Quelle est la capitale du Canada ? Cette question, votre prof d’histoire-géographie a sûrement dû vous la poser. Ce à quoi vous avez répondu, dans la plupart des cas, Montréal. Et bien non. Si Montréal et Toronto forment deux poumons économiques importants du Canada, Ottawa en est bien la capitale administrative fédérale !
OTTAWHAT ?
C’est l’occasion pour moi de vous présenter cette ville de 900 000 habitants, dont le maire, Jim Watson, vient d’être réélu à un score “stalinien” de 75%. Fort sympathique, la ville a la chance d’abriter le Parlement fédéral du Canada : la Colline parlementaire, où siègent 338 députés. C’est au Parlement que j’effectue mon stage de 3A, depuis septembre, jusqu’à mars prochain.
Pour la présenter, Ottawa est une ville que l’on pourrait qualifier de calme, dans l’ensemble. Ottawa est dans la province de l’Ontario, une province anglophone, mais la ville est bilingue, du moins officiellement. La ville touche la province du Québec (calice de Tabarnak non, le Québec n’est pas un pays !), et vous irez aisément à Gatineau, la ville qui touche Ottawa, dans la province voisine. En effet, les deux provinces, et donc les deux villes, sont séparées par la rivière des Outaouais. Ottawa, c’est aussi Gatineau; Gatineau, c’est aussi Ottawa.
Le quartier le plus dynamique à Ottawa est le Marché By, qui comprend de nombreux magasins d’artisanat, cafés, dinner, mais aussi des bars. Situé à l’est de la ville, le quartier regorge donc de pas mal d’activités… Si vous venez ici, c’est là que vous passerez le plus de temps avec vos collègues… sauf s’ils sont québécois, ce sera Gatineau ! Je vous conseille le Heart and Crown au marché, il y a toujours une bonne ambiance sous le son des hits et de la country. Le quartier bouge pas mal le soir, et il vous arrivera sûrement, comme à moi, de succomber au McDo du quartier Rideau (cc Lucie Francia). Quand Halloween arrivera, vous succomberez à l’achat d’une citrouille ou encore des cafés aux épices… Si vous voulez vous amuser à Gatineau, n’oubliez pas de commander des queues de castor au bar, c’est tellement délicieux. Je vous laisse chercher. Les soirées au Canada commencent à 18h et finissent à 2h (3h si vous êtes au Québec, oui oui c’est la loi).
On s’y sent toujours en sécurité, les transports durent jusqu’à deux heures et demi et le centre-ville d’Ottawa est relativement petit. C’est une ville assez riche, et la plupart des employés sont soit au Parlement, soit dans les édifices gouvernementaux.
Le logement, sois chanceux si t’es stagiaire !
Le problème au Canada, c’est que les baux pour le logement sont restreints en 12, 6 et 4 mois, et ce décompte est prioritaire. On ne peut pas résilier comme l’on veut. Ainsi, l’été, les agences ne vous proposeront que des baux de 12 mois, puis 6 mois à la fin de l’été, et 4 mois en septembre. Je n’ai pas tenté le risque et j’ai joué la sécurité…. en louant un AirBnB pendant 6 mois. Ils font des locations longue durée chez l’habitant (ou même parfois des apparts) et j’en ai pour 500€ pour une chambre avec une salle de bain, dans une grande maison dans un quartier ouest d’Ottawa. Je suis à 15 minutes du centre-ville en bus, dans un quartier très bien desservi, avec commerces et résidentiel de la classe moyenne supérieure de la ville : Westboro. Parfois, certains ont réussi à négocier avec leurs propriétaires avec des baux de 4 mois. Mais j’ai décidé de prolonger mon stage pour arriver à 6 mois afin de profiter de l’expérience canadienne à fond.
Le climat : Get ready to buy the “winter jacket” !
Forcément, le Canada rapproche de suite avec le sirop d’érable mais aussi les hivers longs et froids. Le climat d’Ottawa n’y déroge pas. Si l’été indien se réalise, il est plutôt court. Les vêtements légers ne se portent donc pas très longtemps. Epreuve nécessaire si vous prolongez votre séjour, l’achat d’une veste d’hiver. A l’heure où j’écris ce papier, il fait -8°C ressenti -12°C. Les gants, bonnets et écharpes se portent dès la mi-novembre. Il faudra casser la tirelire si vous voulez une veste neuve (300 dollars CAN pour moi, soit 200€), mais des friperies de bonne qualité vous permettront de vous en sortir pour moins de 100 dollars. N’oubliez pas de bannir Canada Goose qui fournit en fourrure animale ! Il existe des magasins d’usine outlet à 15 minutes de la ville en voiture. Passage obligé également pour les bottines fourrées quand la neige tombera ! Non, vous ne serez pas glamour dans les rues de la capitale, pour citer un ami canadien : “Le problème des Français, c’est qu’ils veulent avoir du style en permanence, même avec des vêtements d’hiver… !” N’ayez pas peur des journées courtes, la nuit tombe à 16h30 en hiver… et évitez de sortir les cheveux mouillés, ils gèleront en deux minutes.
Le travail au Parlement : immersion intégrale !
Rentrons désormais dans le concret ! Ce stage au Parlement nous a été dégoté par le fameux réseau made in Sciences Po Lille. Catherine Lebas a un point de contact avec un universitaire américain, qui connaît pas mal de députés au Parlement canadien. Si l’expérience vous tente ou bien que l’action publique vous intéresse, foncez vers ce stage.
Pour ma part, je travaille pour Marc Miller, député libéral de la circonscription de Ville-Marie – Le-Sud-Ouest – Île-des-Soeurs, à Montréal. Je travaille donc dans le bureau d’Ottawa. Marc Miller est également secrétaire parlementaire aux affaires autochtones et aux relations entre la Couronne (Elizabeth the IInd…) et les peuples autochtones. Pour faire une certaine comparaison française, c’est une sorte de secrétaire d’Etat et Marc épaule la Ministre dans des dossiers très sensibles au Canada. C’est un député bilingue, il me parle en Français mais mes collègues sont anglophones. Cela me permet de garder un pied à terre avec la langue natale et en même temps d’améliorer mon niveau d’anglais proche du zéro. Mon travail est très varié et il rapproche la population des députés, mieux qu’en France d’ailleurs. J’écris ainsi les discours de Marc en Chambre, ses allocution en circonscription en langue française, je gère son agenda, une partie de sa communication avec la circonscription, sur le web et sur Facebook (un petit like : https://www.facebook.com/MarcMillerVilleMarie/). Nous avons beaucoup de lien avec les cabinets ministériels (forcément chez les libéraux vu que c’est le parti majoritaire au Canada) mais également avec la population. C’est très différent de la France où les missions du député sont connues et il n’est pas le “SAV” de la population.
En tant que secrétaire parlementaire, Marc n’est pas autorisé à faire du législatif, il ne peut donc pas amender de projet de loi, ni proposer de motion. Si le travail législatif vous intéresse spécifiquement, les bureaux de députés Conservateurs et Nouveau Parti Démocrate vous iront parfaitement. De nombreuses réunions sont aussi à votre charge et vous pourrez recevoir des habitants ou des groupes d’intérêts (oui les lobbys) dans votre propre bureau. Le nombre de collègues varie en fonction de la gestion du bureau par le député, nous ne sommes que deux pour Marc, lorsque dans le bureau de Lucie, les adjoints sont au nombre de huit !
Partie sympa du boulot d’adjoint parlementaire, les réceptions, tous les soirs. Les députés y sont invités tous les jours, sauf quand la Chambre ne siège pas. Vous recevrez également ces invitations sur votre boîte de courriels professionnelle et serez autorisés à représenter votre parlementaire. Certaines réceptions sont de taille “modeste”, d’autres se font au Château Laurier (Hôtel cinq étoiles), ou dans de grandes salles de réceptions. Généralement, des lobbyistes viendront vous parler pour parler du groupe qu’ils représentent. Parfois, le côté tout beau tout rose réseautage peut sembler un peu lourd. Le côté positif, c’est que de nombreux rafraîchissements et nourriture sont servis (oui, de l’alcool) en quantité abondante. Ces réceptions sont un moyen de réseauter, mais surtout de manger le soir gratuitement (cc galère étudiante) et de passer un bon moment. Economies de courses garanties ! Elles ont lieu généralement de 17h à 20h. Vous pourrez rencontrer d’autres étudiants en échange. Pour notre part, nous avons rencontré des ukrainiens en programme d’échange Canada-Ukraine, très sympathiques puisqu’ils nous ont invité au sein de leur ambassade pour des échanges…
The American way of life ?
Point important, les clichés sur le mode de vie nord-américains se sont confirmés pour ma part. Tout est en plus gros. L’excès ici, c’est une normalité. Demandez un grand Coca, on vous donnera un verre d’un litre, et 70cl pour du café chez Tim Hortons, véritable institution canadienne à la Starbucks. Il vous surprendra de trouver des sacs plastiques de lait de quatre litres, et cinq litres pour le “jerrican” de jus d’orange. Une voiture de taille économique correspond à une berline chez nous, et rien de plus normal que de payer 1,15$ CAN le litre d’essence (soit 77 cts d’euros). Les gilets jaunes n’existent pas ici… Les voitures de location sont très peu chères à louer. J’ai fait un roadtrip au nord du Québec (cc Aurélien), 100 € de location pour 5 jours, kilométrage illimité. Mais las consommation des voitures ici est supérieure à nos bonnes 307. Les publicités sont légion partout, au possible, tout comme le sponsoring. Bon nombre de magasins sont ouverts 24/7, si jamais une course vous manque durant une soirée.
Parlant soirée, l’alcool est géré par des sociétés d’État. Il n’y a donc pas de petites marques de vodka pour se “geler” (= être ivre au Québec), l’Absolut est la moins chère des bouteilles… à 25$ sans taxes (donc 17€ facile). C’est la même chose pour le cannabis, que vous pourrez acheter en succursale au Québec, et sur internet seulement en Ontario avec le Ontarian Cannabis Store, en livraison discrète. Pendant votre soirée, si vous voulez fumer, que ce soit cannabis (entré depuis longtemps dans les mentalités) ou cigarette, éloignez vous de vos amis. Il est très mal vu de fumer proche des non-fumeurs. Il est interdit de fumer sur les terrasses, mais aussi à 9m d’une porte d’entrée de bâtiment.
L’avantage, c’est que le coût de la vie au Canada est en partie compensé par la faiblesse de sa monnaie. En effet, un dollar canadien, c’est 67 centimes d’euro. La pilule arrive mieux à passer, hein ? N’oubliez pas qu’au resto il faut rajouter la taxe et le pourboire, chacun de 15% de la note, car le service n’est jamais compris sur les prix affichés.
Les transports sont chers à Ottawa, 115$ (80€) pour un réseau de bus, certes diversifié, mais seulement pour du bus. Vous pourrez tenter d’aller au centre commercial Rideau pour aller chez la compagnie de transport commander votre carte. Ce que je vous recommande, c’est de ne pas acheter de carte de bus et d’essayer d’habiter à Downtown. Pour les autres déplacements, comptez sur Uber ou le taxi. Attention, si vous passez votre soirée à Gatineau, Uber n’existe pas. On peut vous déposer à Gatineau en partant d’Ottawa, mais l’inverse est illégal. Ah, les lois provinciales…
Le coeur a ses raisons d’exister avec les Québécois.
J’ai la chance de travailler pour un député fédéral du Québec, et donc de côtoyer nos meilleurs cousins. Chaque semaine, les adjoints parlementaires libéraux de la province du Québec se réunissent. Bon point, réunion en français. Il faut tout de même se mettre l’accent québécois dans l’habitude, et très vite. On reconnaîtra tout de suite que tu es Français, avec ton “parisian beautiful accent” et tes expressions de l’hexagone. Vous passez un peu pour l’OVNI à regarder “La Casa de Papel” quand tu peux regarder “La Maison de Papier” au Québec sur Netflix. Merci la loi 101, qui oblige toute traduction de film en traduction littérale. Revoyez vos classiques et profitez “présentement” de Danse lascive, à moins que votre bien aimé(e) ne “cancelle” parce qu’il neige trop dehors.
Les Québécois et les Canadiens sont des personnes chaleureuses, mais ne comptez pas sur eux pour faire le premier pas. C’est rugueux au départ, mais les Canadiens aiment les Français et rêvent tous d’aller en haut de la Tour Eiffel. C’est le moment d’abattre vos cartes.
Plus vous irez au nord du Québec, plus l’accent sera prononcé et donc difficile à comprendre. Avec le temps, très franchement on s’y habitue. Et si vous faites partie de l’Equipe Trudeau (oui oui), vous aurez des “5 à 7”, cad des afterworks grâce au “BDE” des adjoints libéraux du Québec. Une très belle équipe en somme !
Si tu veux voyager, avance ton char sans passer les vitesses !
Au Canada, les voitures sont toutes automatiques. Seules quelques manuelles résistent à l’envahisseur, le plus souvent conduites par des franco-canadiens… On se demande pourquoi ! Comme mentionné ci-dessus, louer une voiture est à bon prix; l’essence aussi. On vous conseillera d’aller à Tadoussac, Toronto, Montréal, Québec-ville. Vous pourrez tenter le coup de faire un roadtrip afin de tester les routes accidentées où la station essence est aussi rare que la fibre dans le Département de la Meuse. Au nord du Québec, les paysages sont magnifiques en automne, les lacs nombreux. Le Québec a les ressources en eau douce les plus importantes sur la planète ! Louez une jeep, mettez un matelas dedans, et le tour est joué !
Les Ouibus locaux sont les “Greyhounds”, bon prix, prises, Wi-Fi inclus. Mais souvent en retard, un peu comme en France. Pour aller à Montréal, ça le fait honnêtement. Le blablacar canadien, AmiGoExpress, est assez cher et plus complexe. Il faut acheter des crédits pour réserver un covoiturage. La commission est à part de la course dans laquelle vous voulez voyager.
Bref, pour résumer, une expérience à ne pas rater si vous voulez travailler dans le domaine de l’action publique ! N’hésitez pas à revenir vers moi si vous avez des questions. Je sors aussi des petits vlogs sur mes voyages, la vie ici, mon parcours de 3A : le dernier épisode en date. Un cinquième devrait suivre bientôt !
Robin Magisson