En cette période compliquée, et confinement oblige, la Manufacture vous propose un voyage virtuel en Amérique latine. On a donc demandé à Hugo Talon de nous raconter sa 3A à San José, au Costa Rica. On s’y croirait presque…
Quelles furent tes premières impressions de la ville et de l’université ?
Ce que j’ai constaté tout de suite en arrivant à San José, c’est la gentillesse et la sympathie des gens, tout le monde est très ouvert d’esprit, et vient vers toi si pour t’aider si tu es perdu, si tu veux retirer de l’argent… Il y a beaucoup de solidarité entre les gens. Le climat et l’ambiance sont très sympas aussi, une des raisons pour lesquelles j’ai choisi d’aller en Amérique latine.
A l’université UCR (Universidad de Costa Rica), c’est la taille qui m’a surprise : la fac accueille 40 000 étudiants, sur plusieurs hectares, un vrai changement par rapport à Sciences Po, surtout pour ce qui est du temps de déplacement sur le campus. J’étais le seul étranger dans la classe, mais les autres étudiants étaient très sympas et venaient m’aider à la fin des cours si besoin.
Comment s’est passée l’adaptation à la culture, la langue, les cours, le système universitaire ?
J’ai mis du temps à m’adapter aux cours, surtout parce que je ne parlais pas bien espagnol en arrivant. Donc j’ai mis au moins deux mois pour mieux maîtriser la langue et les cours. La vie locale, quand on ne parle pas espagnol, peut paraître compliquée, mais en pratiquant du sport, en faisant des sorties avec d’autres étudiants, on apprend vite. Par contre, je me suis habitué très rapidement au pays, notamment parce que j’avais déjà fait des voyages dans cette zone géographique. Le climat des Caraïbes, très humide et chaud ne m’a pas posé de problème. J’ai rencontré et me suis fait pas mal d’amis parmi les étudiants locaux du Costa Rica, mais aussi parmi des étudiants étrangers espagnols, italiens, allemands ou encore américains, avec qui je vivais.
En parlant du logement, trouver un appart a été facile ou plutôt galère pour toi ?
Ca peut très vite être galère de trouver un logement à San José, d’autant plus que les appartements ne sont pas toujours très propres (surtout niveau isolation). Il vaut donc mieux privilégier les colocations. J’ai eu l’avantage de partir là-bas avec trois autres étudiants d’autres Sciences Po, donc on s’est mis en contact et on a cherché une maison pour vivre en coloc sur des sites internet. Dans la capitale, il y a 5 ou 6 grandes maisons étudiantes avec jusqu’à 30 personnes dedans, ce qui est pratique pour trouver une place. J’ai donc vécu dans une maison, en colocation avec 17 autres étudiants. L’avantage des colocations avec d’autres étudiants étrangers ou locaux, c’est d’apprendre la langue plus rapidement, et d’éviter de rester trop entre « sciences-pistes » aussi. Au niveau des prix, ça reste plutôt raisonnable, je payais 350 euros par mois.
Sur une échelle de 1 à 10, combien noterais-tu la qualité de vie étudiante de ta ville de 3A ? Et pourquoi ?
Je dirais 8 sur 10. Dans la ville, il y a deux grandes universités, donc beaucoup de bus et de transports en commun. Il y a pas mal de bibliothèques, d’équipements sportifs, mais quand même pas équivalents à ceux qu’on peut trouver en France. Il y a aussi une « rue de la soif » à San José, où l’ambiance est très sympa.
Le Costa Rica reste un pays d’Amérique centrale, avec beaucoup de délinquance. Il est situé près de pays comme le Panama, le Nicaragua ou du Honduras, qui sont quand même des pays assez dangereux. Il faut aussi toujours se méfier, et éviter de sortir seul, surtout le soir. Personnellement, je n’ai eu que très peu de problèmes, très mineurs. Il suffit de sortir à plusieurs pour être plutôt tranquilles. Le Costa Rica reste quand même le pays le plus « safe » d’Amérique centrale.
Des conseils touristiques pour voyager au Costa Rica et autour ? Des pièges attrape-touristes à éviter ?
J’ai voyagé deux fois au Panama, notamment au Bocas del Toro, où se tenait le filthy friday (un grand festival pour les étudiants), et je conseille vivement. Je devais aussi aller au Nicaragua, mais j’ai annulé à cause du Covid. Sinon, il y a beaucoup à voir au Costa Rica : Puerto Viejo, sur la côte des Caraïbes, proche de l’esprit reggae de la Jamaïque, ou alors Tamarindo, sur la côte pacifique, avec beaucoup de retraités américains et donc un tourisme qui coûte plus cher, … Les paysages sont très différents : des volcans et des bains chauds à Monteverde ou La Fortuna, de superbes plages, la montagne, … Il y a même un parc national, Corcovado, qui regroupe 2,5 % de la biodiversité mondiale. Tous les panoramas possibles sont présents au Costa Rica.
Pour éviter les pièges attrape-touristes, je conseille vraiment de partir voyager avec des locaux, des potes de classe qui connaissent vraiment bien le pays. Il faut surtout éviter tous les sites touristiques et les agences de voyages, qui t’emmènent faire une visite de la montagne pour 100 euros la journée, alors que tu peux le faire pour moins 10 euros avec un ami.
De bonnes adresses à nous conseiller ?
Dans la capitale, il n’y a pas beaucoup de choses à faire, alors on partait souvent en vadrouille pendant les week-ends. Mais je peux quand même conseiller d’aller au Mall San Pedro pour le shopping et au mercado central, un marché local, de nourriture et objets locaux. Pour faire la fête, il y la rue de la soif (« la cali ») et deux boîtes énormes à San José : Antik et La Cancha.
Quels conseils aurais-tu à donner pour partir étudier un an dans un pays étranger ?
Je conseille de parler avec les étudiants qui sont déjà partis à San José, pour avoir le maximum d’informations. C’est aussi important de ne pas faire une colocation qu’avec des personnes de Sciences Po, pour vraiment s’incorporer dans la vie locale.
En conclusion : pourquoi partir au Costa Rica ?
Partir au Costa Rica est très intéressant si on est intéressé par les enjeux environnementaux, je le conseille vraiment pour les personne voulant faire le master développement durable. C’est l’un des pays les plus verts du monde, avec 6 % de la faune et flore mondiale pour 0,03 % des terres émergées. De plus, l’article 50 de la Constitution garantit la protection de l’environnement. Le Costa Rica est d’ailleurs le leader de l’écotourisme mondial. C’est aussi l’un des pays les plus égalitaires en Amérique latine, et premier à légaliser le mariage homosexuel. Enfin, le pays m’a évidemment séduit par son ambiance latino et caraïbéenne, avec un climat très agréable et un apprentissage facilité de l’espagnol. Je finis ce carnet par une expression que tout le monde utilise au Costa Rica : « pura vida », qui veut dire merci, au revoir, à bientôt, de rien, tout va bien,… qui veut tout dire !
Propos recueillis par Enora Paniez