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Retour sur la projection de l’épisode 1 du Women Sense Tour

Le mardi 8 mars, à l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes, les associations BCBG, Lallab, Maidan et Mela’Lille ont organisé une projection du premier épisode de la série documentaire Women Sense Tour in Muslim Countries.

Au début du documentaire, l’une des deux réalisatrices, Sarah Zouak, explique sa démarche. Française, marocaine et musulmane, elle dit avoir souvent eu l’impression de devoir nier une partie de son identité pour avoir une place légitime au sein de la société française. Les gens s’étonnaient de la voir épanouie et intégrée, comme si la religion était un obstacle à son émancipation. Cependant, elle savait que ce n’était pas incompatible. Elle a donc voulu donner la parole à celles qui allient leur engagement pour l’émancipation des femmes et leur foi. Pendant 5 mois, les réalisatrices du documentaire, Sarah Zouak et Justine Devillaine, voyagent au Maroc, en Tunisie en Turquie, en Indonésie et en Iran pour rencontrer 25 femmes musulmanes actrices du changement.

Ce premier épisode nous invite à suivre les pas de Sarah Zouak au Maroc, où elle va à la rencontre de femmes musulmanes de différentes générations. Chacune parle de ses engagements, de son rapport à la société, à la religion et au féminisme.

A Casablanca, nous rencontrons Aicha Ech-Chenna, mère de 4 enfants et grand-mère. Elle est la fondatrice et présidente de lassociation Solidarité Féminine au Maroc. Elle explique avoir grandi dans un islam ouvert qui ne juge pas les autres. Aujourd’hui, elle lutte pour la défense des droits des enfants nés hors mariage. Son association propose un programme de formation pour les mères célibataires qui peuvent laisser leurs enfants à la crèche afin de bénéficier de la formation pendant la journée. D’après Aicha, le fait que les mères soient stigmatisées, sexplique par les mauvaises interprétations des textes sacrés. « Si on lit de façon positive les textes coraniques, on ne doit pas rejeter les mères célibataires, ni leurs enfants nés hors mariages », explique-t-elle.

Ensuite, nous rencontrons Nora Belahcen Fitzgerald à Marrakech, fondatrice de lassociation Amal pour les arts culinaires qui aide les femmes en situation de précarité à acquérir de l’expérience professionnelle en les formant à la cuisine. « Amal » signifie « espoir » en arabe, un espoir que Nora veut redonner à ces femmes veuves, mères célibataires ou victimes de violences. Pour la plupart analphabètes, elles n’ont pas reçu d’éducation. Les moments qu’elles passent dans le restaurant solidaire sont alors très importants pour ces femmes car en plus de leurs échanges avec les clients, elles sont fières de transmettre leur culture et leur savoir-faire.

Puis, à Meknès, nous rencontrons Maha Laziri. Âgée de 25 ans, elle est co-fondatrice et présidente de lassociation Teach4Morroco dont la mission est de contribuer à fournir une éducation de qualité pour tous et dapporter des solutions aux défis auxquels sont confrontés les élèves en milieu rural et dans les zones marginalisées.

Enfin, nous rencontrons à Tafraout Khadija Elharim, la première fondatrice dune coopérative féminine d’argan dans la région, permettant aux femmes de vivre de leur travail. Khadija est divorcée, ce qui est encoure tabou pour les femmes rurales marocaines. Elle éduque seule ses cinq filles et les pousse à étudier pour devenir des femmes indépendantes.

Voilà un aperçu des portraits de ces femmes mises en lumière dans ce documentaire. Ces femmes inspirantes, courageuses et engagées sont actrices du changement de la société et essaient d’y faire advenir plus d’égalité et de justice. Loin des clichés habituels sur les femmes musulmanes, ce documentaire porte un message de tolérance et d’ouverture. A l’heure d’une campagne présidentielle où les candidats agitent et banalisent le débat sur la question identitaire notamment dans les médias et où il s’agit toujours des mêmes personnes qui s’expriment sur le sujet, ce documentaire nous permet d’écouter ce que les femmes musulmanes ont à dire. Nous les voyons épanouies et solidaires, elles qui expliquent qu’il faut cesser de les essentialiser et de les voir à travers l’unique prisme de leur religion. Leurs identités sont multiples et chacune choisit son propre chemin d’émancipation. Afin de lutter contre les stéréotypes, elles affirment que chaque personne vit différemment sa foi et insistent sur la nécessité de porter un regard plus nuancé de manière générale.

D’autres épisodes sur la Tunisie, la Turquie, l’Iran et l’Indonésie sont en cours de préparation et les réalisatrices espèrent permettre au plus grand nombre de s’inspirer de ces portraits de femmes musulmanes pour déconstruire peu à peu les clichés qui existent et pèsent sur elles aujourd’hui.

Marie-Sarah Kaci