Un an. Voici déjà un an que Donald Trump est arrivé au pouvoir. Pouvoir qu’il a acquis par un savant mélange d’acuité et de calculs politiques, qui ont permis au maître du « You are fired » de prononcer cette célèbre phrase à un directeur du FBI trop fouineur.
Tout comme la campagne, l’administration Trump a pendant ses douze premiers mois été agitée par de multiples scandales. Ces débuts houleux ont notamment ravivé la flamme des late night show hosts, qui étaient devenus plus passifs sous Obama. Face à l’accumulation des fake news et des ratés aisément moqués des premiers pas peu assurés du président, cette forme d’information a repris tout son panache.
Mais l’élection Trump est aussi celle qui coïncide avec la fin d’un clivage Démocrates/Républicains jusqu’alors profondément ancré dans la culture américaine. Les deux partis principaux se trouvent ébranlés par la montée imprévue de Sanders d’un côté et de Trump de l’autre. Ces candidats sur qui personne ne voulait parier au début de la campagne ont plus que montré leurs preuves, un de ces candidats « hors système » l’emportant il y a tout juste un an.
Trump, témoin d’un ébranlement politique en Amérique du Nord
Trump, à travers ses paroles chocs, ses actes maladroits voire peu diplomatiques, et tout simplement par sa victoire contestée de par sa défaite populaire et les liens de plus en plus évident qu’elle porte avec la Russie, est aussi le témoin d’un ébranlement politique en Amérique du Nord. Cet éveil s’avère être synonyme d’un fort renouvellement de l’American dream, d’un sentiment populiste, nationaliste, ou plus simplement alimenter par un espoir déchu des classes qui ne profiteront même pas des politiques de cette administration.
L’accumulation des menaces d’impeachment, les remous qui secouent les politiques que l’administration essaie de faire voter, le nombre croissant d’employés quittant la Maison Blanche… Ces échecs successifs ont contribué à des contestations de plus en plus véhémentes à l’égard du 45ème président des Etats-Unis. Quatre classes majeures s’opposent le plus durement à ses politiques.
L’administration Trump, mal-aimée des américains ?
En effet, Trump a tout d’abord dû faire face à d’immenses manifestations dès le jour de son inauguration. Ces larges rassemblements populaires ont eu une véritable portée nationale, au sein d’un pays pourtant peu habitué à fouler le trottoir pour manifester son mécontentement. Des millions de personnes se sont réunis pour protester contre cette cérémonie d’inauguration, scandant « He’s not my president », ou en cherchant à défendre les droits des femmes lors de la Women’s March, après des accusations sexistes envers le président.
La presse joue également un rôle clé dans la perception de l’administration Trump. Le contenu des chaînes d’informations s’oppose drastiquement en fonction de leur idées politiques. La presse a d’ailleurs parfois bien du mal à traiter les faits et gestes des nouveaux occupants de la Maison Blanche, et doivent démêler le vrai du faux entre fake news, tweets souvent ahurissants et déclarations publiques réfutées par la suite malgré des preuves concrètes. Trump est le maître du clash et du scandale, et la presse a dû apprendre à s’habituer à ce nouveau style de leadership.
Des adversaires politiques qui répondent présent
Au cours des six derniers mois, le nouveau locataire du Bureau Ovale a également dû faire face à ses opposants politiques. Ces derniers ont tout fait pour limiter l’action du président, et ce avec succès. Le peu de mesure que l’administration a réussi à engager est rapidement morte dans l’embryon. En effet, des mesures fermes tels que le travel ban, l’abrogation de l’Obamacare ou le retrait des importants accords de Paris sur le climat ont suscité une réaction violente, et des actions ont été menées par plusieurs corps sociaux pour les supprimer. Le travel ban a été levé (légalement) par la justice fédérale, des communautés urbaines ou rurales ont créé d’autres politiques environnementales… Cette mobilisation populaire montre bien que le vote populaire, en faveur de Clinton, campe sur ses positions et s’opposera au pouvoir fédéral s’il l’estime nécessaire. On voit bien que la working class blanche reste également circonspecte.
Enfin, et certes dans une moindre mesure, Trump doit faire face à son propre parti. Il a déjà eu des difficultés à faire passer des lois alors qu’il contrôle le Congrès. Alors même qu’ils sont censés être sur la même ligne, on peut parfois sentir des discordances entre Trump et les employés même de la Maison Blanche.
L’heure du bilan
En un an, le nouveau leader of the free world a essayé, avec un succès mitigé, de faire entrer en vigueur certaines de ces promesses de campagne. Cependant, l’opposition ne faiblit pas et des contestations commencent à se faire entendre au sein même des Républicains. En outre, les accusations de liens avec la Russie laissaient planer des menaces d’impeachment avant même les premiers 12 mois de l’administration. L’enquête de Mueller est encore en cours, mais l’étau semble se resserrer juste à temps pour la célébration du premier anniversaire d’une victoire plus que contestée. Il faudra donc attendre les élections de « mid-terms » pour voir si la tendance se confirme, et si l’enquête sur la présumée ingérence russe s’avère vraie.
Gwendoline MOREL
Photographie : NY Mag- Republican presidential candidate Donald Trump speaks at a rally on October 18, 2016, in Grand Junction, Colorado. Photo: George Frey/Getty Images