La victoire contre les Argentins ce samedi (21-23) permet au XV de France de prendre une option pour les quarts de finale. Mais les Bleus ont certainement fait passer leurs supporters par tous les états d’âme possibles en 80 minutes, offrant un match en deux temps. Rapidement, les français ont su montrer leur meilleur visage en alternant défense solide et des phases de jeu offensives rapides et efficaces. Mais au retour des vestiaires, les Bleus se sont laissés surprendre par l’envie des Pumas de recoller au score.
La titularisation du jeune toulousain Romain Ntamack s’est affirmée décisive pour le score final. Du haut de ses 20 ans, le plus jeune joueur de la Coupe du Monde, a su gérer la pression de ce premier match, avec un taux de réussite de quatre sur cinq face aux perches. On oubliera ses erreurs de début de match, comme son coup de pied tactique à la 15e minute, mal ajusté, qui entre dans l’en-but argentin. Ou encore son coup de pied direct en touche dès les premières minutes du match.
Le premier essai français est à l’image du jeu que nous ont offert les Bleus en première mi-temps. Aplati par Gaël Fickou à la 17ème, le jeu collectif n’a laissé aucune chance aux Pumas Argentins. Après une magnifique passe de Maxime Médard, l’ailier Damian Penaud s’envole et transperce la défense argentine. Des sorties de balles rapides et des passes réussies, voilà ce que les Bleus ne nous avaient pas offerts lors des derniers matchs. Le traditionnel manque de régularité a laissé sa place à un jeu construit et ambitieux. Le peu de folie que des joueurs comme Romain Ntamack, Damian Penaud ou Gaël Fickou ont montré a permis de donner une confiance incroyable à l’équipe. Et cela s’est ressenti sur la fin de la première période.
Le second essai ne s’est pas fait attendre. Face aux plaquages brutaux et physiques des argentins, les français ne se sont pas laissés abattre. Deux magnifiques passes de Maxime Médard, une percée de Gaël Fickou et de Damian Penaud, offre l’essai au numéro 9, Antoine Dupont, transformée par Romain Ntamack (14-3). A la fin de la première période, les Bleus mènent largement 20 à 3.
La catastrophe de la deuxième mi-temps
Voilà ce que craignaient les supporters à l’aube de cette Coupe du Monde : des français médiocres, découragés et décourageant. Le XV de France qui est entré sur la pelouse pour la seconde mi-temps n’était plus le même. Etaient-il trop sûrs par rapport au score ? En tout cas, les français n’ont pas été à la hauteur, face à une équipe d’Argentine envieuse de recoller au score.
La seconde mi-temps s’est traduite par un jeu limité, lent (à l’image des sorties de ballons d’Antoine Dupont) et peu agressif, tandis que les Argentins jouaient la pression, empêchant les français d’avancer en attaque. Il n’aura fallu que trois minutes pour encaisser un essai de Guido Petti Pagadizabal, transformé par le buteur argentin, Nicolas Sanchez (20-10). Sur l’ensemble du match les français ont concédé 13 pénalités, contrairement aux argentins qui eux n’en ont concédé que 5. Cela démontre à quel point les français n’ont pas su assurer leur jeu. Le trop plein d’erreur aurait pu leur coûter très cher. Enfin, sur l’ensemble de la seconde période les français se sont littéralement effacés du terrain (37% de possession).
Que retenir du match ?
Le match a fait ressortir le meilleur et le pire du XV de France actuel. Les français sont encore capables d’offrir à leurs supporters un jeu construit et plein d’envie. Mais en tentant d’assurer en seconde mi-temps (L’ordre a t’il été donné par le staff dans les vestiaires ?), les Bleus se sont laissés submerger par le jeu agressif argentin. La folie a laissé place à la mollesse, et à la renaissance des Pumas. La défense est le seul point positif de cette équipe, traduite par un taux de réussite de 90% dans ses plaquages (106/118).
Le coaching a-t-il été concluant ? Si l’on en croit le résultat de la seconde mi-temps, sortir les leaders n’était peut-être pas la bonne option. A l’heure de jeu, la France a fait ressortir l’image d’une équipe peu expérimentée, incapable de gérer la pression. Ce n’est qu’à l’entrée de Louis Picamoles, que le jeu s’est réellement reconstruit. Il a su redonner confiance en ses joueurs, qui n’ont ainsi rien lâché en défense. Il faudra malgré tout retenir l’entrée magistrale de Camille Lopez, qui, non-titulaire, a réussi à sauver le match et la victoire, en passant un drop bien ajusté, sous la pression argentine.
Maintenant que la victoire est acquise, les Bleus doivent corriger leurs erreurs de jeux, pour arriver confiants face aux Etats-Unis, et ne pas gâcher ce succès périlleux face aux argentins. Rendez-vous le 2 octobre !
Coline Fournier