Why not ?
Après une deuxième année intense, la 3A rimait pour moi avec tranquillité. L’objectif était de s’éloigner de la France, d’expérimenter un nouveau de vie et surtout d’avoir un rythme de cours qui me permettrait de prendre le temps de faire toutes les choses que j’avais mise de côté à Lille tout en préparant sereinement mon second semestre.
Comme retour d’expérience, on m’a dit : « J’ai jamais été aussi heureuse depuis longtemps ». Ni une, ni deux, j’ai signé.Le second semestre fut le temps de l’oubli. Puis vient l’été, et le moment de se préparer. Ce départ a été davantage la prochaine étape de mon parcours plus qu’un moment d’impatience.Après un départ en voiture, un trajet de ferry et deux semaines à découvrir la côte ouest de ce beau pays qu’est la Suède, j’ai enfin posé mes valises à Göteborg.
Une ville stratégique
Göteborg est la deuxième plus grosse ville de Suède avec ses 600.000 habitants (plus d’1 million au niveau de la métropole). Elle se situe sur la côte sud-ouest de la Suède, en face de Stockholm et au niveau de la pointe du Danemark. Sa localisation stratégique dans les pays nordiques (à quelques heures de Stockholm, Copenhague et Oslo) ainsi que sa proximité avec la mer et la nature m’ont tout de suite attiré. De plus, je ne souhaitais pas me retrouver emmitouflée de la tête au pied dès octobre et vivre 22h/24h dans le noir l’hiver. J’étais donc prête à accepter ses 5h de jour en décembre-janvier (ça reste peu mais plutôt pas mal lorsque vous êtes en Suède) et ses températures minimales qui descendent entre 0 et -5. Deux mois dans ces conditions c’était jouable.
GBG: Un havre de paix dynamique
Göteborg, ou Gbg pour les intimes, vous surprendra par son calme, son accessibilité malgré sa taille, son harmonie avec la nature et son rythme de vie.
La sérénité
Malgré son rang de deuxième plus grosse ville de Suède, la vie ici est plutôt tranquille. Loin de vous ces images de ville surpeuplée où tout le monde s’agite et où la foule vous oppresse dans toutes les rues et vous empêche de vous relaxer.
À partir du moment où vous sortez de Brunnsparken, vous pourrez admirer tranquillement l’architecture, respirer à plein nez l’air frais et avec un peu de chance apercevoir un lapin. Ne soyez pas surpris non plus si un taxi s’arrête pour vous laisser traverser la rue. Ici, le bien-être vaut plus que la performance.
Une grande ville qui reste néanmoins familière et accessible
Après quelques balades et explorations, vous aurez rapidement une carte mentale de la ville et réaliserez la proximité des différents lieux stratégiques. En effet, même si Göteborg paraît grande aux premiers abords, une fois dans le centre, tout est plus ou moins faisable à pied. Dans le cas contraire, vous aurez toujours le réseau de bus et tram à votre disposition. Un gros coup de coeur pour Västtraffik (malgré son prix excessif…mais pas de panique, l’achat d’un ticket n’est pas toujours impératif), qui dessert très bien la métropole mais également la région entière. On apprécie tout particulièrement le 24h/24 les vendredi et samedi soirs.
‘Back to nature’ : le credo suédois
Slottskogen, Kungsparken, Vasaparken, Redbergsparken sont autant de parcs dans lesquels il est possible de venir se ressourcer.
Mon préféré : le Botaniska Trädgård. Situé au sud-ouest de la ville, vous pourrez observer un bassin de poissons koïs à peine arrivé. Ne vous arrêtez pas là et allez prendre de la hauteur en gravissant la petite montée qui se trouvera sur votre droite au détour d’un chemin. Perché sur de larges pierres, un tableau de la ville encadré par deux sapins s’offrira à vous (si le brouillard ne vient pas jouer le trouble-fête). Rien de plus apaisant à mon goût. Et la magie veut qu’à peine la tête tournée, la nature reprenne ses droits.
Ici, la nature est respectée et appartient à tout le monde. Et un philosophe français n’y est pas étranger! Si nous connaissons Rousseau pour sa théorie du contrat social, c’est pour son idée de ‘retourner à la nature’ qu’il est célèbre en Suède.
L’autre point positif de la ville, c’est sa soutenabilité ! Göteborg s’est imposé comme leader mondial dans le domaine depuis trois ans.
Si cela n’est pas visible au premier coup d’oeil, vous apprécierez sa bonne qualité de l’air, ses nombreux second-hand shops ou encore son système de tri bien plus exhaustif qu’en France. Son recours à l’électricité dans la quasi-majorité de ses besoins énergétique contribuera également à réduire la pollution sonore, même si parfois vous pourrez être quelque peu contrarié par leurs éclairages inutiles.
Enfin, retenez la ligne de tram suivante : « Saltholmen ».
Lorsque l’envie d’espace vous prendra, elle vous déposera au terminal de ferrys, direction l’archipelago! Rien de plus reposant que de se balader dans une des réserves naturelles, de se baigner ou encore d’apprécier les maisons traditionnelles et l’absence de voitures sur l’une des différentes îles qui le compose. Et si vous avez un petit creux en été, vous aurez peut-être la chance de trouver quelques mûres ou pommes sur votre chemin.
Amoureux de nature, vous ne regretterez pas le voyage !
Les suédois : vraiment froids ?
De ce point de vue, je crois avoir eu de la chance. Bien entendu, vous rencontrerez et vous amuserez davantage avec des internationaux que des locaux. Cependant, les suédois pourraient attiser votre curiosité.
Construire des liens d’amitié avec eux peut s’avérer difficile, mais armez-vous de patience car le temps sera votre plus grand allié dans cette quête. Néanmoins, au moindre problème ou besoin, vous pourrez compter sur eux pour vous dépanner et vous orienter. Et ne craignez pas d’être jugés ou de vous disputer avec eux, car cela ne semble pas faire partie de leur langage.
Ils se pourraient même qu’ils commencent à discuter avec vous dans un magasin, un café ou dans les transports.
Les prix pourront cependant vous refroidir… mais malgré ça, vous ne pourrez refuser un fika. Un petit creux ou simplement une envie de discuter et c’est direction le premier café pour prendre une boisson chaude accompagnée d’une petite gourmandise. Ce ne sont peut-être pas les rois de la gastronomie, mais comment ne pas craquer pour leurs chokladbollar, kannel- ou kardammonbullar, morotskaka et j’en passe.
À jamais conquise
Donc voilà, après trois mois, cette atmosphère bienveillante et reposante m’a plus que conquise.
Au début, je me disais qu’un semestre serait largement suffisant. Et puis j’ai pris mon petit rythme de vie. J’ai recommencé à nager et à prendre le temps d’apprécier la tranquillité sans culpabiliser. Je me suis même mis à la danse !! Une activité que je ne risque pas de lâcher.
Au fil des semaines, j’ai aussi tissé des amitiés et construit des souvenirs qui resteront à vie. Bref, j’ai trouvé un mode de vie qui me convient.
Mais ne vous y méprenez pas ! Göteborg bouge ! Festivals, concerts, soirées, traditions, événements sportifs sont également au rendez-vous tout au long de l’année ! Au plus grand des hasards, j’ai donc eu la chance de voir Cornelia Jakobs ou encore Isak Danielson lors de l’annuel festival Kulturnatta.
Amoureux de Noël ? Vous ne serez pas déçus ! Dès la fin du mois d’octobre, les lumières viendront progressivement s’installer dans les rues et la période de l’Avent sera accompagnée de nombreuses traditions et de petits marchés de Noël. Et avec un peu de chance, vous aurez même le droit à la neige. Göteborg n’est pas spécialiste en la matière mais de temps à autre elle revêt également son manteau blanc.
3A : une parenthèse ?
Avez-vous entendu parlé de la bulle 3A? D’une parenthèse durant laquelle il faut vivre à fond, multiplier les expériences et ne rien regretter parce que ça ne dure qu’un an?
Alors oui, c’est une année spéciale. Personnellement, j’ai commencé à prendre mes marques et inconsciemment à me projeter dans ce pays, dans cette ville aux milles possibilités. Mon rêve était de partir en Amérique latine et j’ai choisi d’aller en Suède, à Göteborg. Je changerais peut-être une chose si je devais refaire mon choix.
J’y resterai plus longtemps.
Et quand j’y repense, je sais que si j’avais signé pour une académique, je n’aurai jamais mis les pieds ici. La vie fait parfois bien les choses. Je suis finalement au bon endroit, au bon moment. Cette parenthèse aura finalement été davantage une découverte au bout de laquelle je laisserai une petite partie de moi-même… que je reviendrai peut-être récupérer dans quelques années.
Le mot de la fin
Pour conclure, Göteborg est une métropole où il fait bon vivre ; où la chaleur de la ville compense la fraîcheur de l’hiver ; où la beauté des paysages et la présence de la nature deviendront le premier remède à vos problèmes ; et où le temps ralenti pour vous donner la possibilité de penser à vous, ce que vous aimez, et où vous voulez aller.
Je vous laisse avec cette dernière image, qui j’espère vous donnera l’envie de venir découvrir d’un peu plus près cette cité et sa région que ce soit pour un an, six mois ou même quelques jours de vacances.
Hej då !
Judith Deck-Schegg