu. Ne pas oublier, cependant, d’ajouter au montant de l’addition les taxes, qui ne sont que rarement incluses dans le prix, et le pourboire, un incontournable ici. De manière générale, les prix sont équivalents à ceux qu’on trouve en France, sauf dans deux cas (et c’est là que ça fait mal) : l’alcool et le fromage. Le premier est un monopole d’État, et il vous coûtera moins cher d’aller boire votre Jäger dans un bar que d’acheter de la vodka en magasin. Il vous faudra par contre vous priver du second pendant quelques mois, d’abord parce que celui proposé au supermarché ressemble rarement à du fromage, et aussi parce que ce qui s’en rapproche le plus coûte plus cher qu’une année universitaire sur Paris, coût du pass Navigo compris. Exit donc le bon fromage français, et place aux joyeusetés culinaires nord-américaines : le sirop d’érable, les pop-tarts, les cinnamon rolls, la poutine, le double-double de chez Tim Hortons, les pâtes surgelées, le lait en sac, et bien d’autres encore… Enfin, en ce qui concerne le logement, le plus simple reste de choisir une colocation dans un rue adjacente à l’université. Ezra Ave., Marshall St., Bricker Ave., Hickory St. … Allez-y sans crainte, au pire, votre voisin sera l’assistant du prof qui donne votre cours du mardi après-midi.
Waterloo est donc une ville d’adoption idéale pour les étudiants en quête d’une expérience étudiante outre-atlantique que nous sommes. Et elle vous attend les bras grands ouverts ! (Et si le fromage vous manque trop, il reste le supermarché italien en centre-ville…)
The One Where You Travel
« Voyage, voyage ! »… Desireless ne pensait alors pas écrire l’hymne à la 3A des IEP. A ce stade, est-il encore nécessaire d’expliquer pourquoi le Canada est un des meilleurs choix possibles pour voyager pendant sa mobilité ?
Bon d’accord, Waterloo, ça parait perdu, n’est-ce pas ? Le type de patelin paumé au milieu de sa campagne, à des milliers de kilomètres de la première ville digne de ce nom ? Détrompez-vous : Toronto n’est qu’à deux petites heures de route. Deux heures, donc, pour se retrouver au cœur de la ville, la vraie. La CN Tower, Toronto Islands, le Centre Eaton, le Royal Ontario Museum… Amoureux de la nature, des villes qui bougent, de la culture ou du shopping, il y a de quoi faire ! Et Toronto, c’est aussi le point de départ vers toutes les destinations possibles à commencer par l’exploration de l’Ontario même. Deux grandes villes, Toronto, centre économique, et Ottawa, capitale politique, mais aussi, pour les amateurs de grands espaces, lacs et parcs à foison : les Kawartha Lakes, l’Algonquin Provincial Park, Flowerpot Island, pour n’en citer que quelques uns. Et autant d’expériences à vivre pour les aventuriers que nous sommes. Petit bonus non négligeable : dans le cadre de sa semaine d’intégration des internationaux, Laurier International nous offre une bien jolie opportunité, celle de découvrir les chutes de Niagara. Ça ne se refuse pas, ça, si ?
Et pour voir les autres provinces, ça se passe comment ? D’abord, le Québec est à portée de main. Facile, donc, d’aller parcourir les rues de Montréal, ses friperies, ses parcs, ses musées, et d’en revenir avec un accent québécois parfaitement imité, et un bon fou rire en prime, causé par les fameuses traductions du français à l’anglais, toutes plus loufoques les unes que les autres. Et si Montréal est accessible, le nord de la province l’est aussi. A vous la ville de Québec, les parcs nationaux, le Grand Nord, et pourquoi pas les aurores boréales ? Pour de plus gros voyages, l’ouest du pays est aussi accessible par avion, qui reste le meilleur moyen pour rallier Toronto à la Colombie-Britannique avec Vancouver, à l’Alberta avec Calgary, à Yellowknife et aux Rocheuses canadiennes. Entre deux, des régions plus naturelles, comme Manitoba ou le Saskatchewan, parfaites pour découvrir l’authenticité des paysages canadiens. En plus de tout cela, le Canada, c’est aussi l’occasion d’aller ski en étant certain d’avoir de la neige ! Vous l’aurez donc compris, le pays regorge d’espaces, tous différents les uns des autres, et je suis certaine qu’il vous tarde de la découvrir !
Mais pourquoi se limiter uniquement au Canada, alors que d’autres contrées sont aussi à découvrir ? Aller au Canada, c’est souvent aussi l’envie de vouloir découvrir les États-Unis qui sont tout proches. Et c’est là qu’être en Ontario est le plus avantageux. En effet, Waterloo n’est qu’à deux heures de la frontière, au niveau des chutes du Niagara, et de manière générale, les distances de voyage sont relativement raisonnables si on considère le pays dans lequel on est. Ainsi, aller à Détroit ne vous prendra que 4h, et pour Chicago, il faudra compter 7h de trajet. Deux villes qui se visitent facilement pour un week-end, entre deux sessions de révisions à la BU, ou entre deux beuveries, au choix. Si l’est américain vous tente, vous êtes aussi au bon endroit ! Amateurs de road trips, vous adorerez remonter de Washington à Boston en passant par toutes les villes iconiques qui bordent l’Atlantique. Et, bouquet final, il existe aussi une solution miracle au plus gros point noir de cette année au Canada. Je vais donc aussi répondre à la question qui vous taraude tous : où passer ses vacances alors qu’il fait -30° pendant l’hiver canadien ? Eh bien vous avez en fait l’embarras du choix : Floride, Californie, et pourquoi pas les îles comme Cuba, aussi ? Après tout, les portes du continent s’ouvrent à vous !
Vous l’aurez deviné, après deux mois passés ici, j’ai été absolument conquise pas mes premiers mois au Canada. La beauté du pays et la gentillesse de ses habitants rendent cette expérience encore plus incroyable, et j’espère avoir réussi à vous convaincre de prendre ma place l’année prochaine ! Sur ce, je retourne à mes matchs de hockey, à mes balades au parc parmi les écureuils et à… la neige, qui vient de commencer à tomber ! Comme quoi, elle arrive ici bien plus vite que dans Game of Thrones… Heureusement que les canadiens sont plus accueillants que les Marcheurs Blancs !
Pour plus d’informations sur mon expérience à Waterloo, c’est par ici que ça se passe : fatinebhsn-in-canada.over-blog.com !
Fatine Bouhsina